Il est attaquant, trapu et colombien. Pas besoin d'aller plus loin, Carlos Bacca a le profil tant recherché à Marseille, celui qui transforme les maillots en petits pains pour les habitués du Vélodrome. Une star, du clinquant, avec de la grinta et un parfum d'Amérique du sud, de quoi enflammer le stade avec une simple présentation officielle. Au tout départ, le dossier était une piste parmi tant d'autres. Une idée. Dès le mois de février, lorsque les dirigeants olympiens ont fait fuiter par voie de presse leur envie de s'attacher les services d'un grand attaquant pour le mercato estival, son nom est apparu en toute logique en scrutant le marché européen. Sans Ligue des champions, l'OM n'allait de toute façon pas pouvoir arracher un Lukaku, un Belotti ou un Sergio Agüero, pour ne citer que ceux qui pouvaient éventuellement être transférables. Restaient quelques opportunités, en espérant que la concurrence ne vienne pas s'en mêler : André Silva, pépite portugaise, que Porto pouvait vendre pour renflouer ses caisses après une nouvelle saison sans titre. Anthony Modeste, qui cartonne alors en Bundesliga mais qui ne joue "que" pour Cologne, ou encore Paco Alcacer, en pleine crise de confiance à Barcelone. Et donc Carlos Bacca. Un attaquant qui était devant Gameiro dans la hiérarchie à Séville, qui est parti au Milan AC en 2015 pour 30 millions d'euros, mais qui n'a pas réussi à ramener le club lombard au sommet. Le secret espoir, c'était que les nouveaux investisseurs du club rossonero, qui ont mis près d'un an pour racheter le club, décident de frapper fort avec du clinquant devant. En s'offrant par exemple Pierre-Emerick Aubameyang, formé au club où son père était recruteur, en guise de cadeau de bienvenue, poussant ainsi l'attaquant colombien vers la sortie. Quelques mois plus tard, PEA est toujours à Dortmund, mais le plan a fonctionné : ce sont eux qui ont recruté André Silva, et ils seraient en passe de faire signer Nikola Kalinic de la Fiorentina. Bacca et son agent, qui n'auraient sûrement jamais su situer Marseille sur une carte sans cet épisode, sont finalement réceptifs. Selon nos informations, au tout début du mercato, la piste n'était pas jugée prioritaire par Rudi Garcia et Andoni Zubizarreta. Mais la donne a changé ces derniers jours.
Avec sa signature, les dirigeants olympiens sont conscients que l'impatience des supporters se calmerait net. Pas question pour autant de signer un nom pour signer un nom, un peu comme le PSG qui s'était pressé l'an dernier de recruter Jesé 25 millions d'euros au Real Madrid pour assurer l'après-Ibrahimovic. Un flop monumental, aujourd'hui même indésirable à Las Palmas. Bacca peut se prendre les pieds dans le tapis de la Ligue 1 ? Après tout, il sort de sa plus mauvaise saison européenne au Milan AC, qui a terminé 6e, en étant remplaçant une partie de la saison. Son bilan de 14 buts en 34 matchs pourrait souffrir de la comparaison avec Bafétimbi Gomis. Mais Yvan Le Mée faisait remarquer que les deux championnats n'étaient pas vraiment au même plan pour les attaquants sur le plateau du Mercatalk, comme vous pouvez le retrouver dans la vidéo : "14 buts en Italie, c'est 18, 20 buts en France. Regarez Ibrahimovic ou Cavani, quand ils étaient en Série A, ils ne marquaient pas 50 buts comme en Ligue 1. C'est un tueur, comme on n'en a pas eu depuis longtemps". Il faut aussi noter que le Colombien ne jouait pas dans une équipe où il y avait Thauvin, Sanson, Maxime Lopez ou Payet pour lui faire des passes. Pour l'agent de joueur, l'OM n'a presque que cette option pour attirer cet été un numéro 9 de standing européen : "Sur le marché, il n'y a pas 650 joueurs pour l'OM. Mandzukic c'est fini il a prolongé, André Silva a signé à Milan, dans la liste la plus prestigieuse en attaque, il n'y a peut-être plus que Carlos Bacca et Javier Hernandez. Mais Chicharito son salaire est important, et le Bayer a les moyens de le retenir. Il y a beaucoup de clubs intéressés, mais ça va être beaucoup plus cher. Ce n'est pas pour rien qu'aucun club n'est en contact sérieux avec lui". Avec Bacca, il y a donc l'OM. Mais pas que.
Séville, son ancien club, est aussi sur les rangs et propose plus au Milan. Mais l'état-major marseillais a fait une meilleure offre au joueur selon le journaliste italien Tancredi Palmeri. Le joueur, pour sa part, se sait en position de force dans son club qui a besoin de le voir faire place nette. C'est pourquoi il s'est fait un plaisir de rappeler dans une interview qu'il se voyait encore à Milan, précisant bien qu'il lui restait trois ans de contrat. Le joueur va être particulièrement attentif à la longueur du bail qui va lui être proposé. Comme dans le dossier Lucho en son temps, cela va être une histoire de gros sous, avec de nombreuses pattes à graisser pour parvenir à ses fins. Mais il suffit de se rappeler l'effervescence de la signature du "Commandante" pour se dire que le jeu en vaut peut-être la chandelle. Présent également sur le plateau du Mercatalk, Kid Francescoli résumait la situation en une phrase : "Tant que Carlos Bacca n'a pas signé ailleurs, on peut encore être patient et se dire que le mercato peut être une belle réussite".