OM : quel projet pour le centre de formation ?

Pour revenir vraiment sur cette rencontre qui nous attend, on sait que l'OM est normalement favori par rapport à sa saison actuelle, mais on sait aussi que les internationaux Enzo Sternal, Darryl Bakola et Sellami ne seront pas présents. Est-ce que tu estimes que l'OM a quand même de grandes chances de l'emporter samedi ?

Bastien Cordoléani : Des grandes chances, c'est parler trop fort je pense. Par contre, ils sont favoris. L'OM était même favori de la compétition avec Rennes et le PSG qu'on a éliminés. De fait, tu es favori pour la finale. Nancy le sait très bien, j'ai lu des déclarations du directeur sportif qui a dit clairement que c'étaient les outsiders et qu'ils vont arriver comme ça et qu'ils vont essayer de faire l'exploit. Donc malgré les absences, l'OM reste favori sur ce match. Et c'est vrai qu'handicapé de trois joueurs, tu ne peux pas dire que l'OM a de grandes chances de gagner. Tu peux dire que l'OM doit assumer son statut seulement.

Ok, parce que j'imagine que tu as suivi aussi toute la saison des U19 de l'Olympique de Marseille, même peut-être les catégories en dessous parce que je sais que tu as suivi la semaine dernière les playoffs des U17 aussi. Toi qui as suivi beaucoup de matchs cette saison, quel regard portes-tu sur la saison de cette catégorie U19 de l'OM ?

B.C : Alors, saison magnifique que je vais découper en trois temps. Un début de saison admirable avec une équipe qui a récité un football magnifique, c'est très beau à voir, qui a roulé sur ses adversaires, clairement. Et puis l'entrée en lice en Gambardella, qui s'est faite au début de l'hiver. Là, l'OM est devenue une équipe un peu plus pragmatique. Les 19 ont été un peu moins beaux à regarder. Ils ont laissé quelques points au championnat, mais ils étaient toujours aussi dominants. Et ensuite, sur cette dernière partie de la saison, je dirais depuis le mois de mars clairement, et pour en avoir discuté avec des personnes du club ce week-end, l'OM est en mode rouleau-compresseur. C'est-à-dire que même lorsqu'ils sont dans des temps faibles, tu as l'impression que les gamins ne doutent pas, qu'ils sont tellement sûrs de leur force et de leurs moyens qu'ils savent qu'ils vont revenir au score et gagner. Et c'est ce qu'il s'est passé dimanche en phase finale face à Lille où ils prennent une ouverture du score rapide, et puis très rapidement ils prennent le contrôle du jeu, ils prennent le contrôle du match. Et pour l'emporter 3-1, malgré les absents qu'on a listés tout à l'heure, qui étaient déjà absents ce week-end. Donc voilà, une équipe avec un potentiel fou en début de saison, une équipe qui s'est formée, qui a eu des difficultés, mais qui a quand même réussi, malgré la difficulté, à imposer son empreinte en milieu de saison. Et puis carrément un rouleau compresseur sur cette fin de saison parce que même en étant moins forts, même dans les matchs où ça démarrait mal, même quand tu concédais des penalties et tout ça, l'équipe sortait vainqueur à chaque fois donc l'impression d'être imbattable.

C'est intéressant ce que tu me dis parce que justement sans les cadres de cette équipe-là, ils arrivent à performer. Est-ce qu'il y a des joueurs qui t'ont impressionné et même au-delà de ça, est-ce que tu vois dans cette effectif des joueurs capables d'évoluer après à l'échelon d'au-dessus en professionnel ?

