OM : mais qui se cache derrière les Colinterview ?
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 27/03/2022 à 16:00
Rencontre avec Colin, le journaliste d'Oh My Goal qui commence à se faire un nom avec ses interviews sur Youtube.
Le concept commence à être connu de tous. Des interviews en visio avec un footballeur, pour reprendre sa fiche Wikipédia. Un concept souvent proposé mais rarement avec ce ton, cette vraie gentillesse qui contamine même les commentaires. Résultat, en un peu plus d'un an, la Colinterview a concerné Wesley Fofana, Djibril Cissé, Adil Rami, Vito Hilton, Rémy Cabella, Souley Diawara, Stéphane MBia, Romain Alessandrini, Benoît Cheyrou, Valère Germain, Benoît Pedretti, Bafé Gomis, Mamadou Niang et Rod Fanni, pour ne citer que les joueurs proches de l'OM. Inteview avec la nouvelle machine à anecdotes.
Bonjour Colin, on va démarrer par une question simple, est-ce que tu es heureux de la tournure des évènements ?
Colin Dicanot : "Oui. J'ai vécu une année de folie. C'est un format où on est parti de rien, vraiment. Je ne pensais pas qu'en un an, on en serait à un tel succès, ça dépasse mes espérances et c'est de bon augure pour la suite".
Inversons les rôles, raconte-nous le tout début, d'où tu viens, comment tu arrives au journalisme sportif ?
C.D : "Je viens d'une famille modeste en région parisienne, en Seine et Marne, à la campagne, avec trois frères et de parents qui ont toujours été présents, qui ont toujours fait en sorte qu'on n'ait pas de limites dans nos ambitions et fait le maximum pour nous. J'ai fait mes études du côté d'Angers après un BAC STG. On m'encourageait à aller vers les études littéraires mais j'étais un peu feignant. J'ai toujours adoré le foot en parallèle, mais je me suis assez vite rendu compte que c'était impossible pour moi d'être pro, même sans blessure aux ligaments ! J'étais un enfant de Canal+, j'ai beaucoup mangé du foot à la télé, j'écoutais Grégoire Margotton, et ça m'a donné envie de faire cette carrière-là. Donc j'ai fait des études de langues étrangères et civilisation à la fac d'Angers, avec tous les cours en anglais, la troisième année, je l'ai faite aux Etats-Unis, dans le Missouri, et de retour en Europe huit mois plus tard je suis allé à l'Université de Lincoln en Angleterre pour faire un Master de journalisme. Via mon cursus, je fais un premier stage chez Canal+ dans la rédac foot. Ca s'est bien passé et ils font appel à moi en 2016 pendant l'été pour les JO. A la suite de ça, je reviens pour de bon en France. Mais j'ai été recalé de toutes les rédactions ! On m'avait beaucoup encouragé à aller vers l'étranger pour avoir un profil un peu atypique, mais quand je suis revenu on m'a reproché d'avoir un profil un peu atypique. En France, on fonctionne beaucoup avec les stages de fin d'année qui permettent de basculer sur un contrat. Moi je n'en avais pas donc aucune porte ne s'est ouverte, jusqu'à ce que Oh My Goal m'engage pour le Mondial 2018. En attendant, j'ai fait des petits boulots : livreur, noter les datas de matchs pour un centre comme Opta... Oh My Goal me prend pour un projet qui tombe à l'eau mais le feeling passe bien et ils me gardent quand même. Merci encore à Maxime Horbez, Hugo Le Carnec et Steve Kouessan. Du coup j'ai fait mes gammes là-bas, de rédacteur web à animateur de show en passant par Colinterview".
La force de Colinterview, c'est la gentillesse qui s'en dégage. Du coup, même ceux qui commentent mettent leurs réflexions habituelles et désagréables de côté. Tout le monde se met à ton niveau...
