Marcelo Bielsa en avait fait l'une des grosses surprises de la saison dernière en le lançant dans le grand bain un soir de décembre 2014 face à Monaco. Bilel Boutobba devenait, à 16 ans, 3 mois et 15 jours, le plus jeune joueur de l'histoire de l'OM en Ligue 1. Des débuts timides, pour ce frêle attaquant des U17 olympiens, face aux briscards monégasques comme Carvalho, Raggi, Abdennour ou encore Toulalan. Mais l'Argentin n'en démordait pas : ce dribbleur à l'accélération fulgurante, doté d'une très belle vision du jeu, était pour lui destiné à un grand avenir. Pas que pour Bielsa, d'ailleurs, puisque le sélectionneur français des U17 en a fait son fer de lance au dernier championnat d'Europe de la catégorie. Une compétition remportée haut la main par les bleuets, et survolée par un Boutobba étincelant.
Evidemment, la performance était supervisée par les recruteurs du monde entier, qui en ont, depuis, fait une cible. Il faut dire que la situation du gamin à l'OM le permet. En effet, Boutobba dispose d'un contrat d'aspirant au centre de formation, et il n'a pas signé professionnel, même si des discussions sont menées depuis un moment. C'est d'ailleurs certainement la raison pour laquelle le joueur a disparu des feuilles de match du groupe pro, lui qui y était abonné la saison dernière. Un paradoxe, quand on voit le mal qu'éprouve Michel actuellement pour trouver des joueurs valides sur le plan offensif, mais aussi les difficultés de Vincent Labrune à recruter un attaquant et un ailier lors de ce mercato. Mais, conscients du risque, les dirigeants olympiens ont bien pris soin de ne plus exposer Boutobba à la lumière de la Ligue 1 en attendant que sa situation soit réglée.
Une précaution bien inutile, car les données du garçon sont en bonne place dans le logiciel des recruteurs européens, et sa situation contractuelle aussi. D'après Estadio Deportivo, info confirmée par France Football cette semaine, c'est donc le FC Séville qui a dégainé le premier et qui tente d'accueillir la pépite, cet hiver ou l'été prochain, ce qui permettrait au club espagnol de ne pas se mettre à la faute en faisant signer un joueur mineur (il aura 18 ans fin août). Une info qui n'étonne pas le recruteur d'un club du Top 5 espagnol, interrogé par Le Phocéen : "Pour 400 000 euros d'indemnité, c'est une très bonne affaire, car on connaît bien le garçon. Nous, on ne l'a pas pris car on est un club formateur, et on s'interdit de payer pour un jeune qui prendrait la place d'un des joueurs de notre centre. Mais, s'il avait été gratuit, il serait chez moi depuis longtemps ! Ce n'est pas le cas de Séville, et ils ne vont pas se gêner pour le prendre, d'autant qu'il a le profil pour leur style de jeu. Le truc, c'est que ce n'est pas très clair au niveau de son entourage. Tout le monde le propose à tout le monde. Mais je ne suis pas surpris pour Séville, car ils font partie des seuls clubs espagnols qui prospectent en France, avec l'Atlético Madrid et le Celta Vigo".
Reste à savoir si les représentants du joueur comptent réellement l'envoyer en Liga, ou s'il s'agit juste d'un moyen comme un autre de mettre l'OM sous pression afin d'obtenir un contrat plus long et plus juteux que celui proposé jusqu'à présent. Une tactique qui rappelle le cas Maxime Lopez, parti en weekend découverte à Liverpool avant d'obtenir satisfaction de la part de l'OM. Mais le cas Boutobba, observé également par Porto et le Bayern, semble plus avancé. Il déjà visité les installations du club Sévillan, comme l'avait fait en son temps l'espoir du RC Lens Geoffrey Kondogbia, et il pourrait donc s'engager rapidement. Encore un sacré bon coup signé Monchi, le directeur sportif de Séville, que l'on surnomme dans le Calvados le "Gravelaine andalou".
Qu'on apprécie le procédé ou pas, la balle est maintenant dans le camp de l'OM. Un club qui a déjà du mal à recruter et qui doit maintenant se bagarrer pour conserver l'une de ses jeunes pousses, même pas encore professionnelle. Dans cette partie de poker menteur, l'OM a toutefois l'avantage de l'expérience, ayant déjà payé pour voir avec un certain Mathieu Flamini, il y a un peu plus de dix ans...