Dans cette interview exclusive, François Rivier, journaliste et suiveur du Montpellier Hérault pour le Midi Libre évoque le début de saison du MHSC, l'héritage laissé par Wahi et Rulli à Montpellier, ainsi que l'impact de l'OM sous De Zerbi.
Peux-tu nous faire un point sur l'effectif et notamment la défense qui devrait jouer contre l'OM avec l'absence de Sagnan ?
François Rivier : La défense centrale, vu les absences et la suspension de Sagnan, ça se jouerait entre le jeune Dzodic et Birama Touré. Mais je pense que ça va être Touré, parce que le petit jeune, les deux fois où il a joué, il a été en difficulté. Donc, je pense que ce ne serait pas lui rendre service de le remettre là.
Peux-tu également nous faire un petit bilan du début de saison compliqué de Montpellier pour qu’on puisse mieux connaître l’équipe que l’on va affronter ?
François Rivier : C’est ça, tu as dit le mot juste : compliqué. C’est exactement le mot. Que ce soit en termes de résultats ou d’ambiance générale. Tu me diras, c’est logique : quand les résultats ne sont pas là, l’ambiance est moins bonne. Mais il y a aussi une espèce de chape de plomb sur le club avec les déclarations de Nicollin par rapport aux droits télé. Et puis, le gros problème, c’est le nombre de blessures, surtout en défense centrale. En fin de saison dernière, ils ont perdu Julien, qui s’est fait les croisés. Et puis là, début de saison, il y a Omegaric qui a été blessé. Ensuite, il a perdu son père et a manqué un match. Sagnan a aussi été blessé et là, il sera suspendu contre Marseille. Le troisième, Kiki Kouyaté, a un problème au genou et vient de se faire opérer. Il ne reviendra qu’après la trêve. Donc, déjà que c’est compliqué défensivement parce que, je pense, les latéraux ne sont pas au niveau, il y a eu un moment où les trois arrières gauches étaient blessés en même temps. Un des droitiers, que ce soit Sacko ou Tchato, a dû basculer de l’autre côté et ils sont très moyens aussi. C’est le gros problème.
Le problème du début de saison n'est que défensif ?
F.R : Non, il y a eu d’autres petits problèmes, comme la vente de Joris Chotard, qui ne s’est pas faite le dernier jour du mercato. Le joueur l’a très mal vécu et, comme par hasard, il se blesse le lendemain pendant le match. Devant, il y a aussi eu les blessures d'Al Tamari et de Nordin. Donc, il y a eu de grosses difficultés au niveau de l’effectif. Ça s’est forcément ressenti dans le jeu. Et puis, évidemment, il y a eu un mercato estival où il n’y a pas vraiment eu de recrues, juste Nzingula, qui est arrivé en prêt sec de Strasbourg, donc sans option d’achat. L'autre recrue est Birama Touré, qui est arrivé libre après la fin du mercato. Je pense que le groupe n’a pas été assez renouvelé pour changer l’ambiance et l’état d’esprit, ce qui explique ce début de saison pas bon.
Tu sens comment l’ambiance au sein du groupe, des joueurs ? Tu sens qu’il y en a qui se tirent un peu dans les pattes ?
F.R : C’est compliqué. Je ne pense pas que ce soit un vrai problème entre les joueurs, mais apparemment c’est compliqué avec le coach. Il a essayé de créer des électrochocs qui n’ont pas marché, comme en enlevant Lecomte dans les buts et en mettant Bertaud à la place. Finalement, il va remettre Lecomte contre l’OM. Il y a aussi eu le souci avec Ferry, qui n’a pas été convoqué lors des trois derniers matchs. Vu que l’effectif est limité, cela n’a pas porté ses fruits.
Il y a eu du mieux quand même dernièrement, non ?
F.R : Contre Auxerre, ils ont gagné et ça leur a fait du bien. C’était un peu mieux dans le jeu. Le match qui leur fait mal, c’est celui à Monaco, où ils font peut-être leur meilleur match de la saison et perdent dans les arrêts de jeu à la 98e. Celui-là leur fait très très mal.
Le message de Der Zakarian passe-t-il encore au sein du groupe ?
F.R : Oui, je pense. Il est un peu à l’ancienne, mais je pense que ça passe encore. Après, il n’est pas naïf non plus. Il sait que si les résultats continuent d’être mauvais, il ne sera pas conservé. Je ne pense pas qu’il y ait encore de cassure, mais il y a de grosses tensions, c’est sûr. Je pense que c’est un mélange de tout.
On sent qu’il commence à y avoir une communication axée sur ce match contre l’OM. Nicollin a mis un peu de pression lors d’une interview dans votre média, disant que Montpellier allait jouer contre le futur champion. Est-ce qu’il y a un parfum particulier à l’approche de ce match ?
F.R : Quand on joue l’OM ici, c’est toujours particulier. Ce n’est pas un derby, parce que ce n’est pas assez proche, mais il y a un peu cette notion-là. Je pense surtout que Nicollin veut faire monter la sauce par rapport aux supporters, sachant qu’il y a de grandes chances qu’il y ait plus de supporters marseillais dans les tribunes latérales. Il le sait, c’est un peu pour encourager les siens. Un match nul serait déjà une victoire pour Montpellier vu la situation actuelle. Cette déclaration, il l’a faite pour être encouragé et aussi pour pousser un peu son groupe, sachant que ce sera très compliqué. C’est vraiment de la com’ pour moi.
