Le président de l'OM était l'invité de France Bleu Provence ce mardi matin pour répondre notamment aux questions des auditeurs. L'occasion pour Jacques-Henri Eyraud de balayer tous les sujets d'actualité. Voici ses réponses en fonction des thématiques :
Sur le fait qu'il ne monte pas au créneau pour épauler médiatiquement Villas-Boas
"D'abord, André Villas-Boas c'est le coach et l'OM joue deux matchs par semaine. On l'entend quatre fois et c'est normal. Ce n'est pas trop. Dans les vieux modèles, on pense que c'est à un président de s'exprimer sur Pierre, Paul ou Clément. Quand un de nos joueurs a eu un carton rouge, vous pensez que ça va aider si je pousse une gueulante dans les médias ? L'arme du droit est importante. Je préfère faire avancer mes dossiers en coulisses, faire en sorte que Pape Gueye joue contre Reims plutôt que de montrer les muscles dans une interview".
Sur le mercato à venir
"On fait face à la plus grande crise de l'histoire du foot et on se demande si l'actionnaire va remettre de l'argent pour prendre de nouveaux joueurs. Je suis à la tête de l'entreprise et je vois un monde s'écrouler. La priorité c'est d'éteindre l'incendie. On parle tous de l'Angleterre mais avec ce qui se passe je pense qu'il va y avoir des conséquences extrêmement négatives. Il faudra être malin pendant ce mercato. On ne va pas forcément vendre des joueurs, et s'il y a des choses intéressantes à faire, bien sûr qu'on le fera. Mais il faut qu'on soit réaliste par rapport à ce marché, impacté par la Covid 19. Vous vous souvenez les fameux 200 millions dans le recrutement annoncés au départ ? On a investi 220 millions finalement. On a investi dans les infrastructures, dans la formation, où on a une vraie filière, solide. Le digital, les médias... on a fait un travail de fond. On a réussi à inscrire un club dans la stabilité. Avec Frank McCourt, on est convaincu que l'on n'obtient rien sans stabilité. Et quand on regarde nos résultats, on est bien plus stable que ce que pouvait être le club par le passé".
Sur la prolongation d'André Villas-Boas
"Je pense que c'est un excellent entraîneur. Il a la meilleure performance de tous les entraîneurs de l'OM au XXIe siècle. Je ne lui ai rien caché quand je l'ai recruté. Le contexte est encore plus particulier, il le sait, il le comprend, on discute et j'espère que ça évoluera de manière positive".
Sur la faillite de Médiapro
"C'est une catastrophe parce qu'on vit une double peine. C'est une défaillance incroyable, inexplicable. On parle beaucoup du secteur culturel, du théâtre. On est un théâtre qui paie ses acteurs mais qui n'est pas diffusé. C'est 65% du chiffre d'affaires qui s'envole. Ce qui se passe avec Mediapro est grave, c'est une trahison, je fais confiance à Vincent Labrune pour trouver une solution. L'OM n'est pas plus en danger que les autres. On a même un actionnaire solide, à la tête d'une entreprise familiale. On est rentré dans cette crise sans dette, ce qui nous permet d'être plus solides que d'autres. On espère que la suite arrivera assez vite avec d'autres diffuseurs. Maintenant il faut préparer l'avenir, comprendre comment on en est arrivé là et se demander comment le football doit évoluer la saison prochaine. Il y a énormément de colère. Au moment de l'appel d'offres, ils faisaient 1,7 milliard d'euros de chiffre d'affaires et étaient présents partout dans le monde. Il y a donc ce sentiment de trahison, d'irresponsabilité. Trouver des solutions sur cette année ça va être difficile".
Sur les critiques et les appels à la démission
"Ca fait partie du job et ce n'est pas grave. Je suis là pour expliquer l'action des 300 collaborateurs du club, c'est ma mission. Il y a un grand monsieur de l'histoire de France, Clémenceau qui dit "ne craignez pas d'avoir des ennemis, si vous n'en avez pas, c'est que vous n'avez rien fait". Mon objectif, c'est de faire partie des 10 plus grands clubs d'Europe. Une manière de rendre les Marseillais fiers, c'est aussi de faire en sorte que le club quitte la chronique judiciaire".
Sur le projet de rachat de Mourad Boudjellal
"Tout journaliste sérieux a compris qu'on était dans la supercherie et l'imposture. On nous a expliqué qu'on était en discussions alors qu'il n'y a jamais rien eu. Donc c'est de la déstabilisation et ça va se régler devant les tribunaux. Je vous ai parlé du top 10, ça va prendre du temps, Frank McCourt est là pour le long terme".
Sur son recul depuis la nomination de Longoria et Ouvrard
"En terme d'organisation on vit une année particulière, on ne peut pas être partout. On ne peut pas être dans le vestiaire, avec les équipes, influencer comme on veut les instances. Il faut travailler avec Frank McCourt sur les grandes orientations stratégiques. Quand on est l'OM, il faut que la voix porte, dans les instances nationales et européennes. Ce qu'on a vécu en 2020 est un tournant, il faut qu'un club de football s'implique plus dans la vie de la cité, et on va le faire de plus en plus".
Sur la nomination de Benoît Payan en tant que maire de Marseille et une éventuelle vente du Vélodrome au stade
"Racheter le stade, ce n'est pas notre principale préoccupation. On est un club de football, on est le plus gros investisseur de la ville. On ne veut pas de médaille ou de tapis rouge, on veut juste participer au développement de Marseille. On a des intérêts communs, quand l'OM va bien, Marseille va bien. On a envie que cette nouvelle équipe réussisse et j'espère qu'ils ont envie qu'on se développe"
Sur l'extrait vidéo qui a fait le tour d'internet sur ses méthodes de recrutement et OMtv
"C'est tout sauf un dérapage. L'un des défis, c'est l'équilibre entre passion et raison. Bien sûr qu'on aime ce club. Boubacar Kamara... Est-ce que vous croyez que c'est parce qu'il est Marseillais qu'il est titulaire ? C'est parce que son coach pense que c'est le meilleur à son poste. Là, c'est pareil, on cherche à recruter les meilleurs. Des gens intègres, professionnels, et s'ils sont supporters de l'OM, c'est un plus. Pitié, arrêtons de caricaturer mes propos, je ne suis pas contre les Marseillais, on est fiers de l'être et c'est très bien. L'OMtv, il y avait des choses de grande qualité. Mais à l'heure des réseaux sociaux, il faut communiquer différemment. On a 14 millions d'abonnés sur les réseaux sociaux. Ce n'était pas une critique sur ce qu'ont fait les équipes à l'époque mais je pense juste que ce n'était plus le moyen de les diffuser, sur le satellite".
Sur l'absence des supporters au stade à cause du Covid
"Depuis six mois c'est l'enfer pour les joueurs, pour les supporters. Il faut vite que ce virus s'en aille et que les supporters retrouvent les stades. Ce qu'on voit nous fait comprendre à quel point les supporters sont au cœur du foot. On en est tous conscients au club".