OM : Pardo, l'interlocuteur privilégié de Tapie dans le vestiaire
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 07/10/2021 à 15:00
Grande figure de l'OM du début des années 90, Bernard Pardo se souvient de ses relations avec Bernard Tapie. Un président qui l'appelait, lui aussi, au milieu de la nuit.
Alors que Marseille et l'OM célèbrent la mémoire de Bernard Tapie, nombreux sont les témoignages d'anciens joueurs de la grande époque pour rendre hommage au Boss. Parmi eux, il en est un qui a toujours été un joueur à part pour l'ancien patron de l'OM. En effet, même s'il n'a joué qu'une seule saison pour le club olympien (1990-1991), Bernard Pardo a toujours été un emblème de cette époque dans l'esprit du Boss et des supporters marseillais. Pour Le Phocéen, l'ancien milieu défensif se souvient de ses relations particulières avec lui.
Bernard, comment as-tu vécu l'annonce du décès de ton ancien président à l'OM ?
Bernard Pardo : "Avec une grande tristesse, car on a perdu un grand homme, et moi, un ami. Mais ce fut sûrement une délivrance pour lui et pour sa famille, car il se battait depuis tant de mois contre cette maladie".
Que retiens-tu de son épopée à Marseille ?
BP : "Qu'il est le personnage qui a relancé le foot français en totalité, et pas qu'à Marseille. Quand il reprend le club, deux ans après, l'équipe de France compte huit joueurs de l'OM dans ses rangs, comme moi, JPP, Amoros, Di Meco, Canto, Sauzée, Deschamps... et on était tous titulaires ! Mais ce que je retiens, ce sont aussi les relations privilégiées que j'avais avec lui. On n'imagine pas le quart des choses qu'on a vécu ensemble avec Bernard, et ça restera entre lui et moi".
Il te considérait comme son relai avec le vestiaire ?
BP : "Oui, on parlait tous les jours, en direct ou au téléphone. Il m'appelait à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, car il ne dormait jamais. Quand il voulait savoir quelque chose, prendre la température du vestiaire, quand il avait une idée, quand il voulait parler tactique... dès que le téléphone sonnait la nuit, je savais qui c'était (rires)".
Pourquoi vient-il te chercher à l'été 90, alors que tu évolues à Bordeaux ?
BP : "Parce que ça l'emmerdait que je sois chez le concurrent ! Cette année-là, je suis le numéro un français au poste de numéro 6, et vu qu'il ne voulait que les meilleurs... Mais cela faisait trois ans qu'on se tournait autour. On se voyait chez lui à Paris, où sur son bateau Le Phocéa. On n'arrivait pas à finaliser, et l'année que je fais à Bordeaux a précipité les choses".
Tu es le patron de cette équipe qui ira jusqu'à la finale de C1 à Bari, mais tu te blesses avant la demi-finale...
BP : "Voilà, je me pète le genou juste avant la demi-finale face à Moscou. Je dois me faire opérer, mais Bernard ne veut pas, il veut que je reste dans le groupe, que je serre les dents pour jouer. Il commande même une attelle spéciale pour les footballeurs américains. La veille de Moscou, je m'entraîne normalement et il me dit que je vais jouer. Je lui réponds que je ne peux pas me le permettre, qu'il n'y a que deux remplaçants à l'époque et que si ça lâche, ce n'est pas raisonnable. Du coup, je ne joue pas et lorsqu'on doit partir à la mise au vert pour la finale à Bari, je n'ai pas ma feuille de route. Je vais voir Bernès et il me dit que je partirai dans l'avion des épouses de joueurs. Inutile de dire que je l'ai eue mauvaise et je suis resté chez moi. Quelques semaines plus tard, je fais le choix de partir et j'accepte un gros contrat que me propose le PSG".
Un choix qui fait parler à l'époque !
BP : "Oui, mais avec mon opération, je sais que j'en ai pour six mois pour revenir. Et comme Didier Deschamps revenait de prêt, je savais que ce serait dur pour moi de me refaire une place et, dans le même temps, le PSG de Biétry et Denisot me fait une très belle proposition, alors que j'avais déjà 31 ans. Je suis allé voir Bernard et il m'a laissé partir, même s'il tenait à me garder. Il a été très classe sur le coup".