Lens-OM : "Il n'y a pas du tout de crainte côté lensois"

Lens est la meilleure équipe d'Europe à domicile. Le club fait une superbe saison en Ligue 1. Comment juge-t-on le niveau de l'équipe et la saison du club en général ?

Philippe Guilbaud : "C’est dans la continuité de ce qui est fait depuis que Franck Haise est le coach. Il y a eu une progression régulière. Il y a des bases qui ont été mises en place il y a deux ans. Le club n’a pas dévié de sa façon de faire. Le projet de jeu a évolué avec les joueurs, mais l’état d’esprit est le même. Ils n'imaginaient pas être là il y a trois ans, mais maintenant qu'ils y sont... C’est toute la logique du travail qui a été fait sans accrocs".

Lens est devant des équipes comme Monaco, Lyon, Rennes, Lille... Des écuries qui ont un plus gros budget. Comment le vit-on du côté lensois ?

PG : "Ça dépend où l’on se place. Du côté des supporters, on oublie vite les budgets pour regarder le classement et faire des plans sur la comète. Au club, à chaque conférence de presse , le coach rappelle d’où vient Lens. Il y a trois ans, ils étaient en Ligue 2. Ils ont un budget de milieu de tableau. Pour eux, l’explication c'est qu'ils savent être intelligents pour bien utiliser leurs ressources. Sans se prendre la tête, mais en étant hyper efficace".

En parlant de ressources, quels sont les principaux points forts de cette équipe lensoise ?

PG : "L’une des explications, c’est d’abord la solidité du club. Il n’y a pas de parasites dans la chaîne de commandement. Les postes sont bien définis, jusqu’à la cellule de recrutement, tout le monde est aligné. Ce n'est pas le cas dans tous les clubs, il y a parfois des gens qui tirent à droite, d’autres à gauche. Certains qui recrutent des joueurs dont l’entraîneur ne veut pas. Ici ce n’est pas le cas, ils sont tous alignés. C’est l’une des raisons de la réussite de Lens, tout est fait de façon efficiente. Il y a eu peu d’erreurs de casting, hormis Adam Buksa, le Polonais qui a été blessé toute la saison. À l’intérieur du groupe, ils ont su recruter des mecs qui collent tous ensemble et à l’esprit du club. Les joueurs le disent tous, c’est le meilleur groupe dans lequel ils ont évolué. Il n’y a pas de clan, ils se parlent tous".

Au niveau tactique et des individualités, quels sont les principaux atouts de l'équipe de Franck Haise ?

PG : "Les saisons précédentes, Lens était plutôt offensif, avec pour base de prendre des risques. L’année dernière elle allait pas mal de l’avant, mais elle payait des replacements défensifs pas toujours bien faits. Cette année avec le recrutement de Brice Samba derrière, ils ont fait très fort. L’équipe défend mieux, elle concède beaucoup moins. Ce qu’elle concède, c’est arrêté par Brice Samba, le meilleur gardien de Ligue 1 en pourcentage d’arrêt. C’est pour ça que c’est la meilleure défense, et d’assez loin en France. C’est une bonne base, une fois que tu sais que tu défends bien, tu peux tu projeter et attaquer en prenant plus de risques. Seko Fofana on le voit un peu moins, car le danger vient de partout. Le recrutement de Loïs Openda qui remplace avantageusement Kalimuendo, c’est un joueur qui a été bien ciblé. Il est hyper utile, car il sait prendre la profondeur quand l’équipe est sous pression. On peut allonger sur lui, car il sait garder le ballon. Quand il est devant le but, il a un pourcentage d’adresse qui est plutôt intéressant. Puis il y a toute l’animation autour".

De son côté, l'OM est la meilleure équipe à l’extérieur du championnat. Elle a beaucoup de similitudes avec Lens. Comment analyse-t-on Marseille et sa saison à Lens ?

PG : "Je pense qu’ils regardent Marseille en se disant que c’est l’une des plus belles équipes du championnat. Je pense qu’ils ont plus de compliments pour l’OM que pour Paris, qui se repose plus sur des individualités.Toute la saison on a entendu que Lens mettait une intensité folle dans ses matchs avec leur pressing. Là ce que disent les Lensois, c’est que Marseille ça a l’air d’être encore au-dessus. Marseille c’est un monstre physique, c'est un monstre d'intensité et de pressing. Il faut savoir se sortir de ça pour exister contre l’OM. Et ça ne sera pas simple".

Quel sentiment prédomine 24h avant le match ? La crainte de l'OM ou la confiance dans leurs forces à domicile notamment ?

PG : "Il n'y a pas du tout de crainte côté Lens et ce n'est pas faire offense à Marseille. Lens est la meilleure équipe lors des 10 dernières journées de championnat. Les mecs sont habités par une grosse confiance. Quand on fait la saison qu'ils font, ils ne peuvent craindre personne. Ils se méfient, car Marseille c'est quasiment la plus grosse équipe du championnat, mais eux ils ne sont pas du tout craintifs. Ils savent qu'ils devront élever leur niveau pour rivaliser. Mais ils n'ont pas peur. Ils ont vraiment envie de jouer le match".

Avec le point d'avance de l'OM, Lens semble encore plus dans l'obligation de l'emporter, d'autant plus qu'ils reçoivent. Est-ce que c'est un facteur de pression supplémentaire pour Franck Haise et ses hommes ?

PG : "Non. En tout cas, si ça en est, ils ne nous l'ont pas dit. Mais, ils n'ont pas du tout de pression. Même si en étant 3e à un point du 2e, ils ont envie de passer devant. C'est important de rappeler que ce n'était pas un objectif pour le club d'être en Ligue des champions. Il y avait une volonté d'être européen, mais ils n'ont pas du tout de pression. Marseille a l'obligation d'être en LDC, les joueurs le savent en début de saison. À Lens, il n'y a aucune obligation. Par contre, maintenant qu'ils sont là, ça les embêteraient bien de rater cette marche-là".

Jonathan Clauss va faire son retour à Lens. À quel type d'accueil il faut s'attendre de la part de Bollaert et de ses anciens partenaires ?

PG : "L'année dernière Jonathan Clauss le disait tout le temps : "on vit des choses dans le groupe qui sont énormes". Ils ont tissé des liens tous ensemble. Ils restent en contact. Ils seront ravis de le revoir avant et après le match. Du côté des joueurs, c'est un super qu'ils vont retrouver. Pour les supporters, certains vont l'applaudir, car ils seront contents de le revoir d'autres le siffleront pour tenter de le déstabiliser, car c'est un adversaire". Le public sera partagé".