Nul besoin d'être un technicien chevronné pour constater les failles de la défense olympienne depuis le début de la saison, et en particulier sur le côté gauche, où Bedimo a déçu avant de se blesser et où Rekik et Doria n'ont pu que dépanner avec leurs moyens limités. Ce constat, Rudi Garcia et les dirigeants marseillais l'ont fait aussi, et en attendant de trouver la perle rare capable de s'inscrire sur le long terme, ils ont donc pensé à parer au plus pressé. Dans ce contexte, un nom s'est imposé très rapidement, avec l'indéracinable pensionnaire du couloir gauche des Bleus depuis des lustres : le controversé mais toujours performant Patrice Evra (35 ans, 81 sélections). Le latéral gauche s'est mis d'accord avec l'OM hier mercredi en fin d'après-midi pour un contrat d'un an et demi et arrive libre de la Juventus de Turin, ce qui ne gâche rien.
Inutile de présenter "Tonton Pat", comme l'appelle Paul Pogba, son compère chez les Bleus. Il s'agit plutôt de savoir si l'OM fait une bonne affaire avec cette sommité du football mondial dont la carrière se situe plus derrière lui que devant. En regardant de plus près sur les forums, si vous aviez récemment plébiscité le Suisse de Wolfsburg Ricardo Rodriguez, plus jeune (24 ans) et plus conforme au projet, l'idée Evra ne vous rebute pas. Reste à faire le point sur son niveau actuel, lui qui n'a joué qu'un match sur deux avec les Bianconeri cette saison. L'OM va-t-il ainsi récupérer un joueur en fin de course ? Non, selon Alessandro Grandesso, journaliste à la Gazzetta dello Sport : "Evra n'était pas sur le déclin à la Juve, même s'il jouait moins en championnat. Il s'agit surtout de la montée en puissance du Brésilien Alex Sandro qui est arrivé la saison dernière, et qui bénéficie de l'expérience d'Evra, qu'il considère comme un modèle. Mais il ne s'agit que du championnat, alors qu'Allegri lui a fait confiance en Ligue des Champions. En fait, la Juve préparait la transition car Sandro représente l'avenir, ça n'a rien à voir avec le niveau d'Evra"
Vous l'avez compris, tout comme à Manchester United et en équipe de France, Pat Evra n'est pas qu'un arrière latéral. Partout où il passe, il s'impose comme un patron sur le terrain et dans vestiaire. Cela tombe bien, car ce profil n'existe pas à l'OM : "La Juve l'a fait venir il y a deux ans et demi pour qu'il transmette son expérience et sa gagne, et elle est arrivée directement en finale de la Champions League cette saison-là, confirme Alessandro Grandesso. Ça veut dire quelque chose, car il s'est imposé comme un leader dans un vestiaire où il y avait déjà des monstres comme Buffon, Chiellini, Barzagli ou Bonucci. Le fait qu'il soit parvenu à ce statut est la preuve de son niveau de performances très élevé".
Des propos encourageants, même si le retour en Ligue 1 de ce type de joueur - on pense à l'expérience Lizarazu - n'est pas toujours forcément couronné de succès. Il faudra donc voir le degré de motivation d'un élément qui a quitté le championnat français il y a onze ans. "Tout dépend de lui, conclut Grandesso. Lorsqu'il est arrivé à la Juve, il venait de quitter MU où il était capitaine et il avait envie de prouver qu'il restait un joueur de très haut niveau. L'OM n'est pas la Juve, mais un projet en devenir. Il faut savoir s'il a envie de jouer le même rôle à l'OM, sachant qu'il n'aura aucun mal à s'imposer, vu le niveau actuel de la défense". Pour cela, difficile de lui donner tort. L'expérience est peut-être un peu casse-gueule, mais elle est loin d'être inintéressante. On a envie de voir ça !