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Interview

Nantes-OM : "L'OM, c'est une équipe qui manque d'un match référence"

Par la rédaction du Phocéen

Publié le 02/11/2024 à 01:00

Nantes-OM : "L'OM, c'est une équipe qui manque d'un match référence"Nantes-OM : "L'OM, c'est une équipe qui manque d'un match référence"

Avant la rencontre de dimanche à 20h45 à Nantes, nous avons pu échanger avec le chef des sports en Loire-Atlantique de Ouest-France, Jean-Marcel Boudard, qui nous détaille les forces et faiblesses des Canaris et nous donne sa vision sur le début de saison de l'OM.

Comment évalues-tu la forme actuelle du FC Nantes, qui reste sur 6 matchs sans victoire ?

Jean-Marcel Boudard : Ils sont clairement en difficulté, un peu en crise d'identité dans leur jeu. Ils ont besoin de se rassurer. C’est une crise de points et de résultats, qui a aussi entraîné une crise de jeu avec pas mal de doutes. Ce qui faisait leur force en début de saison, c’était un bloc compact et une certaine réussite dans les occasions créées. Ils avaient plus de maîtrise aussi. Mais ils ont un peu perdu tout cela, avec des attitudes qu'on n'avait pas vues depuis la saison dernière et qui se répètent depuis le non-match à Lyon, où ils sont complètement passés à côté. On a revu des signes inquiétants lors de la première mi-temps contre Nice et contre Strasbourg. C'est une équipe en plein doute, confrontée à un calendrier surchargé. Antoine Kombouaré bénéficie de ses succès des deux premières saisons, où il a maintenu le club et remporté une Coupe de France, ce qui est un bel exploit au vu des moyens du FC Nantes. Il est revenu l’année dernière pour sauver le club en difficulté et a réussi à assurer le maintien, bien que ce soit sur le fil. Sa relation forte avec Franck Kita lui donne une certaine stabilité, mais la situation ne doit pas durer trop longtemps. Il entre dans une phase déterminante, car la mauvaise série pourrait rapprocher l’équipe des derniers du classement, faisant ressurgir les fantômes du passé. Nantes a lutté pour le maintien trois des quatre dernières saisons, il ne faut pas l'oublier.

Par rapport au dernier match, tu parlais d’attitudes inquiétantes. Est-ce plus un problème tactique, technique ou mental ?

J.M.B : C'est surtout dans les duels. C'est une équipe qui perd beaucoup de duels, qui a du mal à exister physiquement. À Strasbourg, on a senti un peu de renoncement sur certaines phases, notamment dans les replis défensifs, avec un manque évident d’agressivité, que ce soit dans les duels, l'impact ou les courses. Par exemple, sur le deuxième but de Strasbourg, Thomas ne fait pas le repli, il marche, et il lâche son joueur André Santos, qui finit par marquer au deuxième poteau. C’est une équipe fragile psychologiquement, qui perd vite ses moyens dès qu'elle est menée. La seule chose qui l’a un peu sauvée en début de saison, c’est un calendrier favorable qui leur a permis de prendre des points et de gagner en confiance. Mais cela s'est délité avec les deux matchs nuls contre Angers et Saint-Étienne, notamment après avoir mené 2-0 contre Saint-Étienne et être rattrapés 2-2 à la Beaujoire.

Et concernant les joueurs, notamment Simon, qui attire l'attention à Marseille...

J.M.B : Pour nous, Simon est l'homme de ce début de saison. Avec 2 buts et 3 passes décisives, il est ultra-influent et déclencheur d'actions, tous les ballons passent par lui. Il est précieux pour remonter le ballon, en faisant des courses de 40-50 mètres balle au pied. Il est d'ailleurs le joueur de Ligue 1 qui tente le plus de dribbles et remonte le plus de terrain balle au pied. Il avait été blessé l'année dernière à la CAN, ce qui l'avait mis à l'écart pour la fin de saison. Il est revenu en forme, bien que parfois gêné par de petites blessures, d'où son absence à Strasbourg. Face à Strasbourg, son absence s'est fait sentir, car il a cette capacité à mobiliser deux joueurs, libérant ainsi des espaces pour ses coéquipiers. Il devrait être présent dans le onze de départ contre l’OM ce week-end.

Quelle sera la clé pour l'OM face à Nantes, alors ?

J.M.B : La difficulté de Nantes réside dans ses premières phases de construction. Quand l’équipe est sous pression, elle peine à utiliser son jeu, elle relance mal et perd vite le ballon, ce qui la met en difficulté. Pour trouver Simon, Nantes doit être efficace à la récupération et capable de se projeter rapidement, ce qu’elle n’a pas réussi à faire sur les 2-3 derniers matchs. La clef peut-être là, sur un pressing marseillais.

Et selon toi, quelles seront les ambitions de Nantes dans ce match, d'un point de vue tactique ou même en termes de résultat ?