B.C : Évidemment, les trois sélectionnés en équipe de France ont vocation à être professionnels que ce soit à l'OM ou ailleurs dans les années à venir. Ce sont les plus connus. Et puis tu as déjà un contrat professionnel dans cette équipe, lui il n'est pas sélectionné, c'est Gaël Lafont. Deux même, tu as Abdallah aussi, deux, pardon. Donc tu as deux contrats professionnels déjà, qui font partie de l'équipe. Donc eux, ils ont mis la première pierre à l'édifice de leur carrière. Maintenant il faut qu'ils continuent à gravir les échelons, c'est que le début du travail pour eux. Mais oui, il y a de forts potentiels. Il y a un joueur que j'aime beaucoup là, qui s'est révélé pour la saison, c'est l'arrière-droit, Lucas Daubenfeld, que je trouve très fiable. C'est un joueur sur qui l'OM n'avait pas forcément vu d'avenir. Il ne comptait pas lui proposer un contrat au mois de mai. Mais ses performances ont fait que l'OM va peut-être faire machine arrière et lui proposer un contrat. Il y a évidemment Dosso, le gardien, qui fait une saison tout bonnement exceptionnelle. Je n'ai jamais vu ça, plus de 10 penalties arrêtés dans la saison. Un style particulier, une personnalité, quelqu'un parfois de déroutant, même dans son jeu, mais il ne peut pas te laisser indifférent. Après, il y a de très bons joueurs. Moi, de mon côté affectif, Paolo Trigano, parce que c'est un petit de Marseille, je crois que ça fait depuis qu'il est très très jeune qu'il est à l'OM. Et pour en avoir parlé à l'époque avec Nasser Larguet sur des dossiers avec lesquels j'avais bossé. J'avais dit que j'adorais ce joueur et je suis content de le voir arriver à ce niveau-là. Voilà, ils sont tous forts, il n'y a que des bons joueurs de toute façon.

Même P. Trigano, toi tu le vois aller vraiment au-dessus, si tu mets de côté un petit peu l'aspect affectif ?

B.C : Paolo, il va y avoir deux questions qui vont se poser, sa taille et son poste. Sa taille parce qu'en défenseur central qui est son poste naturel je pense qu'il va manquer de taille sur des projections, on va dire, au très haut niveau et du coup son poste par décalage parce que si par contre ça devient un axe gauche dans une défense à trois ou un défenseur gauche, oui là je pense qu'il y a quelque chose à gratter pour le niveau professionnel.

Justement, peut-on aller un peu plus loin que cette saison-là et est-ce que tu estimes qu'il y a eu un vrai travail effectué dans la formation de l'OM, ou cette belle saison dans les U19 est un peu le fruit du hasard, une génération plus talentueuse qu'une autre, ou penses-tu qu'il y a eu un vrai travail en amont réalisé depuis quelques années à l'OM, et même, on peut parler aussi des U17 en dessous?

B.C : Exactement, cette catégorie des U19, c'est totalement le travail de Nasser Larguet et de Matthieu Louis-Jean et de leurs équipes, donc les recruteurs, puisqu'il y a 4 recrues hors Bouches du Rhône qui sont des recrues des équipes de Mathieu Louis-Jean et qui sont de très bons joueurs. Et puis le reste, ce sont des joueurs soit recrutés à l'époque par Nasser Larguet, soit qui ont été façonnés par les équipes de Nasser. Donc oui, c'est le travail de cette époque-là qu'on peut féliciter. Un grand bravo à eux. Ce qui est dommage, malheureusement, c'est que ces personnes-là ne sont plus au club actuellement. Puisque du coup, une partie est à Lyon, une autre partie est à la Fédération Saoudienne. Et encore une autre partie, j'ai croisé Denis Moutier dimanche, lui je crois qu'il est à Caen ou au Havre (Denis Moutier est à Caen). Donc oui, oui, c'est un travail de formation mais par des gens qui ne sont plus à l'OM.

Et penses-tu qu'aujourd'hui il y a vraiment cette volonté de continuer ce travail de formation ou estimes-tu que c'est un peu perdu depuis quelques saisons?

B.C : Il y a une volonté de continuer, évidemment, sur ce travail-là mais pas sur la même lancée, et pour ne pas vendre du rêve à ceux qui nous lisent et nous regardent. Moi, je ne suis pas forcément très optimiste sur la suite parce que je trouvais que justement le travail de Nasser et des équipes de Matthieu Louis-Jean était très intéressant. Je ne dis pas que tout était parfait, je l'ai expliqué dans certaines émissions, mais il y avait des choses intéressantes. Et là, on est quand même sur un boulot différent, je dirais, qui va peut-être porter ses fruits, attention ! Mais moi, je trouve qu'on aurait dû continuer sur ce que faisaient Nasser et Matthieu Louis-Jean et là on est parti sur d'autres projets, d'autres réseaux et moi je ne suis pas à 100% convaincu par ce qui est en train de se faire.

Parce que là, il y a aussi des dossiers un peu épineux comme celui d'Enzo Sternal qui fait beaucoup parler en ce moment, même Darryl Bakola. Est-ce que tu penses qu'il y a encore des possibilités qu'ils signent professionnels à l'OM ou les vois-tu quitter l'OM comme ça peut être annoncé dans certains médias?

