Conscient d'avoir fait un flop avec Christian Gimenez et Andrés Mendoza, Pape Diouf corrige le tir à mi-saison en janvier 2006, profitant de la fameuse fenêtre du mercato hivernal. Il attire Mickaël Pagis, en froid avec le public et les dirigeants de Strasbourg, tout en accédant à la requête de son entraîneur Jean Fernandez, qui veut retrouver Toifilou Maoulida, un attaquant qui a fait son bonheur à Metz et qui est alors en rupture de ban à Monaco. Point faible de l'équipe, l'attaque olympienne se métamorphose alors que Mamadou Niang, Samir Nasri et Franck Ribéry étaient déjà au club. C'était il y a 10 ans. Depuis, l'OM n'a pas eu autant de chances avec ses éléments offensifs recrutés à mi-saison. Ils sont huit, et la liste fait plutôt peur : Salim Arrache, Gauthier Akalé, Elliot Grandin, Sylvain Wiltord, Brandao, Foued Kadir, Modou Sougou, Lucas Ocampos. Pourtant, il y a de grandes chances que l'OM retente sa chance cet hiver. Michy Batshuayi n'a pas de doublure et le secteur offensif manque cruellement d'efficacité.
Ce qui tombe plutôt bien, c'est qu'un nom se détache nettement des autres en ce qui concerne les pistes. Il faut dire que si les dirigeants de l'OM et Michel, qui évoquent évidemment déjà le sujet lorsqu'ils sont amenés à échanger, s'amusent à dresser un portrait-robot de la possible future recrue, elle prend rapidement les traits de Wissan Ben Yedder, l'attaquant de Toulouse. Soit un attaquant capacle d'évoluer dans plusieurs schémas, en pointe comme sur un côté, pas dérangé par le fait d'évoluer seul en pointe dos au but si le besoin s'en fait sentir, habitué à se débrouiller tout seul pour marquer, et beaucoup puisqu'il est à 15 buts de moyenne sur les trois dernières saisons. Agé de 25 ans, il a encore en outre une marge de progression et peut sans mal être revendu plus tard à des clubs étrangers qui le connaissent d'ailleurs déjà. Comme si cela ne suffisait pas, Ben Yedder a aussi quelques affinités avec des joueurs olympiens alors qu'il n'a pas fait de mystères dans les derniers jours du mercato sur son envie de rejoindre Marseille.
Ben Yedder à l'OM, c'est en fait tellement évident que bien des observateurs voyaient le deal se conclure le 31 août dernier au soir. Mais finalement, Olivier Sadran a tenu bon. Vincent Labrune s'en est expliqué à la mi-septembre : "Olivier Sadran a décliné notre offre. Dont acte. Il était hors de question d’acheter un attaquant dans l’urgence pour faire le nombre et satisfaire je ne sais qui. On ne manquait pas de CV. On voulait un garçon de talent s’inscrivant dans la durée". Le président de l'OM, qui a suffisamment reproché à son prédécesseur d'avoir acheté Gignac à ce même Sadran à des tarifs trop élevés, même si le paiement était étalé dans le temps, ne veut pas donner du grain à moudre à ses détracteurs. Labrune a gardé la tête froide jusque dans les dernières minutes des échanges, où il a refusé de revoir son offre à la hausse. Du coup, il pourrait partir avec un avantage au moment de la réouverture des négociations en janvier, voire même avant, puisque Ben Yedder peut être recruté en tant que joker. Car depuis, l'attaquant est devenu remplaçant dans un TFC relégable. Si ses fans au Stadium lui ont composé une chanson pour qu'il retrouve le moral, le courant semble ne pas passer avec Dominique Arribagé, entraîneur et ami du président.
Mais l'OM ne sera pas en position de force pour autant. Saint-Etienne, qui vient de perdre son attaquant Beric pour plusieurs mois, pourrait faire une approche. Le club de Christophe Galtier a les liquidités nécessaires et les deux clubs ont suffisamment de bonnes relations depuis les transferts de Rivière et Tabanou pour envisager ensemble un montage financier. Le FC Séville, pas satisfait du rendement d'Immobile, pourrait également revenir à la charge alors qu'il ne faut pas, non plus, écarter une possible offensive venue de Lyon après les blessures de Fékir et Kalulu. "Il ne faut pas croire que Sadran va paniquer et le céder à la va-vite au vu de la situation du club en championnat, nous explique un agent proche du club toulousain. Il y a quelques années, le club était aussi dans le rouge mais il avait tenu bon pour Elmander. Quelques années plus tard, il en avait fait de même avec Mathieu. Pour le président, plus l'affaire est médiatique, plus il en fait une affaire de fierté, ayant peur d'ouvrir une brèche pour le reste de l'effectif. Il sera donc capable de relancer lui-même Séville si Marseille ne lui offre pas ce qu'il veut".
Au staff marseillais de préparer donc ses arguments et sa stratégie. Car la seule fois que Sadran a cédé, c'était pour Moussa Sissoko, à six mois de la fin de son contrat. Ben Yedder est encore lié jusqu'en 2017 avec les Violets. Sadran a donc toujours de quoi faire la sourde d'oreille jusqu'à la fin de la saison.