Les coulisses de l'interview du traducteur
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 25/08/2015 à 15:17
Il a quitté l'OM à la fin de la dernière saison. Dès le départ, Fabrice Olszewski, l'interprète-assistant de Marcelo Bielsa avait mis les choses au clair : il ne s'éterniserait pas dans le milieu du foot, un endroit où il ne se sent pas à son aise. Avant de rentrer comme il l'avait prévu au Chili, là où il avait rencontré son mentor il y a quelques années, il s'est livré à J+1, depuis le Sud-Ouest où il reste en famille et d'où il assure ne plus suivre l'actualité du ballon rond. Rendu célèbre par ses traductions approximatives en conférence de presse, celui qui est allé voir Bielsa en 2008 pour lui proposer de participer au tournoi de Toulon, est revenu sur son passage à l'OM, permettant ainsi de mieux comprendre les motivations de l'énigmatique entraîneur argentin.
Il est ainsi revenu sur l'altercation qui l'a opposé à Bielsa peu après son arrivée à Marseille, qui explique pourquoi il a été tenu écarté des premiers matchs de l'équipe. Tout s'est passé lors d'un banal entraînement. "Il voulait transmettre quelque chose à Momar Bangoura et il nous demandait de répéter, à Franck Passi et à moi. C'était un des gars qui comprenait le mieux les exercices en plus. Je lui ai dit que ça ne servait à rien d'insister. Ce qui l'a mis en colère, c'est que je lui dis qu'il abusait de son pouvoir. Il est alors monté dans les tours. Il m'a proposé d'avoir une discussion tous les deux, à l'écart. Une fois sur les hauteurs de la Commanderie, il m'a dit qu'on allait régler ça à coups de poing. C'était la seule manière pour lui. J'ai explosé de rire et je suis parti. On s'est excusé après, c'était très facile". Bielsa n'avait aucune emprise sur Olszewski, rémunéré par l'OM contrairement aux membres étrangers du staff, qui ne souhaitait pas par ailleurs continuer dans le milieu du foot. L'entraîneur s'est donc dit qu'il fallait agir avec un "comportement de la rue", pour se faire comprendre. Mais le traducteur a fait amende honorable rapidement, apprenant à cette occasion qu'on ne remet pas en cause publiquement la parole de son supérieur dans le foot. Sur le coup, il a pu compter sur le soutien de Franck Passi, qui a expliqué à la direction du club qu'il aurait réagi de la même manière si le nouveau membre du staff n'était pas intervenu.
Confident de Marcelo Bielsa, "Fabulous Fab" a beaucoup de tendresse pour son ancien mentor : "C'est une personne gentille le coach, il a un bon fond. Mais après il se laisse enfermer dans son personnage. Il y a un écart quand vous êtes avec lui dans le privé et au boulot. Je lui ai dit, pour moi, il est comme Van Gogh. Niveau foot c'est un génie mais niveau relations humaines c'est un peu compliqué. Il avait trouvé la comparaison flatteuse pour lui". Aveu terrible pour Bielsa, son ancien bras droit, qui n'était pas un grand fan de Mourinho avant de travailler dans le football, est désormais convaincu que le Portugais est dans le vrai, notamment grâce à sa communication avec ses joueurs et l'environnement de son club.
Il a enfin évoqué le départ de Bielsa, qui n'était pas vraiment une surprise pour lui. "Je savais très bien qu'il n'allait pas rester. Après, est-ce que les dirigeants voulaient qu'ils restent ? Je ne sais pas, mais on ne pouvait pas continuer comme ça. A un moment, dans le staff, on a tous pensé qu'on partait à la trêve. Quand un jour, énervé, il te dit qu'il regrette d'avoir signé dans ce club... Là il a été gentil, il l'a fait après le premier match, il aurait pu le faire le 31 août". Pour Fabrice Olszewski, si Bielsa a tant tergiversé, c'est qu'il n'a pris sa décision qu'au dernier moment. Lassé des décalages entre ce que la direction promettait et les faits, l'entraîneur argentin avait envie de rester à l'OM pour tirer le meilleur d'un groupe de joueurs qu'il trouvait prometteur. Mais ses convictions premières l'ont finalement rattrapé.