Passi, l'héritier qui refuse l'héritage
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 15/08/2015 à 07:00
Franck Passi a effectué sa première conférence de presse en tant qu'entraîneur numéro un, même si à ce jour il s'agit encore d'un intérim. L'occasion pour lui de se positionner quant au style de jeu qu'il entend donner aux onze Olympiens qu'il choisira pour débuter dimanche, à Reims.
En quelques jours l'OM a tenté d'oublier Marcelo Bielsa, même si sa méthode, irrigue encore énormément les veines de l'Olympique de Marseille. Franck Passi n'entend d'ailleurs pas tout balayer d'un revers de main : "Comme l'a dit notre président, Marcelo a laissé un héritage. Au niveau du jeu, il était très tourné vers l'offensive et le spectacle. C'est une chose qu'on veut conserver". Autre élément à conserver d'après l'ex-adjoint, le système de jeu. Lui non plus n'est pas favorable à une attaque à deux pointes. "Je ne suis pas un adepte du 4-4-2. Il se peut que dans les matchs, on se retrouve en 4-4-2, mais au départ non. Je suis plus 4-2-3-1, mais ce n'est pas dit qu'on joue en 4-2-3-1". Quid de la fameuse défense à trois tant décriée ? "La défense à trois, vu que l'équipe a déjà joué comme ça, peut être un outil, une idée pendant un match pour pouvoir essayer de le gagner". Marcelo Bielsa aura au moins permis à l'OM de se refaire la santé du point de vue organisationnel, comme le confirme l'intérimaire marseillais : "Marcelo Bielsa est un monstre de l'organisation, de la programmation, de la rigueur. A ce niveau-là, on a tous appris, ça m'a permis de progresser". Enfin, autres préceptes capitaux pour El Loco, le pressing et le marquage individuel. Conservera-t-il ce style ? "On va essayer de faire perdurer le marquage, pas le marquage à outrance, mais cette volonté de presser, d'être dans le camp adverse, d'aller de l'avant".
Mais alors qu'est-ce qui va changer ? Et bien déjà, par rapport à ce pressing et ce marquage individuel, plusieurs points. Le premier concerne les joueurs : "Il est évident qu'il faudra apporter des aménagements. Lequels ? Dans la forme de jeu qu'on avait, il y avait des joueurs qui ne se sentaient pas à l'aise. Donc, pour pouvoir profiter de la qualité de nos joueurs, de tous nos joueurs, on va essayer de s'améliorer". C'est Florian Thauvin qui devrait être content, tant il a été souligné que sa débauche d'énergie défensive, indiscutable, était nuisible pour son jeu offensif. Alessandrini et les autres ailiers ne devraient pas s'en plaindre non plus. Le second point est plus d'ordre tactique : "On ne va pas toujours s'adapter à l'adversaire", a martelé à deux reprises le nouveau coach de l'institution. On en termine donc avec les trois défenseurs automatiques lorsque l'adversaire aligne deux attaquants. Sept à huit joueurs très hauts sur chaque attaque, cette vision magnifique, mais assez risquée du football n'est pas vraiment du goût de Franck Passi : "Je connais très bien la Ligue 1. C'est un championnat assez fermé. Le premier objectif, notre mission va être de conserver cet allant vers l'avant, essayer d'aller marquer des buts, mais en essayant peut-être d'être parfois plus équilibrés, parce que dans certains matchs l'année dernière, on a eu des problèmes à cause de ça". Dans la semaine, les joueurs ont eu droit à davantage de séances avec ballon que du temps de Bielsa, comme l'a confié Mandanda. Le travail s'est axé sur l'attaque. "On a beaucoup travaillé sur le match de Caen. En se créant huit occasions de but, on aurait dû gagner. On a mis l'accent cette semaine sur l'efficacité offensive", a confié le technicien en charge de l'équipe première.
Du point de vue de la personnalité, Franck Passi, forcément, n'est pas Marcelo Bielsa. L'Argentin était extraordinaire, dans tous les sens du terme. Le natif de Bergerac, lui est plus ordinaire, sans que cela ne soit pour autant péjoratif. Il va devoir changer son rapport avec les joueurs, lui le confident devenu chef des troupes. "Je donne tout, mais j'exige aussi beaucoup de choses des autres. Je suis amené à faire des choix. Je vais en faire et je sais que ceux qui seront sur le terrain les accepteront et ceux qui n'y seront pas ne les accepteront pas. Depuis que le foot a été créé, c'est comme ça. Ce n'est pas un joueur qui me fera changer une décision, ma propre décision. Je ne vois pas quel problème je peux avoir. Je connais le contexte, être joueur de l'OM, c'est être passionné par ce club". Si sa conférence fut donnée sur un ton monocorde, la pirouette finale fut assez habile. Certains après sa nomination l'ont affublé du surnom 'El Local', "C'est déjà pas mal, c'est mieux peut-être qu'El loco", s'est amusé Franck Passi. A lui de montrer son talent. En commençant par une victoire à l'extérieur. Une victoire déjà très importante pour redonner vie à l'OM.