OM Actualités Foot de l’Olympique de Marseille

Rejoignez notre communauté

pour profiter de vos avantages

Thème d'affichage
Interview

OM-Le Havre : "Une victoire du Havre serait un véritable exploit "

Par la rédaction du Phocéen

Publié le 05/01/2025 à 15:15

OM-Le Havre : "Une victoire du Havre serait un véritable exploit "OM-Le Havre : "Une victoire du Havre serait un véritable exploit "

L’Olympique de Marseille reçoit Le Havre ce dimanche à 20h45 dans le cadre de la 16e journée de Ligue 1. Face à une équipe havraise en grande difficulté depuis le début de la saison, une victoire des hommes de Didier Digard au Vélodrome serait un véritable exploit, selon Clément Lesage, journaliste pour Paris-Normandie. Entretien.

À quel visage du Havre doit-on s’attendre ce dimanche au Vélodrome ? Et plus globalement, comment l’équipe joue-t-elle depuis la nomination de Didier Digard en début de saison ?

Clément Lesage : "Pour commencer, on attend tous un visage plus conquérant de la part du Havre, surtout après un mois de décembre particulièrement compliqué. Fin novembre, il y avait pourtant eu une belle victoire à Nantes, qui laissait penser que la saison était enfin lancée. Mais ensuite, le club a enchaîné de lourdes défaites. Jusqu’ici, le HAC s’était montré solide contre les équipes de bas de tableau mais totalement dépassé face aux gros du championnat. Ils avaient battu des concurrents directs pour le maintien, comme Saint-Étienne ou Auxerre. Mais face aux cadors, le bilan est sévère : 4 buts encaissés contre Lyon, 3 contre Lille et Monaco et encore 4 contre Paris. Cela donnait déjà une tendance préoccupante, mais décembre a marqué une rupture. Le Havre a d’abord perdu contre Angers, pourtant une équipe jugée « abordable », avant de subir un lourd 3-0 contre Strasbourg. La dynamique s’est encore dégradée lors du dernier match de l’année, avec une élimination en Coupe de France face au Stade Briochin, une équipe de National 2. Aujourd’hui, l’équipe est clairement dans une spirale négative. Contre l’OM, on espère voir un visage plus combatif, pourquoi pas un match solide ou au moins disputé face à un adversaire de haut niveau. Car pour l’instant, la saison tourne au vinaigre, et il est urgent pour les Havrais de redresser la barre."

Justement, pour rebondir sur le visage attendu, Abdoulaye Touré a expliqué en conférence de presse que l’objectif n’était pas de venir à Marseille pour « mettre le bus ». Pensez-vous que le Havre va chercher à presser l’OM haut sur le terrain, ou qu’ils opteront malgré tout pour un bloc bas avec deux lignes de quatre bien en place, compte tenu de la différence de niveau ?

Clément Lesage : "Pour être honnête, j’ai du mal à imaginer le Havre jouer très haut face à l’OM, surtout quand on connaît le style marseillais, basé sur la possession. Je doute que le HAC parvienne à monopoliser le ballon, ce qui les poussera probablement à défendre très bas, avec un bloc compact. Leur stratégie devrait principalement consister à exploiter les contre-attaques. Je ne m’attends pas à ce qu’ils adoptent un style de jeu différent, d’autant que le Havre a beaucoup de mal offensivement cette saison. En Ligue 1, ils marquent très peu. Abdoulaye Touré, leur milieu récupérateur, est actuellement leur meilleur buteur avec seulement trois réalisations. Du côté des attaquants, le constat est encore plus préoccupant : Casimir, forfait pour ce match, n’a marqué qu’un seul but. Quant à Ayew, Soumaré et Sabbi, ils n’ont toujours pas trouvé le chemin des filets. Il serait surprenant de voir le Havre produire un jeu offensif ambitieux. Ils devraient plutôt se concentrer sur leur organisation défensive et tenter de limiter les dégâts face à une équipe de l’OM qui a les moyens de les mettre en difficulté."

