Depuis la défaite à Nantes, Marcelo Bielsa et son marquage individuel sont pointés du doigt. Le fait que Michel Der Zakarian ait pu contrarier les plans de l'Argentin avec le même système à deux attaquants et un numéro 10 a amené de nombreux observateurs à parler de limites tactiques concernant l'entraîneur de l'OM. Se disant qu'il faut chercher plus loin, Florent Toniutti, révélation cette saison de la nouvelle émission la Data Room sur Canal +, a comparé l'équipe marseillaise à celle que Bielsa a coachée à Bilbao pour sa première saison, qui était alors louée de tous, notamment pour ses exploits en Europa League.
Florent, tu as regardé comment évolue l'OM cette saison et comment Bilbao évoluait en 2012. Quels enseignements peut-on en tirer ?
Florent Toniutti : "Quand l'OM est à trois derrière, le seul circuit qui marche c'est celui qui part de Morel quand il joue axe gauche et non pas latéral. Contre Nantes, les ballons ne remontaient pas donc. C'est plus le problème que l'aspect défensif, parce qu'il faut voir aussi le but que marquent les Nantais. A Bilbao, il y avait un niveau technique autrement supérieur de la part des défenseurs, avec Javi Martinez derrière notamment. Mais il y avait aussi des circuits qui fonctionnaient. Comme de sortir sur Iraola, l'arrière droit, pour mieux revenir sur Ander Herrera. Si tu veux l'appliquer à l'OM, ça donne une relance sur Dja Djédjé qui trouve Payet".
Mais dans cette équipe de Bilbao, il y avait Javi Martinez, aujourd'hui au Bayern, Ander Herrara, à Manchester United, Llorente, à la Juventus, Iker Muniain, Iturrapse, Iraola...
F.T : "Il n'y a pas photo quand tu compares les deux onze-types, surtout derrière et au milieu. Bilbao est au-dessus. Je ne sais pas quels joueurs de l'OM tu pourrais mettre dans leur équipe, à part Mandanda bien évidemment. Même Payet c'est difficile avec Ander Herrera".
Est-ce qu'à Bilbao, il y avait un joueur aussi esseulé qu'Imbula au milieu ?
F.T : "Quand tu prends l'équipe de Bielsa à l'époque, c'est Oscar de Marcos qui tenait ce rôle, qui joue toujours à Bilbao. Il est box-to-box, il court pas mal sur le terrain, et d'ailleurs à l'époque il faisait pas mal de différences dans les trente derniers mètres par ses courses et ses projections. Le problème, c'est qu'il était encadré par Ander Herrera et Iturraspe. Imbula ne peut pas faire les mêmes projections car Romao n'est pas aussi bon dans la première passe qu'Iturraspe et de l'autre côté tu as Payet, qui fait une super saison, mais qui n'a pas non plus le volume de jeu d'Ander Herrera. En moyenne, Payet touche une dizaine de ballons en moins par match et il décroche moins. Du coup Imbula peut moins se projeter quand il n'a pas un milieu à ses côtés pour proposer une autre solution. Mais le vrai problème de Marseille sur cette deuxième partie de saison, je pense que c'est la relance. En attendant qu'Nkoulou revienne bien, parce qu'il a quand même raté trois ou quatre mois de compétitions, si tu bloques le pied gauche de Morel, au niveau des circuits longs, il n'y a plus grand-chose. Parce que Fanni et Romao, c'est beaucoup moins bon à la relance".