Avant cet été, les supporters marseillais qui connaissaient l'existence de Doyen Sport se comptaient sur les doigts d'une seule main. Désormais, pas un n'ignore l'existence du fonds d'investissement. Les a priori sont d'ailleurs négatifs. Ce n'est pas un hasard si les achats de dernière minute du mercato, Rolando et De Ceglie, ont été immédiatement pris en grippe par le public phocéen. Le niveau n'est pas celui espéré pour des joueurs de l'OM, évidemment, mais il y a aussi cette étiquette DS dérangeante, car elle remet en cause chaque choix de l'entraîneur, lui aussi arrivé à l'OM grâce à un coup de fil de Nelio Lucas, le boss de Doyen, à Vincent Labrune. Quand les deux joueurs sont alignés pour le match le plus médiatisé du championnat au Parc des Princes, c'est assurément un coup du fonds d'investissement, qui a fait pression sur l'entraîneur pour tenter de mettre en valeur ses actifs. Quand Michel écarte Rolando pour les dernières rencontres de championnat, c'est uniquement pour calmer la foule. Tous les faits et gestes, même à l'entraînement, sont interprétés, surinterprétés. Ce qui a le don d'exaspérer la direction olympienne. Dans la presse, le puissant agent portugais s'était défendu : il n'est là que pour faciliter le travail du président de l'OM, notamment sur le marché des transferts, avec un puissant carnet d'adresses. Et il avait alors insisté, pas un de ses joueurs n'était sous contrat avec l'OM pour qu'il n'y ait pas de conflit d'intérêts. Si ça se trouve, il a raison, et le problème avec Doyen Sport se situe peut-être ailleurs.
Car cet été, Vincent Labrune a aussi eu recours à Nelio Lucas et son entreprise pour d'autres opérations. La vente de Giannelli Imbula notamment. Au départ, tout était calé avec Valence. Mais Jorge Mendes, l'autre puissant agent portugais, y a placé un autre joueur, quitte à provoquer une révolution de palais dans le club Ché. Le milieu acheté en 2013 à Guingamp devait alors prendre la route de l'Inter Milan. Mais à nouveau il a été barré par un joueur détenu par un fonds d'investissement. Il signe finalement à Porto avec Doyen Sports, alors que l'OM n'était plus spécialement en position de force, pour un montant encore supérieur aux premières sommes évoquées. Imbula, qui n'a pas spécialement explosé à l'OM, a vu son prix quasiment tripler en deux saisons. Aujourd'hui, L'Equipe révèle que Doyen Sports s'est également occupé du transfert de Mario Lemina. Un joueur qui n'a jamais été titulaire à Marseille en deux saisons mais qui sera donc prêté au finaliste de la Ligue des champions, avec une option d'achat deux fois plus importante que le montant qui avait été déboursé pour l'arracher à Lorient. S'il signe dans les toutes dernières minutes du mercato dans le Piémont, c'est parce que les dirigeants turinois voulaient d'abord recruter un milieu offensif, qui sera Hernanes de l'Inter Milan. Ils ont été clairs dès le départ, il était hors de question de ne signer "que" Lemina, de peur de se prendre la foudre des supporters après un début de saison raté. De quoi penser que la Juve a rendu service sur le coup à l'OM. Merci Doyen Sports ?
Forcément, le cas inquiète. Car Nelio Lucas n'a pas passé son enfance avec un maillot Panasonic sur les épaules, il y a forcément une contrepartie. Comme un pourcentage du montant récupéré lors de ces ventes par exemple, ce qui serait tout sauf illogique, tant l'OM n'a jamais réussi à vendre à ce prix-là par le passé. Mais alors, en tant que supporter, il faut changer ses habitudes. Arrêter de regarder le montant des ventes en espérant qu'une partie va se retrouver sur le marché des transferts pour renforcer l'effectif olympien. Désormais les montants des transferts ne veulent rien dire, le cas de Mangala est là pour en attester. D'ailleurs, Monaco a officiellement encaissé des sommes records sur le marché avec les ventes de James Rodriguez, Kondogbia, Ferreira-Carrasco, Abdennour, Kurzawa ou encore Martial. Ce n'est pas pour autant que l'ASM va casser sa tirelire au mercato, l'argent est allé ailleurs. Pour les supporters donc, il ne reste qu'un point de repère : la qualité de l'effectif, d'une saison sur l'autre...