Je rebondis sur ce que vous venez de dire. Le Havre est aujourd’hui la pire attaque du championnat avec seulement 11 buts marqués. Selon vous, est-ce un problème de manque de talent offensif ou d’une animation défaillante ? Vous mentionniez les buteurs, et comme vous le disiez, le seul attaquant à avoir marqué est Casimir. Pensez-vous que cela reflète un vrai déficit de talent offensif ?

Clément Lesage : "Oui, clairement. C’est un problème multifactoriel. Le groupe du HAC n’a pas été significativement renforcé cet été faute de moyens financiers. L’effectif est resté quasiment identique à celui de la saison dernière. Or, même l’an dernier, ce n’était pas une équipe particulièrement prolifique, mais elle parvenait à marquer davantage. Cette saison, les attaquants ne marquent plus du tout, ce qui est inquiétant. Cela s’explique en partie par un manque de talent offensif, mais aussi par une animation défaillante. Beaucoup de joueurs semblent en deçà de leur niveau habituel, et André Ayew en est l’exemple le plus frappant. Il était censé relancer l’animation offensive du HAC, surtout après son premier passage convaincant. Lorsqu’il est arrivé l’an dernier en octobre, il y avait beaucoup d’espoir autour de lui, même si personne ne savait vraiment à quoi s’attendre. Finalement, il a agréablement surpris en marquant cinq buts importants lors de la deuxième partie de saison. Cette année, le contraste est flagrant. Il n’a toujours pas trouvé le chemin des filets et reste très discret dans le jeu. Son impact est quasiment nul. Il est arrivé à court de forme, mais Didier Digard n’a pas eu d’autre choix que de le lancer rapidement, faute de solutions offensives viables. Aujourd’hui, le HAC souffre donc à la fois d’un manque de talent devant et d’une animation offensive insuffisante."

Quels seraient les joueurs à surveiller côté havrais ?

Clément Lesage : "Je pense malgré tout à André Ayew, s’il débute. C’est son grand retour au Vélodrome, et il voudra certainement prouver qu’il peut encore faire la différence. Ce match pourrait être l’occasion pour lui de véritablement lancer sa saison. C’est un rendez-vous qui comptera beaucoup pour lui sur le plan personnel. Côté havrais, la situation est compliquée. L’équipe est lourdement affaiblie par une épidémie de grippe qui touche plusieurs joueurs. À cela s’ajoutent des blessures importantes : Sabbi, un attaquant, sera absent en raison d’une blessure à la cheville. N’Goura, titulaire lors de la dernière rencontre, a quitté le club pour rejoindre Bruges. Quant à Casimir, le seul attaquant havrais à avoir marqué cette saison, il s’est blessé récemment et est absent."

Pensez-vous que l’élimination en Coupe de France a mis un vrai coup sur la tête des joueurs, notamment après cette défaite au 3e tour face à une équipe de National ?

Clément Lesage : "Un coup sur la tête ? Pas forcément, car l’équipe était déjà en grande difficulté avant cette élimination. Cela pourrait cependant être perçu comme un électrochoc. Pour la première fois, Didier Digard, l’entraîneur, a tenu des propos véhéments envers ses joueurs. Plus rare encore, Matthieu Bodmer, le directeur sportif, s’est également exprimé publiquement pour critiquer directement l’implication de l’effectif. Jusqu’ici, Digard était souvent considéré comme la cible facile. Nouveau venu, il succède à un coach très apprécié et a été désigné responsable de tous les maux du club. Pourtant, la situation semble bien plus complexe. Avec cette élimination, pour la première fois, les joueurs ont été confrontés à leurs responsabilités. Ils ont dû faire face à leurs erreurs, et il semble que le discours interne se soit durci. Il y a donc clairement eu une volonté de provoquer un électrochoc. Le Havre a touché le fond avec cette défaite, et la situation ne peut guère empirer. Une réaction est désormais attendue, car le club doit absolument relever la tête pour espérer relancer sa saison."

