C'était un peu l'Arlésienne, celui dont le nom revenait systématiquement dès lors que l'OM cherchait un défenseur central. Ça l'était à l'été 2016, puis encore plus l'hiver dernier, avant que Garcia n'opte pour Grégory Sertic. Enfin, ce le fut encore cet été, mais cette fois-ci, l'OM a choisi Adil Rami. De quoi convaincre Aymen Abdennour d'abandonner définitivement tout espoir d'évoluer un jour à l'OM, et de s'engager avec le Zénith St-Petersbourg avec lequel tout était réglé. Seulement voilà, Monaco est passé par là, Falcao aussi, et le Champions Project triomphant du couple Eyraud - Garcia a subitement pris des allures de projet Dortmund. Même chose pour le tandem en question, habillé pour l'hiver sur les réseaux sociaux. Une chute vertigineuse que seul un transfert pouvait enrayer, et si possible dans l'axe central, haut lieu de toutes les moqueries depuis la deuxième minute de Monaco-OM. Une aubaine pour Abdennour, pas franchement ravi de passer des plages de Malvarossa aux rives de la Néva. Le colosse de Sousse est enfin marseillais. C'était peut-être écrit, finalement.
En terme d'armoires à glace, l'OM se pose là désormais. On voulait du lourd, on l'a, avec une charnière Rami - Abdennour pas vraiment portée sur la poésie. En gros, Adil le droitier et Aymen le gaucher devraient faire ce qu'ils savent faire : stopper, tacler, sauter, dégager, annihiler, dissuader. En un mot : détruire, et ce n'est finalement pas plus mal quand on a encore en tête les sévices subis à Louis-II. Mais avant de crier ouf, voyons un peu où en est l'international tunisien. Pour être honnête, ses prestations en Liga n'ont pas été fameuses ces deux dernières saisons, à l'image de son club, comme nous l'expliquait récemment une source valencienne : "Je l'ai toujours trouvé très bon, voire impressionnant, lorsqu'il était à Toulouse puis à Monaco. C'était un des seuls à tenir tête à Ibrahimovic, par exemple. Mais il est arrivé à Valence au mauvais moment, dans un mauvais contexte. Il était en manque de confiance, c'était criant, surtout dans les duels. On le voyait hésiter avant d'aller au contact par exemple, alors qu'habituellement, il arrache tout. C'est dommage, car quand il est bien physiquement et mentalement, c'est un défenseur très régulier et performant, même s'il n'a pas de qualités techniques au-dessus de la moyenne".
Il est vrai que l'expérience n'a pas été concluante pour ce défenseur que toute l'Europe voulait il y a deux ans et que Valence avait arraché à Monaco pour une fortune (entre 22 et 30 millions d'euros selon les sources). Mais, dans le même temps, le club Ché a connu une grande instabilité et a multiplié les transferts onéreux et les résultats décevants, ce qui explique sûrement cela. Pas vraiment mis de côté, il n'était pas non plus vraiment titulaire aux yeux de Prandelli qui lui préférait le duo Garay-Mangala, sauf en cas de défense à trois, où il occupait l'axe gauche. Pourtant, tout le monde a en mémoire ses performances monégasques, notamment en Ligue des Champions. Un roc inébranlable, toujours debout, impérial dans les airs et bien plus rapide que ne le laissent paraître ses mensurations (1m87, 85 kg). Un physique que la cellule recrutement de l'OM avait d'ailleurs jugé "trop lourd" la saison dernière, lorsqu'il était question de le recruter.
Visiblement, la tendance a changé, en même temps que la cellule recrutement d'ailleurs. Aymen Abdennour n'est plus "trop lourd" et devrait convenir parfaitement aux standards exigés. À 28 ans, il entre dans ses meilleures années et le Vel' pourrait l'aider à retrouver rapidement son meilleur niveau, d'autant que l'ami Adil aurait insisté pour l'attirer. Aymen est enfin Marseillais. C'était écrit, ou plutôt "mektoub" comme on dit chez lui...