Si ses premières apparitions sous le maillot olympien n'avaient pas franchement rassuré les observateurs, Kostas Mitroglou bénéficiait d'une certaine mansuétude compte tenu de son arrivée tardive et de son absence de préparation suite à une blessure à la cuisse. Et puis, malgré cela, le Grec avait tout de même réussi à glisser deux buts face à Strasbourg et Caen. Mais, depuis dimanche et son match très moyen à Bordeaux, l'ancien canonnier de Benfica se retrouve sous un flot continu de critiques, de la part des supporters mais aussi des consultants. A l'image de Christophe Dugarry sur RMC : "Je le trouve catastrophique. Il n'y a pas un appel de balle, ses appuis sont catastrophiques, il contrôle du genou... C'est Brandão en moins bon ! Je suis Germain sur le banc de touche, je m'arrache le peu de cheveux qu'il me reste". Un constat assez violent, mais il faut reconnaitre que l'ensemble des observateurs est sur la même longueur d'onde.
Tous ? Non, car un expert en la matière se montre beaucoup moins définitif, et ce n'est pas n'importe qui puisqu'il s'agit du plus grand d'entre eux : Jean-Pierre Papin. Moqué lui aussi à ses débuts à l'OM, celui qui a été élu Olympien du 20e siècle ne veut pas enterrer le Grec, et il explique pourquoi au Phocéen. Interview :
Jean-Pierre, tu es un des rares à ne pas taper sur Mitroglou en ce moment. Pourquoi ?
Jean-Pierre Papin : "Ses débuts sont moyens, c'est vrai, mais il a des circonstances atténuantes. Ce n'est jamais facile pour un avant-centre de débuter avec de nouveaux coéquipiers. Je l'ai vécu et je sais comment ça se passe. Je le trouve en détresse, quand il loupe, on voit sur son visage qu'il n'a pas la rage. Le fait de manquer un but facile lui fait mal, ça se voit"
On se moque de son manque de technique. Il a vraiment les pieds carrés ?
JPP : "Non. Il n'a pas les ballons pour les mettre au fond, c'est tout. Quand tu choisis un joueur comme lui, tu dois jouer pour le faire marquer, jouer pour lui. Quand je vois les matches, je vois tous les ballons passer au-dessus de sa tête, c'est injouable. A Bordeaux, il n'a pas reçu un ballon hormis le centre de Sanson. Il ne peut pas être efficace s'il n'est jamais servi"
Tu fais le parallèle avec tes débuts à l'OM, mais tu marquais quand même régulièrement (16 buts) et, surtout, tu te créais beaucoup d'occasions, ce qui n'est pas son cas...
JPP : "Je jouais différemment, je doutais moins et j'avais surtout un collectif qui jouait pour moi, ce qui n'est pas le cas de Mitroglou aujourd'hui. Je le défends parce que j'ai joué à ce poste et c'est hyper ingrat, car on dépend des autres. Ses coéquipiers doivent jouer pour le faire marquer, c'est aussi simple que ça !"
Beaucoup estiment que Valère Germain devrait jouer, c'est ton avis ?
JPP : "Je ne veux pas discuter des choix de Rudi Garcia, je ne suis pas là pour ça. Il a des joueurs à ce poste et il fait ses choix. Pour ce qui est de Germain, il est lui aussi en perte de confiance"
On peut tout de même tenter de le relancer, compte tenu des performances moyennes de Mitroglou, non ?
JPP : "Le problème de l'OM aujourd'hui, c'est qu'on est engagé dans une course au podium et qu'il faut rester dans cette spirale positive. Garcia n'a pas le temps de faire des essais car il doit rester dans cette dynamique qui rapporte des points, quoi qu'on en dise. Du coup, malheur à celui qui ne joue pas, que ce soit Germain ou Mitroglou. L'équipe tourne, réussit à gagner, que veux-tu changer ?"
Il faut donc continuer avec Mitroglou et attendre qu'il se réveille ?
JPP : "Il faut surtout le mettre en condition de marquer en travaillant le collectif. Il ne fera jamais le grand numéro en marquant tout seul, alors il faut le servir dans de meilleures conditions. Il y a des joueurs comme Payet, Ocampos et Thauvin qui doivent aussi faire le travail. S'il commence à claquer, il marquera but sur but, mais je répète qu'il est en détresse parce qu'il ne marque pas".