Comment l’OM est-il perçu du côté du Havre ? On sait que c’est un club retentissant à l’échelle nationale, souvent au cœur des discussions depuis le début de saison. Malgré des améliorations contre Monaco et Lille, l’OM semble avoir du mal à domicile. Avec l’arrivée de Roberto De Zerbi et ce nouveau projet sur trois ans mené par Pablo Longoria et Medhi Benatia, comment est-ce que le Havre perçoit tout cela ?

Clément Lesage : "Au Havre, l’OM est forcément vu comme un gros adversaire, un poids lourd du championnat qui évolue dans une catégorie supérieure. Didier Digard, l’entraîneur, a d’ailleurs tenu à rappeler que Marseille ne joue pas "le même championnat" que le HAC. La seule chose qu’il a soulignée à ce sujet, c’est qu’il refuse de s’inspirer du match contre Auxerre, où l’OM avait connu des difficultés. Pour lui, ce match n’est pas un repère, car Marseille a depuis changé de système. Avec le retour de Valentin Rongier, l’équipe semble avoir trouvé un bloc plus équilibré. Digard parle presque d’un "nouveau Marseille", différent de celui du début de saison. Il insiste surtout sur l’importance de l’état d’esprit, un point qui pourrait presque être interprété comme un aveu implicite des limites du Havre. Il sait que pour espérer quelque chose, son équipe devra être irréprochable dans l’engagement, car sur le plan technique et individuel, l’OM est largement supérieur dans quasiment tous les compartiments du jeu. Les chances du HAC sont faibles, mais ils tenteront tout de même de jouer crânement leur va-tout. Mais si l’OM prend rapidement l’avantage avec un ou deux buts, il sera très difficile pour le Havre de revenir dans le match."

Une victoire du Havre au Vélodrome serait-elle un exploit ?

Clément Lesage : "Oui, clairement. Au vu de la dynamique actuelle, des écarts de budget et des qualités respectives des deux équipes, ce serait un véritable exploit. Marseille a beaucoup plus à perdre que le Havre dans cette rencontre. Dans l’esprit de tout le monde, compte tenu de la forme actuelle, le Havre est largement considéré comme outsider."

Pour parler un peu du Havre, es-tu optimiste quant à leurs chances de maintien, ou penses-tu que les faiblesses offensives de l’équipe les condamnent à une descente en Ligue 2 la saison prochaine ?

Clément Lesage : "Honnêtement, je pense que le Havre file tout droit vers la Ligue 2. Certes, l’équipe n’est pas encore totalement décrochée. Elle est avant-dernière, juste devant Montpellier, et n’est qu’à trois points de Nantes, premier non-reléguable. Mais ces clubs  disposent encore de moyens pour se renforcer cet hiver, contrairement au Havre, qui est interdit de recrutement. Cela limite considérablement leurs options pour redresser la barre. Le club traîne un déficit de 10 millions d’euros, ce qui pourrait forcer une vente de ses rares valeurs marchandes. Sans moyens pour recruter, il ne reste que des paris risqués : signer des joueurs libres ou obtenir des prêts, sans garantie de résultat. Pendant ce temps, d’autres clubs, comme Montpellier, se positionnent sur des profils ambitieux, à l’image de Wissam Ben Yedder, ce qui est totalement hors de portée pour une équipe comme le Havre. Pour donner une idée du contexte, le recrutement du Havre cette saison s’est limité à Zouaoui, un joueur venu de Martigues (National), à deux jeunes, Londja et Bouneb, qui n’ont encore jamais joué en Ligue 1, et à André Ayew, recruté libre en octobre. Avec si peu de moyens et un effectif en difficulté, seul un réveil collectif et individuel pourrait éviter la relégation. Mais sans amélioration rapide, l’avenir s’annonce sombre."