OM : Méité, Mbemba, Wahi, Rabiot, les jeunes... le point de Pablo Longoria

Bamo Meïté est un joueur qui a un peu disparu des radars. Roberto De Zerbi nous a parlé à plusieurs reprises des défenseurs centraux, mais il l’a très rarement cité. Il a même parfois préféré aligner Oliver en défense centrale. Malgré les changements tactiques, cela ne lui a pas vraiment offert plus de temps de jeu. Pouvez-vous nous faire un point sur sa situation et nous dire s’il y a une possibilité de départ pour lui cet hiver ?

Pablo Longoria : "Je ne vais pas, et je ne peux pas, entrer dans les décisions techniques prises par l’entraîneur. Ce serait un manque de respect et ce n’est pas mon rôle. Cependant, pour être juste, je tiens à dire que Bamo a traversé un été compliqué, marqué par beaucoup de hauts et de bas. Ce n’était pas un joueur qui s’était stabilisé durant cette période. Je ne dis pas que cela explique tout ce qui s’est passé en septembre, octobre, novembre et les mois suivants, mais je veux souligner une chose en tant que président du club : sa réaction au mois de septembre a été exemplaire. Quand j’ai parlé au groupe, je l’ai même cité comme un exemple de travail et d’engagement. Il a fait preuve de changements très positifs, ce qui a été apprécié par tout le monde ici au club. Pour le reste, ce sont des décisions qui reviennent à l’entraîneur. Il choisit les joueurs qu’il considère les plus adaptés aux matchs et aux idées qu’il veut mettre en place. Mais je tiens à souligner publiquement que les efforts et les progrès réalisés par Bamo en septembre ont été remarquables et méritent d’être reconnus."

Que va-t-il se passer avec Chancel Mbemba cet hiver ?

Pablo Longoria : "Rien n’a changé, il faut être clair. Chancel a été informé de sa situation par le coach et la direction dès le mois de juin 2024. Le club a respecté tous ses engagements légaux envers le joueur, et je tiens à le souligner. Concernant son comportement au sein du groupe, je n’ai rien à lui reprocher. Il se montre professionnel malgré cette situation difficile, qu’il connaissait dès le départ. Cet hiver, la position du club est très claire : le joueur a un prix. Si une offre correspondant à ce prix arrive, nous serons heureux de trouver une solution bénéfique pour toutes les parties. Cependant, le respect du club est primordial. Lorsque nous sommes clairs et transparents, nous attendons la même clarté en retour. Chacun est libre de prendre ses décisions, mais personne ne passera au-dessus du club."

Pour enchaîner sur le cas Chancel Mbemba, mais de manière plus générale : il y a eu ce loft, un terme que vous avez vous-même utilisé tout à l’heure. Avec le recul, n’est-ce pas un manque d’élégance de mettre certains joueurs à l’écart, pour ensuite les réintégrer s’ils ne trouvent pas de club ? Le cas de Mbemba semble différent, puisqu’il y a eu un conflit avec la direction. Mais, par exemple, Ulisses Garcia a été placé dans les mêmes conditions avant d’être réintégré. Estimez-vous que cette décision était la bonne pour le club ?

Pablo Longoria  : "Je pense sincèrement que c’est l’une des meilleures décisions prises au club depuis juin. Dans une organisation, les responsabilités doivent être clairement définies, et les pouvoirs doivent être exercés là où ils doivent l’être. Après une saison décevante, marquée par de nombreux événements, nous avions besoin de clarifier ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas, ainsi que la manière dont l’autorité devait être exercée. J’ai pris cette décision avec le soutien total de Frank McCourt, car c’était un risque, notamment un risque financier. Je sais qu’un joueur mis dans cette situation perd souvent en discipline et en clarté. Mais il était crucial que tout le monde comprenne où réside le pouvoir et comment il s’exerce. Ce que nous avons gagné en termes de clarté et de discipline dépasse de loin ce que nous aurions pu perdre économiquement. Je ne regrette absolument pas cette décision, car elle était nécessaire pour changer la dynamique héritée de la saison dernière. Cependant, tous les cas ne sont pas similaires. Beaucoup de joueurs ont compris la situation et sont partis, et je tiens à remercier leur professionnalisme, car je suis conscient que ce genre de situation est difficile pour un joueur de football. Être mis à l’écart est une épreuve, tout comme il est difficile pour les supporters d’accepter une saison terminée à la huitième place malgré les moyens mis en place. En revanche, certains joueurs se sont comportés de manière exemplaire. Prenons l’exemple d’Ulisses Garcia : tout au long de l’été, son comportement a été irréprochable. Cela lui a permis de réintégrer l’équipe. Certes, nous n’avons pas reçu d’offres à la hauteur des attentes du club, mais son attitude a joué un rôle important. Ulisses est un joueur international suisse, qui a joué en Ligue des Champions. Même s’il ne faisait pas partie des plans initiaux, son exemplarité lui a ouvert une seconde chance. Une anecdote m’a particulièrement marqué : après avoir marqué contre Lyon, il a envoyé un message de remerciement au directeur de l’équipe, Ali Zarrak, pour le soutien et l’aide qu’il avait reçus. Cela montre la classe de la personne et sa capacité à surmonter les épreuves. En conclusion, je suis satisfait de la décision concernant le loft. C’était une mesure nécessaire pour changer la dynamique du club, amorcer un nouveau cycle, et instaurer des valeurs saines au sein de l’organisation."

