Lorik Cana : "Mes plus belles années, c'était l'OM"
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 29/10/2015 à 07:00
Six ans après avoir quitté l'OM, Lorik Cana va recroiser la route des Phocéens avec le maillot d'une autre équipe. S'il avait donné le coup d'envoi d'une rencontre au Vélodrome en 2013, l'émotion sera toute autre dimanche soir. A l'approche du match, c'est évidemment le joueur le plus sollicité. Les demandes affluent au siège des Canaries. "Mais pour l'instant, pas beaucoup de monde a mon nouveau numéro donc le téléphone ne sonne pas trop" sourit Cana, qui se replonge néanmoins sans mal dans ses années marseillaises. Et sans langue de bois.
Lorik, quand tu as signé à Nantes, est-ce que la première chose que tu as regardée, c'est la date des confrontations contre Marseille ?
Lorik Cana : "Absolument. Jouer contre Paris, ça a toujours été un clin d'oeil parce que je suis sorti de là-bas mais ça m'était déjà arrivé avec l'OM. Rencontrer l'OM par contre, depuis que j'y suis passé, c'est la première fois. C'est mon club, ça va faire bizarre. En plus il y a pas mal de gens avec qui je suis encore en contact qui travaillent au club donc ça va être particulier".
Cet été, tu as failli revenir, mais tu as respecté la parole que tu avais donnée à Nantes. Ce qui peut-être te rend encore plus populaire à Marseille, paradoxalement.
L.C : "C'est juste simple. Les supporters de l'OM ont appris à me connaître et m'aimer parce que j'ai toujours donné tout ce que j'avais sur le terrain et j'ai démontré en dehors que j'aimais ce club et que je le supportais. Dans tout ce que je fais au quotidien, je suis guidé par le fait d'être droit, franc et généreux. Remettre en cause ces choses-là irait à l'encontre de ce que les Marseillais ont appris à aimer de moi. Je pense que c'est pour ça qu'ils ont compris pourquoi je n'étais pas revenu. Même si c'était dans les dernières heures du mercato, ça a été difficile de dire non. Ca faisait six ans, il n'en avait jamais vraiment été question avant. Ca aurait pu se faire mais il faut dire la vérité : ça m'a fait plaisir de recevoir un appel du président de l'OM, mais j'avais déjà donné mon accord à Nantes. Une parole est une parole on ne revient pas dessus".
Le fait de ne pas avoir été contacté avant, ces dernières années par exemple, c'est un regret ?
L.C : "Non, pas du tout, puisqu'à l'époque on sortait de plusieurs belles saisons et à un moment il y a eu des décisions dans le club, des changements, avec l'entraîneur, le président, et moi je ne me voyais pas continuer sans cette stabilité-là".
Donc c'est à cause des départs de Gerets et Diouf que tu es parti ?
L.C : "Tout à fait. Ce sont des décisions que je ne comprenais pas, qui n'allaient pas dans le sens que je voulais. Je pense que j'avais mon mot à dire dans ces choses-là, surtout après quatre belles années, en ayant remis le club dans la stabilité, dans le haut du classement. Donc c'est moi qui avais fait la démarche pour m'en aller et je n'ai jamais derrière fait le pas pour revenir. J'ai suivi chaque saison pourtant derrière. Et si je regrette de ne pas avoir été champion avec l'OM, j'étais le premier heureux quand ils l'ont été la saison suivante. Cet été, c'était un peu particulier, je devais aller complètement ailleurs et à la fin, je pouvais revenir en France".
Tu te souviens où tu étais le soir du titre de l'OM ?
L.C : "J'étais chez moi, en Angleterre. J'étais avec des amis. Je m'en souviens très bien. J'ai regardé le match en essayant de vivre le moment. C'est sûr que tu préfères le vivre en tant que joueur. Mais le plus important, c'est que le club gagne".
Ca fait des années que l'on se fait le même constat à l'OM : "il manque un capitaine à la Cana".
L.C : "J'ai deux grandes fiertés. L'équipe nationale tout d'abord, qui n'est pas comparable à un club. Qualifier mon Pays pour l'Euro, c'est la chose la plus extraordinaire que j'ai eue dans ma carrière. Mais ce qui me marquera aussi, c'est mon passage à Marseille. Déjà parce que je supportais le club quand j'étais petit. De pouvoir en porter le maillot un jour et en être le capitaine, c'était un vrai rêve qui devenait réalité. Les plus belles années de ma carrière, c'était à Marseille. C'est incomparable, même si j'ai pas mal bougé".
C'est quoi le plus grand moment que tu as vécu au club ?
L.C : "Ces années-là, on a beaucoup progressé au fil des saisons. On est reparti sur un projet totalement nouveau et ça avait bien pris. Chaque année on faisait un petit pas en avant et on commençait à redevenir une équipe capable de rester dans la durée sur le podium en championnat, de lutter pour le titre tout en jouant sa chance en coupe d'Europe. Malheureusement on n'a pas réussi à passer les poules en Ligue des champions, mais on a fait un quart de finale en UEFA, deux huitièmes de finale. Ce doit être le quotidien dans un club comme Marseille. On avait trouvé un équilibre. Les souvenirs du coup, il y en a énormément..."
Le joueur qui t'a le plus impressionné ?
L.C : "Franck Ribéry, au niveau de la qualité et du potentiel, c'était vraiment très fort. Il avait non seulement la folie mais aussi le caractère pour jouer à l'OM. Il faut être quelqu'un de particulier pour jouer à Marseille. Samir Nasri, malgré son jeune âge, avait un potentiel extraordinaire. Et puis Mamadou Niang, qui était vraiment un phénomène. Je pense qu'il était énormément sous coté au niveau européen. Il était à chaque fois dans les meilleurs attaquants du championnat. L'année d'après, c'est d'ailleurs un des grands instigateurs du titre. Pendant toutes ces années, il a porté le poids de l'attaque de l'OM sur ses épaules".
Est-ce que le problème de l'OM actuel, ce n'est pas justement le manque de joueurs "particuliers" ?
L.C : "Je ne peux pas le dire, je ne suis pas complètement objectif, les joueurs, j'en connais très peu. Mais par rapport à leur projet de carrière, avoir beaucoup de joueurs en prêt, ce n'est pas l'idéal. Mais l'OM a beaucoup de qualité, de potentiel. C'est une équipe qui a eu beaucoup de ventes, d'arrivées, ce n'est pas facile. Je sais qu'il y a une gestion à faire qui ne permet pas de faire ce que l'on veut mais c'est un discours qui n'est pas facile pour les supporters. La situation est compliquée, mais j'ai vu jouer l'équipe quelques fois cette année, je ne pense pas qu'il leur manque grand-chose. Après, en faire une équipe qui gagne régulièrement, qui joue le podium, il faudra du temps. Mais ils ont un entraîneur qui a beaucoup d'expérience".
Est-ce qu'à Nantes, on te chambre à l'approche du match contre l'OM ?
L.C : "Ils sont assez jeunes, donc ils me chambrent gentiment, ils n'osent pas exagérer. Mais c'est un match important pour nous qui peut nous permettre de recoller aux équipes bien placées dans la première partie de tableau".