Samedi dernier, à la veille d'OM - Saint-Etienne, Jacques-Henri Eyraud accueillait au Vélodrome 250 membres d'OM Nation pour la première réunion actuelle de ce regroupement de supporters olympiens à travers le monde. Des supporters expatriés et acharnés qui ont désormais une existence officielle et peuvent, entre autres, communiquer avec le club via des canaux réservés pour donner leur avis au président lui-même, ce dernier étant très attaché à cette façon de développer club à l'international. En tout, ce sont 13 000 fidèles qui ont déjà rejoint les douze sections OM Nation, et ce n'est pas terminé puisque d'autres pays devraient rapidement se joindre à la bande. En attendant, le président olympien communique régulièrement avec ces supporters du bout du monde, et il les a accueillis en personne la semaine dernière pour une séance de questions - réponses sans langue de bois. Chris Degenis, le responsable OM Nation de Dubaï, en dévoile les grandes lignes au Phocéen. Interview :
Comment s'est déroulée cette réunion avec Jacques-Henri Eyraud ?
Chris Degenis : "Les semaines précédentes, beaucoup de questions lui ont été envoyées en amont et il a essayé de répondre à celles qui revenaient le plus, comme nos inquiétudes sur la saison actuelle et le mercato. Il a de nouveau expliqué que lui et Frank McCourt travaillaient sur un projet à long terme et il est notamment revenu sur l'état dans lequel était l'OM lorsqu'ils sont arrivés. La valeur de l'équipe était, par exemple, inférieure à celles de clubs comme Bordeaux, Saint-Etienne ou Nice, et il fallait commencer par là pour rebâtir. Aujourd'hui, l'OM est quatrième à ce niveau-là et continue de grimper. Pour cela, il nous a expliqué que le but était de compter à terme quatre ou cinq joueurs issus du centre de formation dans l'équipe première. Les investissements à ce niveau-là sont d'ailleurs assez importants".
On imagine que vous avez évoqué les difficultés de la saison actuelle ?
CD : "Bien sûr. Jacques-Henri Eyraud nous a avoué que certaines choses ne s'étaient pas passées comme prévu. Qu'il aurait par exemple préféré inverser cette saison avec la saison précédente, ce qui aurait été beaucoup plus logique. On lui a aussi posé la question des investissements à venir. Là-dessus, il est revenu sur les 200 millions annoncés et les 180 déjà investis. Il sait qu'il faut continuer à mettre de l'argent, mais il ne veut pas que l'OM soit considéré comme une vache à lait par les clubs vendeurs. Il nous a aussi expliqué que l'OM était devenu un club où les joueurs étaient de passage, et lui souhaite que l'OM redevienne un véritable objectif pour les joueurs et non un tremplin".
Lui avez-vous adressé des critiques personnelles, ou des reproches ?
CD : "C'était d'abord une réunion conviviale, mais oui, on lui a notamment demandé pourquoi un président de l'OM comme lui était aussi discret. Pourquoi il ne répondait pas aux attaques de Jean-Michel Aulas par exemple. Il nous a répondu que son but n'était pas de faire du buzz, mais de travailler sur le fond. Il a aussi parlé du fameux "Champions Project" qui lui tombait régulièrement dessus. Pour lui et Frank McCourt, il s'agissait surtout d'affirmer des ambitions telles que jouer régulièrement la Champions League, et qu'il ne fallait pas tout prendre au premier degré".
On imagine que les critiques ont aussi porté sur le mercato ?
CD : "Oui, il a notamment évoqué le dossier du latéral gauche pour donner un exemple. Il y avait des joueurs ciblés, mais pour certains, on leur demandait des prix bien au-dessus du marché, ou alors ils étaient retenus au dernier moment par leur club. Il ne souhaitait pas acheter pour acheter. En revanche, il a donné l'exemple de Balotelli pour expliquer que si on paye le prix fort, on peut faire signer qui on veut. C'est un équilibre à respecter. J'ai trouvé son discours assez cohérent et rassurant".
Cette idée d'OM Nation est finalement une réussite après quelques mois d'existence ?
CD : "Absolument. On sait bien qu'elle est parfois critiquée à Marseille, mais il faut comprendre qu'on existe aussi, nous qui sommes expatriés depuis des années. On continue de vivre l'OM encore plus fort avec le manque. On regarde les matches au milieu de la nuit, on se réunit et on vibre avec la même passion. C'est une façon pour nous de rester en contact, de discuter avec eux, de donner des idées et de développer l'image de l'OM à l'étranger. Pour nous, à Dubaï, on est entourés de supporters du PSG, et le fait de nous fédérer nous permet de nous faire entendre. On a, par exemple, réussi à trouver un établissement qui accepte de retransmettre tous les matches de l'OM, et petit à petit, on arrive à convertir des gens qui n'étaient pas supporters à la base. J'imagine que c'est pareil ailleurs et c'est notre façon à nous de nous battre pour le club".