C'est le risque quand on dispute l'Europa League. Le fameux enchaînement des matchs le jeudi et le dimanche, tant redouté par les entraîneurs franchouillards. L'OM a promis de ne pas s'en servir d'excuse, assurant qu'il est possible de concilier les deux avec une gestion intelligente. Pour le premier cas de figure présenté, Garcia prouve que cela vaut pour l'effectif (avec deux changements dans le onze) mais aussi pour la rencontre. C'était prévisible, après une première période où il y a eu tout de même de bonnes intentions, l'OM a baissé le pied en seconde pour donner au final un match qui ne restera pas dans les annales. Pas vraiment grave, car l'objectif de la semaine est ailleurs. Il fallait certes se qualifier mais aussi prendre les trois points contre Dijon dimanche. Avec ce match en Belgique, l'OM s'est mis dans les meilleures dispositions pour cela et c'est là le principal.
Lorsqu'on se penche sur le jeu de l'équipe de Rudi Garcia, il y a quand même de quoi être optimiste. Le technicien insiste avec ses principes de jeu, et si l'on regarde bien, il n'y en a peut-être que deux à sa place qui en ont eu autant sur les dix dernières années. Les latéraux jouent très haut, un des deux milieux récupérateurs presse comme s'il était deuxième attaquant et puis il y a Luiz Gustavo pour donner le tempo, orienter d'un côté, de l'autre, tout en laissant du champ à Sanson, Payet et Lopez pour briller dans les passes courtes comme ils savent le faire. Comme on est au début du mois d'août, on ne peut être qu'au stade de la promesse. Oui, cette équipe a suffisamment de ballon pour nous faire passer de belles soirées au Vélodrome. Mais il ne faut pas occulter une chose : cela ne concerne pas les onze joueurs alignés et les plus faibles peuvent rapidement foutre en l'air ce sympathique projet. Ca ne serait pas une première dans l'histoire du football. Les moitiés d'équipe laissent rarement un grand souvenir. Et l'OM en est à ce stade car il y a 4 voire 5 joueurs à changer pour que le "patte Garcia" ait vraiment de la gueule.
A gauche, Tomas Hubocan a une nouvelle fois montré tout son professionnalisme. Et si on peut être admiratif d'un Rudi Garcia offensif qui demande au Slovaque de forcer sa nature et de monter haut, très haut, il faut tout de même reconnaître que le défenseur n'a absolument pas la technique pour combiner avec les autres joueurs. Sur ces phases-là, l'OM est clairement en infériorité numérique. En défense centrale, si Adil Rami montre déjà qu'il sait jouer au patron et qu'il est bien meilleur relanceur que ses détracteurs ont bien voulu le dire, Rolando à ses côtés n'arrive pas à ressortir un ballon propre. Handicapant pour une équipe qui aspire à repartir de derrière. Au milieu de terrain, Maxime Lopez et Morgan Sanson peuvent mieux faire. Dans les séquences offensives mais aussi dans les duels. Le constat est le même qu'à l'aller, les occasions les plus dangereuses concédées par l'OM naissent dans leur zone. Sur les côtés, Lucas Ocampos s'est battu comme un beau diable. Il est précieux avec sa faculté à gratter des ballons, à temporiser, et même désormais à combiner intelligemment avec ses partenaires. Mais son occasion sur le poteau le prouve, ce n'est pas un danger de but permanent pour l'adversaire. La saison étant longue, il faut un joueur capable de remplacer Thauvin et Payet sur ce plan-là. Comme il faut également un deuxième avant-centre car Germain ne peut pas jouer tout seul devant, cela fait donc 5 joueurs à recruter d'ici le 31 août alors que l'OM n'en a engagé que quatre depuis le début du mercato...
Bien évidemment, il est possible de faire des choses en interne. André-Franck Zambo Anguissa peut apporter la rage qu'il manque au milieu de terrain, Christopher Rocchia peut éclater sur le côté gauche dans une configuration de jeu faîte pour lui. Soyons fous, Garcia peut aussi lancer Boubacar Kamara derrière avec la même réussite que Maxime Lopez la saison dernière. Pourquoi pas. Mais par expérience, il peut y avoir une bonne surprise, pas cinq. Comme Rudi Garcia expliquait la semaine dernière qu'ils allaient se concentrer sur le recrutement d'un attaquant avant de voir s'il restait de "la monnaie sonnante et trébuchante" pour prendre un latéral, le compte est loin d'y être. C'est peut-être au coach de taper du poing sur la table, en interne, et de demander que l'enveloppe mercato prenne de l'épaisseur sous peine de vivre une saison trop loin des attentes. C'est peut-être à Andoni Zubizarreta de faire jouer son réseau pour recruter des joueurs en Liga pas forcément connu du grand public mais qui vont se révéler sous le maillot olympien. Evidemment, Jacques-Henri Eyraud devra garder la tête froide et ne pas céder aux "panic-buy". Mais eux trois, qui ont assuré pendant des mois préparer ce grand rendez-vous du mercato estival, savent qu'il n'y aura pas d'échappatoire. Certes, il y a encore du temps, mais l'horloge tourne. Et s'ils n'ont pas travaillé en amont, cela va vite se voir.
Retrouvez la réaction d'après-match de Dimitri Payet dans la vidéo qui se prononce sur le sujet.