Comme prévu, le grand espoir olympien a mis les voiles. Mais, à toute chose, malheur est bon...
À peine arrivé, déjà parti. Isaac Lihadji nous aura fait frissonner le temps de quelques dribbles chaloupés dans son couloir droit. Un peu en matches amicaux, beaucoup moins en Ligue 1 (23 minutes), et principalement sur Youtube, devenu ces dernières années le meilleur agent des "pépites" qui affolent désormais les supporters/scouts que nous sommes devenus. Dommage, car l'histoire était belle, très belle même. Avec le minot du Parc Kalliste, dans les quartiers Nord de Marseille, l'OM tenait enfin l'attaquant qui échappait de depuis si longtemps à son centre de formation. Des décennies, à vrai dire, car il faut reconnaitre que la pépinière olympienne n'a jamais trouvé le mode d'emploi dans ce secteur. Marc Pascal il y a 40 ans, Marc Libbra il y a 30 ans... et c'est à peu près tout. Un constat sur lequel il faudrait se pencher d'ailleurs, mais ce n'est pas le sujet. Le sujet, c'est qu'Isaac Lihadji a mis une carotte à l'OM, et que ça pique un peu.
Lille s'est forgé une image de révélateur de talents qui force le respect. En ce sens, Isaac a fait le bon choix, reconnaissons-le
Évidemment, le minot n'est pas seul responsable. Son entourage, et ses agents en premier lieu, l'ont bien aidé. L'OM aussi, qui n'a pas souhaité (ou pu) s'aligner sur la proposition lilloise. Elle n'était, d'ailleurs, pas si pharaonique que cela, quand on connait les chiffres désormais pratiqués sur les "prospects" dans le Big 5 européen. On ratisse large, on paye sachant pertinemment qu'il y aura du déchet, mais on compte sur celui qui confirmera pour couvrir les pertes. Des clubs comme Chelsea ou City possèdent des collections entières de pépites dans leurs placards, accumulées ces dernières années et prêtées un peu partout. À la fin du bal, une ou deux feront danser Stamford Bridge ou l'Etihad Stadium. Les cent autres finiront par gagner leur croute sur d'obscures pelouses bulgares ou danoises, cherchant l'improbable scout le long de la main courante qui les sortira de là. Ce ne sera pas le cas de Lihadji, qui n'a pas choisi cette voie, et heureusement. Soyons honnêtes, Lille et son génie portugais Luis Campos savent faire. Demandez à Pépé, Ikoné, Osimhen, Bamba, Leão, Koné, Mendes, Soumaré, Maignan... la liste est longue comme les deux bras. Tous sont partis, ou vont partir pour des tarifs XXL. À l'image de Salzbourg ou Leipzig, Lille s'est forgé une image de révélateur de talents qui force le respect. En ce sens, Isaac a fait le bon choix, reconnaissons-le. Mais, rester dans son club de coeur, couvé par André Villas-Boas et adoubé par un Vélodrome version Champions League était aussi un très bon choix. Tant pis pour lui et pour nous.
Marley a gagné son ticket à la force du poignet, séduisant son coach et ses coéquipiers par son envie et son travail
Mais, à toute chose malheur est bon. La nature ayant horreur du vide, le couloir déserté par Lihadji va s'ouvrir à un autre minot. Moins coté, moins dans la hype, mais pas forcément moins prometteur. Évidemment, Marley Aké (19 ans) n'a pas reçu les appels de Lille, Dortmund et les autres, ce qui facilite grandement la fidélité. Ce n'est pas plus mal, car avec un poil plus de temps de jeu que son compère du centre, le minot a réussi à tirer son épingle du jeu lors de la cruciale victoire à Lille, celle qui lui permettra sûrement de gouter à la Champions League avec son club la saison prochaine. Un peu moins précoce, certainement un peu moins doué, Marley a gagné son ticket à la force du poignet, séduisant son coach et ses coéquipiers par son envie et son travail. On ne sait pas ce qu'il adviendra de lui, ni d'Isaac dans les années à venir. Mais on sait déjà que l'OM compte avec Marley un minot prêt à en découdre pour faire son trou là où on lui a donné sa chance. Rien que pour ça, on lui souhaite d'aller très haut. À Isaac aussi, d'ailleurs. Sans rancune !