B.C : Mon sentiment aujourd'hui, le 22 mai 2024, c'est qu'ils ne seront plus à l'OM l'été prochain.

Donc l'été 2025 ?

B.C : Exactement, et voilà. Un contrat pour l'instant d'aspirant et aspirant pro, je crois. Par contre, rien n'est figé, c'est le football, dans deux mois peut-être que si tu me poses la question, je te dirais, ils vont rester. Là, la tendance n'est pas forcément à ce qu'ils restent, largement pas. Enzo, ce n'est pas pour des raisons financières, c'est clairement pour ce que je t'ai évoqué avant, c'est-à-dire que toutes les personnes qui l'ont fait venir, les personnes avec qui lui avait confiance, son entourage avait confiance, ne sont plus au club, ils ne sont pas forcément partis en bons termes en plus avec les Otero et Paradinas et compagnie, et en plus les relations ne sont pas très bonnes actuellement, la vision sur l'avenir des jeunes n'est pas forcément très claire. Donc actuellement voilà, aujourd'hui, le 22 mai 2024, la tendance est à ce qu'ils bouclent leur dernière saison et qu'ils s'en aillent.

Si on a bien compris pour résumer un peu, Enzo Sternal voudrait des garanties d'intégrer le groupe professionnel un peu plus sérieusement.

B.C : Contrairement à ce qui va sortir ou ce qui sort, il n'y a rien de financier. C'est une question de temps de jeu, de respect pour lui, pour son entourage. Ce n'est pas l'amour fou entre lui et l'équipe d'Otero. Ce n'est pas un secret. Et puis au niveau du temps de jeu, je pense que c'est faire la préparation avec les pros, faire des séquences d'entraînement. Alors l'OM se défend en disant oui, mais si on vous montre et qu'après vous signez pro ailleurs, ça sera... mais c'est un peu le serpent qui se mord la queue. Parce que si tu ne le lances jamais, tu ne peux non plus jamais leur dire regardez, nous, on vous a apporté quelque chose. C'est compliqué, ce sont des dossiers compliqués.

Donc c'est à peu près le même cas de figure pour Darryl Bakola, j'imagine ?

B.C : Il y a d'autres choses qui entrent en jeu, là je suis moins au fait du dossier donc je ne m'avancerai pas mais il y a de cela, oui. Il y a son poste aussi, on sait que cette saison il a été utilisé comme attaquant et lui c'est un milieu, il aimerait être utilisé au milieu donc il y a d'autres choses qui rentrent en considération pour Darryl.

Juste une dernière question, parce que ce matin j'ai fait une émission "l'OM au café", il y avait beaucoup de questions autour d'Enzo Sternal, beaucoup de débats sur, a-t-il les capacités pour jouer, s'imposer directement en professionnel, toi tu le vois vraiment honnêtement s'imposer en professionnel ou tu penses que c'est un peu tôt, il faut un petit peu tempérer tout ça ?

B.C : Alors l'année dernière, j'avais dit que c'était trop tôt, il faut qu'il fasse des entraînements pros. Là, cette année, pour moi, s'il n'est pas en prépa dès le premier jour avec les pros, c'est que l'OM n'a rien compris. Il doit faire des quarts d'heure par-ci, par-là, sur la préparation, sur de la Ligue 1. C'est dommage qu'il ne joue pas la Coupe d'Europe parce que ça aurait ajouté des matchs, mais là, il doit faire des séquences d'entraînement et il doit avoir du temps de jeu. Sinon, c'est qu'on ne compte pas sur lui, alors après, il faut juste l'assumer.

Est-ce que tu penses justement que le choix du futur entraîneur va conditionner un peu tout ça ? Par exemple, on parlait de Fonseca, on le présente comme un entraîneur capable de faire jouer les jeunes, de faire confiance un peu aux jeunes. Est-ce que tu penses aussi que le choix de l'entraîneur va indiquer un peu si on fait confiance à la formation ou pas ?

B.C : Moi, je ne pense pas, je suis sûr que le choix de l'entraîneur actuellement par Longoria n'est pas lié à ça, il s'en fout de ça. Par contre, si tu me demandes si les joueurs vont attendre de voir quel sera le nouveau coach pour prendre des décisions, ça oui, c'est possible, mais actuellement le club ne réfléchit pas comme ça.