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Interview

Que s'est-il vraiment passé pour les supporters de l'OM à Saint-Etienne ?

Par la rédaction du Phocéen

Publié le 06/02/2020 à 12:00

Que s'est-il vraiment passé pour les supporters de l'OM à Saint-Etienne ?Que s'est-il vraiment passé pour les supporters de l'OM à Saint-Etienne ?

Le Phocéen a récolté de nombreux témoignages qui permettent d'en savoir plus sur ce qu'il s'est vraiment passé pour les supporters de l'OM à Saint-Etienne.

Peu de temps avant le match, le grand public apprenait que Saint-Etienne-OM débuterait à 21h15 au lieu de 21 heures, les joueurs des deux équipes ayant ressenti l'effet des gaz lacrymogènes utilisés hors du stade. On comprendra très vite que ce sont les supporters marseillais qui ont été visés par ces gaz et on découvrira avec stupéfaction qu'ils ne seront jamais autorisés à entrer dans le stade. Mais que s'est-il vraiment passé ?

Le guet-apens

Des supporters de l'OM nous ont rapporté les événements de la soirée. Nous vous retranscrirons leurs propos, notamment lorsque les versions sont identiques entre différents supporters, de divers groupes. Voici leurs récits de cette soirée hélas inoubliable. "L'an dernier on les avait accueillis comme il se devait avec quelques jets de projectiles sur leurs bus, donc on s'y attendait, raconte Philippe*. L'escorte était renforcée, je n'avais jamais vu ça pour 400 personnes. Les Stéphanois ont attaqué les bus, on a vu des fumigènes voler. Le cordon de sécu s'est approché des bus. Nous on a voulu sortir et ça a gazé les bus". Une version qui vient confirmer les informations de L'Equipe, qui affirmait ce matin que "les supporters marseillais sont tombés dans un guet-apens organisé, malgré une importante présence policière. Les cars ont été attaqués avec des projectiles et des tirs de mortiers... Les Marseillais sont descendus avec des projectiles et des bâtons pour aller chercher les Stéphanois... Des affrontements majeurs, rarement vus". Pour Mouss*, ça tourne même à l'amateurisme : "Je n'ai jamais vu une aussi mauvaise organisation des forces de l'ordre, dépassées par les attaques des Stéphanois, alors qu'elles auraient dû sécuriser le trajet".

Des bus pas garés au bon endroit ?

"On a repris l'escorte doucement, poursuit Philippe. Puis, ils nous ont fait rentrer dans la zone de pré-parcage. On est descendu des bus vers 19h15, en les garant loin pour éviter les projectiles". C'est justement l'un des points de défense de la version des forces de l'ordre. La Provence citait ce matin une source préfectorale qui a expliqué pourquoi les portes du stade leur ont été fermées : les supporters ne seraient pas descendus des bus au bon endroit, dans le lieu de parcage sécurisé réservé aux visiteurs. "Il faudra m'expliquer pourquoi ils nous ont laissés à l'extérieur du stade, juste devant la tribune stéphanoise, plutôt que de nous faire entrer ?", questionne Mouss. Sur ce point, ce sera toujours la version des uns, contre celle des autres.

Les scènes de guerre

Face à cette situation de tension, il y a eu des débordements, entre des supporters olympiens qui voulaient rentrer, des Stéphanois pas très loin qui se mêlaient de l'intérieur du stade et des forces de l'ordre à cran. Mais certaines scènes sont inexcusables. "Après, évidement, certains de chez nous ont voulu répondre aux attaques et ont provoqué, reconnait Mouss. Ensuite, sans discontinuer, on s'est pris des lacrymos, des coups de lance à eau. Je n'avais jamais vu ça et pourtant j'en ai fait des déplacements". Philippe détaille : "Forcément, les forces de l'ordre ont répondu et ça a duré deux heures, deux heures de gazage. Ils ont aussi vidé le camion à eau, je ne sais pas si c'est déjà arrivé. A un moment, ils nous ont mis dans un angle et on ne pouvait pas respirer. Vu leurs sourires, ils s'en sont donné à coeur joie. A aucun moment les CRS n'ont essayé de faire rentrer les Stéphanois dans le stade. J'ai vu deux personnes qui avaient des impacts de flashball, un entre les pectoraux, un autre sur les poignées d'amour. A la fin ils sont rentrés dans la zone pour nous faire monter dans les bus. Les stadiers nous ont aussi dit de rentrer dans les bus. On n'a pas eu d'autre choix que de partir. C'était de l'acharnement gratuit. J'ai vu des gens faire des malaises, heureusement qu'on a pu se réfugier dans les bus, sinon ça aurait pu être dramatique". "Il y a eu 20 minutes de répit avant le match, rajoute Mouss. Mais quand on a simplement célébré le but de Dimitri par des chants, on s'est encore fait gazer comme des animaux". Des violences policières qui seraient même allées jusqu'à des tirs de LBD et des coups de matraque, une information que nous n'avons pas pu vérifier de façon exacte. De son côté, La Provence donnait ce matin la parole aux forces de l'ordre, qui tentaient de justifier la situation tendue : "Il est rapidement apparu que les supporters marseillais étaient détenteurs d'objets pouvant servir d'armes et de projectiles. Ces éléments risquaient de compromettre gravement la sécurité du match". Le quotidien ajoutant dans la matinée que huit policiers auraient été blessés dans les heurts avec les supporters marseillais (6 blessures légères, une entorse, une fracture de la cheville).

L'OM solidaire

Par la voie d'un communiqué pondu pendant la rencontre, par la voix des joueurs, de Steve Mandanda, à Dimitri Payet, en passant par André Villas-Boas jusqu'à tous les autres, le club a fait front face à cette situation. Tous les témoignages convergent vers la version du guet-apens tendu et préparé par les prétendus supporters stéphanois à l'encontre des Marseillais, qui ne se sont pas laissés faire et sont tombés sur une lourde répression policière, des forces de l'ordre en grand nombre, mais dépassées par les événements et qui n'ont sans doute pas pris les bonnes décisions au bon moment. "Je pense que le communiqué du club, c'est le minimum à faire. J'espère que cette histoire servira de leçon pour le futur. Il n'y a qu'en France qu'on voit ça", conclut Philippe, désabusé par la soirée vécue hier. Les supporters ont quand même fêté la victoire des leurs, mais dans les bus, escortés jusqu'à la Ville de Vienne (à une heure de route du stade Geoffroy-Guichard), du jamais vu là aussi.

* : le prénom a été changé