J.M.B : Nantes souhaite surtout retrouver un bloc compact comme en début de saison. Antoine Kombouaré a insisté sur ce point après le nul contre Nice, mais cela s'est effondré à Strasbourg. L’objectif est de regagner en confiance, de jouer resserré et de faire les efforts ensemble. Dans un stade de la Beaujoire à guichets fermés, ils pourraient se transcender. Cela dit, Nantes reste sur une seule victoire à la Beaujoire depuis presque un an. Le stade peut s'impatienter si l’équipe montre des attitudes décevantes.

Est-ce que ce Nantes-OM a une saveur particulière pour les supporters et les joueurs de Nantes ?

J.M.B : Oui, c’est clairement un match à gagner pour le public. Historiquement, les supporters ont toujours mal vécu le départ de Valentin (Rongier) ou Quentin (Merlin), avant qu'ils partent le message c'était un peu " tout sauf l’OM ". Il est clair qu’il y a une forte envie de battre l'OM à la Beaujoire, ce qui promet une ambiance encore plus intense que d'habitude. C'est effectivement l'un des matchs de l'année à Nantes, où la motivation est décuplée. On l’a vu l'année dernière : à 10 contre 11, ils avaient réussi à accrocher l'OM, poussés par le public. Dans une telle ambiance et selon les circonstances du match, les différences de niveau peuvent s’estomper. Le danger pour l'OM est surtout de laisser les Nantais y croire. 

Ce match sera marqué par le retour de Quentin Merlin à la Beaujoire... Es-tu surpris par son adaptation rapide au système de Roberto De Zerbi ?

J.M.B : Non, parce qu’en fait, à la base, c'est un milieu de formation. Quentin a suscité un vrai débat pendant tout son parcours à Nantes. Au départ, il est milieu, mais après un match de Gambardella, Vahid Halilhodžić le remarque et demande à ce qu’il soit testé à gauche. Il y est resté, et Antoine Kombouaré l’a ensuite intégré comme latéral gauche ou piston gauche selon les besoins, lors de la saison 2021-2022. Mais quand Pierre Aristouy, l’un de ses formateurs, est revenu l’été dernier, sa volonté était clairement de le replacer au cœur du jeu, plutôt en relayeur, car Quentin a une vision du jeu au-dessus de la moyenne, à la manière de Valentin Rongier ou de Jordan Veretout, des milieux formés au FC Nantes. Il joue vite, a la passe juste, et trouve des espaces facilement. Pour moi, c'est là qu'il s'exprime le mieux.

Pourtant il joue désormais toujours latéral gauche ?

J.M.B : Oui. Quentin n’avait pas forcément envie de revenir au milieu et l’avait fait savoir. À Nantes, son statut lui permettait peut-être d’imposer ses préférences, ce qui est plus compliqué à l’OM. Mais c'est là qu'il est le mieux utilisé. D’ailleurs, on l’a vu durant ses six premiers mois à l'OM : il montrait de belles choses avec le ballon quand l’équipe jouait haut, mais rencontrait des difficultés dès qu’il fallait défendre, notamment sur les renversements de jeu et les ballons dans son dos. Ce n'est pas un vrai latéral de formation, et il a parfois du mal à se resserrer avec son central et à se positionner correctement. En revanche, dès qu’il utilise le ballon, il accélère le jeu et permet des déséquilibres. Bien que sa vitesse ne soit pas exceptionnelle, son sens de la passe et sa vision du jeu apportent une vraie qualité au collectif. De Zerbi l’utilise parfaitement, ce qui lui permet d’exprimer pleinement son potentiel. Quand Quentin a de l’espace et le jeu face à lui, il devient un joueur redoutable.

Enfin, quel est ton regard sur le début de saison de l'OM ?

J.M.B : C'est compliqué, je trouve, de se faire une idée précise de l'OM. C'est une équipe qui manque d'un match référence contre un adversaire de qualité. Il y a bien eu le match à Lyon, dans des circonstances un peu particulières, mais Lyon n'était peut-être pas encore au niveau qu'il a aujourd'hui. À part ce match-là, l'OM manque de repères solides. Elle est forte contre les équipes plus faibles, mais la première grande équipe qu’elle a affrontée est le PSG, et elle n’a pas existé dans ce match, même si le carton rouge a influencé le résultat. Elle a également perdu des points bêtement. J'ai vu le match contre Angers, et c’était laborieux, très stéréotypé. C'est une équipe qui, quand tout va bien, devient redoutable et enthousiasmante, ce qui explique ses scores fleuves à Montpellier ou Brest, par exemple. Mais face à des blocs bas et resserrés, elle a plus de difficultés à exister et montre encore des largesses défensives. Je trouve que l'OM est une équipe qui se cherche encore, en phase de rodage. C'est pourquoi le match de dimanche est charnière pour les deux équipes : l’OM a besoin de se relancer, d’oublier la défaite contre Paris, de montrer que c’était un accident et de poursuivre sa progression. De l'autre côté, Nantes est en urgence de points avant d’affronter Lens, Le Havre, Paris, et Rennes. Ce match pourrait être un tournant pour les deux équipes.