Et votre regard du côté de Montpellier sur le début de saison de l’OM, quel est-il ? Est-ce que vous êtes impressionnés par cette équipe, qui à Marseille est un peu critiquée dans le jeu ? Est-ce qu’à Montpellier, cette équipe-là fait peur ?
F.R : Oui, oui, ici, elle fait déjà peur, carrément ! Non, mais moi personnellement, je suis plutôt enthousiaste sur le début de saison de l'OM. Déjà, rien que d’avoir De Zerbi... J’avais un peu suivi ses matchs à Brighton, c’était un régal de les voir jouer. Sur ce que j’ai vu des premiers matchs de l’OM, c’est agréable à voir jouer. Ça joue au foot, ça marque des buts. J’ai manqué les deux derniers matchs, où justement ça a été un peu moins bon en termes de résultats et de jeu, apparemment. Là où je suis impressionné, c’est que la sauce prenne aussi vite avec un aussi grand chamboulement d’effectif, avec autant de recrues, et même dans le jeu avec tous ces nouveaux joueurs, je trouve que ça va vite.
Il y a un joueur en particulier qui fait vraiment peur du côté de l’OM à Montpellier ?
F.R : Qui est craint ? un peu tout le monde. Moi, j’aime bien Højbjerg. Je trouve qu’il stabilise vraiment le milieu terrain et qu’il fait bien jouer les autres. C’est le joueur que j’aime bien et qui m’impressionne.
Je voudrais aussi avoir ton avis sur le début de saison d’Elye Wahi. Es-tu surpris que son adaptation soit aussi compliquée ? Est-ce que toi, tu crois en ce joueur justement ?
F.R : Moi, je crois qu’il peut vraiment s’imposer à Marseille. Mais c’est quelqu’un qui a besoin d’être entouré, cajolé. Il faut vraiment qu’il soit bien entouré pour y arriver, qu’il se sente bien et en confiance. Alors certes, il ne peut pas être comme il était à Montpellier, dans son cocon. Mais je pense que c’est uniquement une question de confiance, parce que les qualités, il les a. Après, je pense que ce qui l’a mis un peu dedans, c’est le match contre Reims, où je l’avais trouvé bon honnêtement. Il fait les appels qu’il faut, mais il ne marque pas. C’est le match qui aurait pu le lancer et qui l’a mis un peu dans le trou. Je pense qu’il a étoffé son registre l’an dernier à Lens, dans un autre système de jeu. À Montpellier, il n’avait pas besoin de beaucoup défendre. À Lens, il était obligé de faire beaucoup de pressing et de travailler différemment. Je pense que ça n’a pu que lui faire du bien. C’est un joueur qu’on connaît bien ici, et je t’assure, c’est un problème de confiance. S’il commence à marquer des buts, ça peut vraiment être une très belle surprise pour l’OM. Il ne faut pas oublier qu’il a seulement 21 ans aussi, ça reste jeune malgré tout.
Il était adulé à Montpellier encore aujourd’hui, non ? Il a laissé un gros souvenir ?
F.R : Ah oui ! Bien sûr ! C’était un peu le chouchou, le petit prince. Il a été titulaire très tôt et il a assumé en marquant beaucoup de buts. Dans le jeu, parfois effectivement, c’était compliqué, mais dès qu’il fallait mettre un ballon au fond, il était là, au bon endroit. Avec Téji qui lui donnait les bons ballons et lui faisait confiance, c’était un sacré duo. Les joueurs se sentaient en confiance avec lui sur le terrain, sachant qu’il pouvait marquer à tout moment.
Et puis, il y a également Gerónimo Rulli, qui va faire son grand retour à la Mosson. À l’OM, il impressionne depuis le début de saison. Il y a une alchimie qui est en train de se créer entre lui et les supporters. Là, même question : est-ce que tu es surpris par son niveau ? Et à Montpellier, avait-il déjà ce côté un peu leader charismatique dans les buts ?
F.R : Alors, peut-être pas leader charismatique, mais il avait laissé un très bon souvenir de son passage, sur tous les plans, autant sur le terrain que sur le plan humain. Il a vraiment laissé un bon souvenir. Il n’était pas leader, mais dégageait une certaine énergie. Oui, les supporters l’aimaient beaucoup. C’est sûr qu’à Marseille, il a mis tout le monde dans sa poche tout de suite, rien qu’avec les deux pénos arrêtés. Mais moi, ça ne m’étonne pas. Du côté de Montpellier, il a laissé vraiment un bon souvenir.
S’il y a un joueur à craindre du côté de Montpellier pour l’OM, c’est qui ? Téji Savanier j’imagine, même si ce n’est plus le même depuis deux saisons.
F.R : Oui Téji... Sa saison est moyenne. Après, c’est souvent comme ça : quand Savanier est bon, Montpellier est bon. Et quand Savanier n’est pas bon, Montpellier n’est pas bon. C'est aussi simple que ça, mais effectivement, il est un peu moins bien. Après, contre Auxerre, il n’a pas été mauvais, il a été sur le coup des trois buts et tu gagnes le match. Mais il a du mal à trouver une alchimie avec Adams, ils ont du mal à se trouver. La connexion était plus naturelle avec Wahi par exemple. Ce qu’il faut savoir aussi, c’est qu’à l’intersaison, Der Zakarian a dit qu’il fallait moins jouer sur des attaques rapides. Et je trouve que ça manque dans le jeu. Je crois que Téji en souffre aussi un peu. Le fait de devoir faire ressortir le ballon plus lentement, alors que l’année dernière, à la récupération, c’était tout de suite sur les flèches, que ce soit Al Tamari ou Nordin... Le fait de devoir poser le jeu, je pense que ça lui va moins bien aussi.