Est-ce qu’un départ cet hiver d'Elye Wahi pourrait être envisagé ou est-ce totalement exclu ?

Pablo Longoria : "Pour nous, c’est hors de question. Je prends l’initiative de le dire même sans en discuter avec la partie sportive, car au club, nous croyons énormément au potentiel d’Elye. Comme je l’ai dit lors de précédentes conférences de presse, Marseille n’est pas un club facile. Mais il est aussi vrai que chaque joueur a son propre rythme, son adaptation, son timing. Avec Elye Wahi, je suis convaincu que nous avons l’un des meilleurs jeunes attaquants en Europe. Même aujourd’hui, malgré des hauts et des bas, je crois que son heure viendra. Nous sommes sereins à ce sujet, et il doit l’être également. Nous avons une grande confiance en son avenir et nous sommes persuadés qu’il finira par s’imposer ici, car il a toutes les qualités pour réussir."

Il me semble que le contrat d'Adrien Rabiot avait été présenté comme étant d’une durée de deux ans, mais je ne sais pas si vous l’aviez formulé ainsi. De quoi dépend le fait qu’Adrien reste à l’Olympique de Marseille ? Est-ce une décision qui lui appartient ? Peut-on supposer que cela dépendra d’une qualification en Ligue des Champions ? En résumé, qui détient les clés pour que l’aventure Rabiot à Marseille se poursuive au-delà de cette saison ?

Pablo Longoria : "Adrien est l’une des personnes avec les valeurs humaines les plus remarquables que j’ai rencontrées dans ma carrière. C’est un joueur et une personne extraordinaires. Concernant son avenir, de quoi cela va-t-il dépendre ? Honnêtement, je pense que tout se jouera lors d’une discussion en juin, à la fin de la saison. Ce sera l’occasion de faire le point : est-ce que tout le monde est satisfait ? Est-ce que nous avons réussi ce que nous avions envisagé au début de la saison, en septembre ? Personnellement, j’aimerais qu’il reste tout le temps. Pour l’homme qu’il est, pour les valeurs qu’il incarne au quotidien, et pour ce qu’il apporte chaque jour au club. Mais il est normal d’avoir une conversation en fin de saison pour savoir s’il est lui aussi satisfait et s’il estime que choisir l’Olympique de Marseille était la bonne décision. Comme le coach l’a dit, si tous les joueurs étaient comme Adrien, nous serions beaucoup plus satisfaits aujourd’hui. Il est exceptionnel, sur le terrain comme en dehors."

Je voulais élargir la question sur Elye Wahi, en parlant des jeunes joueurs. Cet été, on a beaucoup évoqué le nouveau projet, avec l’idée de développer des jeunes talents capables d’apporter une plus-value sportive, tout en grandissant sous les ordres de Roberto De Zerbi. À terme, l’objectif était aussi de générer une plus-value financière grâce à de beaux transferts. C’est vrai qu’il y a eu Elye Wahi, mais aussi des investissements importants sur Lilian Brassier ou Ismaël Koné. Aujourd’hui, le coach semble s’appuyer sur une équipe plus expérimentée, ce qui peut s’expliquer par les exigences de la Ligue 1 et le contexte actuel. Quelle est ta réflexion sur ces jeunes joueurs dans lesquels le club a beaucoup investi ? Envisagez-vous de les prêter dès janvier, notamment en raison du faible temps de jeu et de l’absence de Coupe d’Europe ? Quel bilan fais-tu de ce projet jusqu’ici ?

Pablo Longoria : "Notre volonté cet été était de constituer un effectif plus jeune. Cela répondait à deux besoins : compenser la baisse des droits télévisés et garantir la pérennité financière du projet. Roberto De Zerbi est l’un des entraîneurs en Europe avec un excellent bilan dans le développement et les transferts de joueurs, que ce soit à Sassuolo, au Shakhtar ou à Brighton ces dernières années. Investir sur de jeunes joueurs était une décision réfléchie et nécessaire. Cependant, il est vrai qu’un entraîneur, lorsqu’il trouve une dynamique positive, cherche à donner de la continuité à une équipe qu’il considère comme la plus apte à produire des résultats immédiats. Les résultats obtenus soutiennent souvent les choix qu’il a faits, et cela peut rendre difficile l’intégration régulière des jeunes joueurs. Cela dit, il est essentiel de protéger la valeur des joueurs dans lesquels nous avons investi, en leur donnant des opportunités sur le terrain. Je reconnais que certains joueurs estiment que leur temps de jeu est inférieur à leurs attentes. Mais c’est la réalité du football et des décisions prises au sein d’un groupe sportif. Notre objectif en tant que club est de créer de la valeur avec l’effectif actuel. Nous croyons fermement aux investissements réalisés. Chaque opération a été discutée avec le coach, et si c’était à refaire, nous les referions, car nous étions convaincus par ces choix. Toutefois, le temps d’adaptation peut varier d’un joueur à l’autre. Nous allons analyser chaque cas pour prendre les meilleures décisions. La priorité reste la performance collective de l’équipe, mais nous devons aussi réfléchir à l’avenir des jeunes joueurs dans lesquels nous avons investi. Cet été, notre réflexion globale visait à bâtir un effectif plus jeune pour créer de la valeur, surtout face à la baisse des droits télévisés. Cela nous oblige à construire une stratégie permettant de compenser cette perte et d’assurer la stabilité économique du club à long terme."