Jordan Ayew vient de s'engager avec Lorient. Il n'aura donc pas explosé à l'OM comme prévu. Retour sur ses cinq années contrastées au club.
Attaquant formé à l'OM, pétri de talent, Jordan Ayew n'aura pas réussi à Marseille. 28 buts et 9 passes décisives, c'est trop peu pour le potentiel de ce buteur. Reste à savoir si le club est passé à côté d'un grand joueur ou si le Ghanéen est à ranger au rayon des fausses promesses. En attendant, retour sur son parcours olympien en 10 dates.
16 décembre 2009 - Un but pour commencer à... Lorient
Lorsque Lorient ouvre le score au Moustoir sous une pluie diluvienne, Didier Deschamps grimace et se dit que les fêtes de fin d'année vont être dures, alors que l'OM vient de sortir de la Ligue des champions et que Bordeaux caracole en tête du championnat. À l'heure de jeu, il sort Morientes, une nouvelle fois transparent, pour... Jordan Ayew, le cadet d'André. Cinq minutes plus tard, le jeune attaquant reprend victorieusement un centre dans la boîte du plat du pied. Il est heureux comme tout, avec son maillot trop grand.
11 mars 2011 - Des larmes pour une passe décisive
Entré à 20 minutes de la fin, dans un match à Rennes qui fait suite à la défaite de l'OM contre Lille au Vélodrome, Jordan offre un caviar à Lucho pour sécuriser la victoire. Sur le coup, les larmes coulent sur son visage, et toute la France a envie de le consoler. Mais à la fin de la rencontre, la coquille se referme. "C'est personnel, j'ai eu une semaine difficile, j'ai mes raisons" lâche-t-il, peut-être par timidité. Une grande partie du public prend cela pour de l'arrogance. Le début de l'incompréhension.
27 avril 2011 - Le Ayew show
Une victoire 4-2 contre Nice en fin de saison, en plein soleil, dans un Vélodrome encore plein, sans travaux. Un pur plaisir. Et quatre buts phocéens signés de la fratrie Ayew. Triplé pour le frère aîné, positionné en pointe, et but et passe décisive pour Jordan. Un festival qui amène Patrick Bosso à déclarer à la fin du match : "Pour le recrutement c'est simple, on va mettre la femme d'Abedi Pelé en couveuse, et lui demander un joueur par an. C'est pas compliqué non ?"
28 septembre 2011 - André qui rit, Jordan qui pleure
Pour cette troisième saison avec Deschamps, les moyens mis à disposition ne sont plus les mêmes. Ce doit donc être une chance donc pour Jordan Ayew d'entrer pour de bon dans la rotation de l'effectif, d'autant qu'André-Pierre Gignac n'arrive pas à se sortir de sa pubalgie. Mais si le jeune attaquant a envie de bien faire, il n'y arrive pas, s'agace, et agace. Symbole, son entrée à 20 minutes de la fin contre Dortmund en Ligue des champions. Alors que son frère se transcende pour inscrire un doublé, Jordan s'illustre en se faisant expulser avant la fin de la rencontre, pour deux avertissements évitables.
25 octobre 2011 - Le chef-d'oeuvre
Dès lors, dans la tête du coach, Jordan n'est qu'une solution de repli, comme Gignac. Ils sont alignés tous deux en coupe de la Ligue, contre Lens. L'occasion pour le Ghanéen d'inscrire un but splendide, mêlant course de balle tonique et frappe puissante. Il sera élu plus beau but de la compétition, que l'OM remportera contre Lyon en prolongations. Il sera de nouveau aligné avec Gignac en pointe en fin de saison, lorsque l'OM se laissera couler en championnat jusqu'à la dixième place.
4 septembre 2012 - Départ avorté à Nice
Dès le stage de pré-saison à Divonne-les-Bains, Jordan Ayew annonce la couleur : c'est peut-être la saison du renouveau avec Élie Baup, mais ça doit être pour lui son premier exercice complet. Il n'entend pas jouer les seconds rôles. Le dernier jour du mercato, il est sur le point de rejoindre Nice, où Claude Puel veut en faire son avant-centre depuis sa prise de fonction en mai sur la Côte. Foued Kadir, appelé à le remplacer au pied levé dans l'effectif phocéen, quitte même la sélection algérienne pour Marseille, au cas où. Mais le transfert ne se fait pas. Nice, dans un premier temps d'accord pour un prêt payant, se rétracte dans la soirée. Certains dirigeants suspectent Julien Fournier, l'ancien directeur administratif du club, d'avoir fait volontairement capoter l'affaire.
25 novembre 2012 - Le match plein en pointe
Jordan reste donc au club, et commence la saison dans le couloir droit, puis le gauche. La blessure de Gignac à Troyes lui donne l'opportunité de jouer au poste d'avant-centre, d'autant que Loïc Rémy n'y est plus. Le numéro 8 saisit sa chance, étant le meilleur olympien sur le mois de novembre. Dans un match au sommet contre un autre prétendant au podium, Lille, il marque l'unique but de la rencontre de la tête, sortant un gros match seul devant. Il s'illustre aussi en s'expliquant de manière plutôt vive avec Lucas Digne, ce qui ne manque pas de faire débat à la télévision.
10 février 2013 - 74 secondes chrono
Le retour de Gignac, mais aussi le recrutement de Kadir et Sougou au mercato, n'aide pas vraiment Jordan à poursuivre sur sa lancée pour la deuxième partie de saison. S'il marque à Rennes fin janvier, il se met surtout à la faute lors d'un déplacement à Evian. Alors que Baup le fait rentrer à 20 minutes de la fin, le numéro 8 ne trouve rien de mieux que de se prendre deux avertissements en 74 secondes. Les réseaux sociaux et les forums se déchaînent. Jordan récidive quelques jours plus tard au Parc en s'expliquant en plein match avec Zlatan et David Beckham.
1er septembre 2013 - Départ avorté pour Bastia
Un an après son départ pour Nice, Jordan revit un peu le même scénario pour la fin du mercato marseillais. Alors que son frère discute avec Newcastle et l'OM pour un départ, lui a l'opportunité de signer à Bastia, qui le veut en prêt. Si le club marseillais a besoin du club corse pour finaliser la signature de Florian Thauvin (des bonus devant être rétrocédés au Sporting), Jordan ne bouge pas. Même si les dirigeants ont recruté Saber Khalifa pour le remplacer, ils hésitent à le voir briller ailleurs. Du coup, les insulaires se tournent vers d'autres pistes (Boudebouz, Krasic).
22 décembre 2013 - Dernier match, derniers sifflets
Comme un symbole, il rentre une nouvelle fois à 20 minutes de la fin. Sur une action, il porte trop la balle, récoltant de puissants sifflets des quatre coins du stade. Le joueur s'arrête alors une fraction de seconde pour contempler le spectacle. Il est las de se battre contre des dirigeants, et donc aussi des supporters, qui doutent sans cesse de lui. Son prêt à Sochaux est alors déjà dans les tuyaux. Il fait alors en sorte que la transaction se finalise au plus vite, pour passer à autre chose. Il sait que l'OM, il n'y arrivera plus.