Durand : "L'OM va devoir recruter malin, et c'est possible"
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 24/03/2020 à 01:00
L'ancien patron de la cellule de recrutement de l'OM évoque la crise actuelle et les perspectives de recrutement.
Alors que le football européen se voit confronté à une crise majeure due à la pandémie de coronavirus, on se pose la question du mercato à venir. Les plans vont forcément devoir être revus pour l'ensemble des clubs, et a fortiori pour le recrutement de l'OM cet été, compte tenu de sa situation économique déjà compliquée. Alors, comment s'organisent les clubs et les recruteurs pour faire face ? Le Phocéen a posé la question à l'ancien patron de la cellule recrutement de l'OM Jean-Philippe Durand, aujourd'hui conseiller en recrutement pour plusieurs clubs, notamment l'Eintracht Francfort en Bundesliga. Interview :
Comment se passent les journées d'un recruteur actuellement ?
Jean-Philippe Durand : "Je continue de travailler au quotidien, mais différemment bien sûr. Je visionne des matches sur mes bases de données et je suis certains joueurs. Je suis en contact avec eux et les clubs et les dossiers continuent, même si on sait que ça ne va pas bouger rapidement. Ça reste un travail d'ancticipation pour nous, même si les clubs sont actuellement dans le flou sportivement et économiquement".
Du coup, les plans initiaux sont complètement remis en cause ?
JPD : "Peut-être, mais cela amplifie encore plus notre travail. Il va falloir être capable de proposer des joueurs en fonction de cette nouvelle donne financière pour la saison prochaine. Des scénarios avaient été lancés depuis plusieurs mois, avec par exemple la vente d'un joueur à un club à un certain niveau de prix, et cette nouvelle situation peut tout changer. Y compris pour le club vendeur qui avait prévu d'acheter par la suite avec le produit de ce transfert. Si cet argent ne rentre pas, il faudra forcément changer son fusil d'épaule".
De quoi changer radicalement la donne en matière de transferts ?
JPD : "Oui, et ce n'est peut-être pas plus mal en terme de travail de recrutement. Les gens vont se rendre compte que l'on peut trouver des joueurs et renforcer son équipe sans dépenser les sommes folles que l'on voit depuis deux ou trois ans. Il y aura un avant et un après, c'est certain".
Les clubs vous demandent-ils déjà de réorienter vos recherches ?
JPD : "Le message des clubs aujourd'hui, c'est de dire qu'on ne sait pas où on va. Il faut envisager plusieurs scénarios : un où on a l'argent pour recruter, un autre où on en a un peu moins, et le dernier où on n'en a pas du tout. Ça a le mérite d'ouvrir encore plus notre champ de vision, et ça me rappelle la saison 2016-2017 où les dirigeants de l'OM nous avaient demandé de faire une équipe avec zéro euro. Il a fallu se creuser les méninges et aller plus loin que ce que l'on faisait d'habitude. On avait pris des joueurs gratuits comme Sakai et beaucoup de joueurs en prêts comme Gomis, Thauvin ou Vainqueur".
Les tarifs vont-ils forcément baisser ?
JPD : "C'est ce que j'imagine, en tout cas, car les clubs vont souffrir économiquement. C'est un peu différent en France car les droits TV vont fortement augmenter, mais les clubs français ne feront pas de folies".
À commencer par l'OM...
JPD : "Forcément, car on sait que l'OM se dirigeait déjà vers une intersaison compliquée, même sans la crise actuelle. Raison de plus pour chercher à recruter malin, et c'est possible".