C.D : "Ce qui est beau dans ce que tu dis c'est que c'est exactement ce que je recherche. Ce ne sont pas les commentaires gentils, même si ça fait toujours plaisir. Mais c'est vraiment d'être aux antipodes de ce qu'il se fait. Je respecte tous les contenus et ceux qui ont réussi en donnant leurs avis par exmeple. Avant l'aventure Oh My Goal, je suis passé par le Club des 5 et je le faisais. Puis je me suis demandé qui j'étais pour dézinguer un mec qui faisait une mauvaise prestation, encenser un mec qui si ça se trouve n'est pas meilleur qu'un autre qui n'est lui pas dans les meilleures dispositions... J'avais un problème avec ça. J'ai grandi avec un père qui en avait marre de voir de partout des débats agressifs sur le foot à répétition sur toutes les chaînes. Lui, il voulait de l'inside, il voulait comprendre. Donc quand il m'a été donné l'opportunité de faire ce show, c'est vers ça que je voulais aller. De sortir du côté supporter, du consultant qui dézingue, qui a sa vérité, les combats de coqs sur Twitter. Là, on essaie d'oublier tout ça. Colinterview, ce sont deux potes qui boivent un verre à la fin d'une semaine éprouvante et qui parlent de leurs vies. C'est ça je pense que les fans et les joueurs apprécient. Et ça n'empêche pas de parler de ce qui fâche. Avec Bacary Sagna, on parle de Knysna, un des moments les plus choquants de l'histoire du foot. Pour autant, il n'a jamais senti que je le jugeais, que je lui reprochais quoi que ce soit. C'est ce que les footballeurs recherchent : une empathie, sans pour autant faire un gros titre derrière. Juste que l'on entende ce qu'ils ont à dire".
"Colinterview, ce sont deux potes qui boivent un verre à la fin d'une semaine éprouvante et qui parlent de leurs vies"
Il y a une méthodologie particulière pour ça ?
C.D : "Quand on prépare une interview, ça prend du temps. Ce n'est pas juste des stats, des faits, des impressions du terrain. J'essaie de faire le lien entre tous les événements de la carrière d'un joueur. J'essaie de comprendre la logique. Pourquoi un mec constamment pète tout la première saison avant de se relâcher dans un club et de recommencer le même cycle ailleurs ? Je veux savoir pourquoi il vit ça. C'est plus cette approche qui fait qu'ils se confient. Je vois mon meilleur pote qui est désagréable, je le vois, mais j'attends le lendemain pour lui demander pourquoi il était de mauvaise humeur. Kurzawa, quand je lui parle de la remontada, il n'est pas capable de me mettre des mots. Mais on le laisse. Rien que son silence, ça dit beaucoup".
Maintenant, avec la notoriété et le carton d'audience des Colinterview, est-ce que c'est plus simple d'avoir des joueurs ?
C.D : "Quand tu te dis qu'un mec comme Bafé Gomis attend son tour désormais, c'est fou, je n'arrive pas à réaliser. Des agents commencent à passer des coups de fil aussi. Avec les réseaux sociaux, tout le monde est abordable, c'est le bon côté. Donc je peux recevoir un message d'un footballeur qui me dit "j'adore ce que tu fais". Giroud après l'interview, il a fait un petit message pour ma mère, ça vaut tout l'or du monde. Le message vocal d'Adil Rami qui me remercie pour ma bienveillance, je ne sais pas s'il y a une meilleure façon d'être félicité. Les vues, le compte Instagram qui gonfle c'est génial, mais là, tu sais que tu l'as touché. A l'inverse, parfois on oublie que je suis journaliste. On pense que je suis un ancien joueur de foot. On me dit "t'as joué où avant ? C'est là que t'as connu untel ?" Mais je ne connais personne moi !"
Par contre, tu commences à bien connaître l'OM à force d'avoir des Marseillais dans ton programme... c'est aussi pour l'audience ?
C.D : "Évidemment, un mec qui te parle de l'OM, ça va faire plus de vague qu'un mec qui te parle de Caen ou Lorient. J'essaie de parler de toute la carrière d'un invité. L'OM, forcément, ça attire l'audience, c'est vrai. Personnellement, j'ai toujours eu du respect pour la ferveur de l'OM. Ca fait le championnat de France, comme je regrette qu'il n'y ait pas un club corse en Ligue 1. Mais c'est vrai, en parlant avec les joueurs, j'ai été surpris de voir à quel point le fait de jouer à l'OM pouvait les transcender. C'est une vérité est partagée par les joueurs. L'OM ne laisse personne indifférent. Chez les supporters mais chez les joueurs aussi, il faut juste les écouter et les laisser eux en parler".
Retrouvez l'intégralité de cet entretien dans le Phocéen Mag du mois d'avril