Longoria : "Il est indispensable d’être en Ligue des Champions pour garantir la stabilité financière du club"
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 18/12/2024 à 11:00
Le président de l’Olympique de Marseille a fait le point sur la santé économique du club.
L'OM a fait de gros efforts financiers pour débuter ce nouveau cycle. Est-il impératif, voire primordial, de se qualifier pour la Ligue des Champions la saison prochaine ?
Pablo Longoria : "L'OM a fait de gros efforts financiers pour débuter ce nouveau cycle. Il faut contextualiser : c’est la première saison d’un cycle de trois ans. Une saison sans Coupe d’Europe, et en particulier sans Ligue des Champions, signifie forcément un déficit. Tout le monde en est conscient, mais l’objectif est de le limiter tout en construisant un projet solide et en garantissant des résultats sportifs. La Ligue des Champions est-elle importante ? La réponse est simple : l’Olympique de Marseille est structuré économiquement pour y participer chaque saison. Une présence régulière dans cette compétition place un club dans une dimension complètement différente. Les revenus commerciaux peuvent se multiplier par deux ou trois pour les clubs qui y participent de manière stable. Avec notre modèle économique et notre structure actuelle, conçue pour un club de Ligue des Champions, il est indispensable d’y être pour assurer la stabilité financière.
Cela dit, cette saison, nous devons accepter le déficit. Je tiens à remercier Frank McCourt, qui a compris qu’il était nécessaire de prendre un risque financier cet été. La question était claire : devions-nous prendre un risque sportif ou un risque financier ? Nous avons choisi le risque financier, et c’est une décision que peu de propriétaires auraient prise. Frank l’a assumée fermement, et tout le monde doit le remercier pour cela. Nous avons également pris d’autres risques, comme la mise en place du loft cet été ou l’investissement conséquent pour recruter un des meilleurs entraîneurs européens, Roberto De Zerbi. Ce sont des choix importants à souligner. C’est grâce à Frank que nous avons eu la possibilité de prendre ces risques financiers sans compromettre nos ambitions sportives, et il est important de le dire publiquement."
L'année dernière, à la même période, vous aviez répondu à des questions sur le mercato en affirmant que l’OM avait les moyens financiers pour recruter, même dans une situation sportive délicate. Et effectivement, des joueurs ont été recrutés. Qu’en est-il cette année ? Vous avez mentionné un rendez-vous interne, probablement avec le coach, pour discuter des besoins de l’effectif. Quelles sont les possibilités financières cette saison ? Faut-il vendre avant d’acheter ? Peut-on se permettre des efforts en fonction des opportunités ? Ces efforts sont-ils déjà budgétés ? Quelle est la position de l’OM sur ce mercato ?
Pablo Longoria : "En tant que dirigeant, il serait irresponsable de prendre un double risque économique. Nous avons déjà pris des risques financiers cet été, et ce serait un manque de respect envers notre propriétaire de les augmenter. Le mercato doit toujours répondre à une double vision : améliorer l’effectif sur le plan sportif et optimiser les résultats économiques du club. Je ne vais pas cacher que ne pas participer à une compétition européenne, notamment la Ligue des Champions, rend cette saison économiquement difficile pour l’OM. Tout le monde en est conscient. J’aimerais utiliser ce mercato pour récupérer une partie des investissements réalisés cet été. Je l’ai dit à l’entraîneur et à tous les secteurs sportifs : il est sain pour l’économie du club de fonctionner ainsi, même si, sur le plan de la trésorerie, nous sommes dans une situation confortable grâce à des prévisions et actions bien gérées. Cependant, il est de ma responsabilité, en tant que président, de rester prudent. Dans ce contexte, l’approche sera conservatrice : vendre avant d’acheter. Cela ne signifie pas que nous suivrons ce mécanisme de manière systématique, mais c’est une stratégie pour améliorer nos résultats économiques en fin de saison.
L’objectif principal reste de maintenir une performance sportive de haut niveau tout en évitant des problèmes de trésorerie, même si nous n’en avons pas actuellement. Nous ne prendrons aucune décision qui mettrait la trésorerie du club en danger d’ici la fin de la saison. Si des opérations de sortie permettent de créer une marge, nous chercherons à renforcer l’effectif de manière intelligente, sans sacrifier nos joueurs clés. Ces derniers ne sont pas en vente, car nous souhaitons donner de la continuité à cet effectif. Si des joueurs en manque de temps de jeu peuvent être concernés par des mouvements, nous resterons ouverts, mais toujours dans une logique responsable qui préserve la stabilité financière du club."
La première fait suite à ce qui a été dit. Le club est récemment passé sans encombre devant la DNCG. Toutefois, dans ce contexte où tu veux optimiser chaque euro, est-ce que tu dois malgré tout être vigilant sur la masse salariale cet hiver ? Cela pourrait-il entraîner des départs de joueurs importants ?
Pablo Longoria : "Non, si ce sont des joueurs importants sur le terrain, pas du tout. L’objectif est de conserver les joueurs clés de l’effectif. Concernant la masse salariale, il faut savoir que nous l’avons significativement réduite par rapport à la saison dernière. Le projet du club pour les prochaines années est de maintenir une masse salariale stable à son niveau actuel, même si une partie de celle-ci, comme vous le savez, n’est pas encore totalement optimisée en raison de certains contrats encore en cours. Je crois qu’il est important d’ouvrir une réflexion sur le rôle de la DNCG. C’est une institution essentielle pour le football français et nous devrions tous chercher à renforcer son efficacité. Lors d’un conseil de ligue, j’ai proposé que la DNCG effectue des contrôles a priori et non a posteriori. Cela me semble crucial, surtout dans ce contexte d’incertitude économique lié aux droits télévisés. La gestion de la masse salariale est un point clé pour assurer la stabilité financière des clubs français.
Je ne critique pas le système français, au contraire. Mais il faut reconnaître que gérer et optimiser la masse salariale est fondamental, surtout dans un pays où les charges sociales sont plus élevées que dans d’autres compétitions européennes. Bien que le dispositif d’exonération pour les joueurs expatriés soit un avantage, il est vrai que le football français est désavantagé par rapport à ses concurrents européens en termes de charges sociales. La saison dernière, nous avons constitué une équipe avec une masse salariale bien au-delà de ce qu’un club comme l’Olympique de Marseille pouvait raisonnablement gérer. C’était une erreur, et dès cet été, nous avons travaillé à corriger cela. Nous continuerons à chercher des améliorations dans les prochaines fenêtres de mercato. Toutefois, en cas de qualification en Ligue des Champions, il faudra gérer la saison avec la masse salariale actuelle. C’est une règle interne que j’ai fixée pour la gestion du club."