Le tandem Eyraud-McCourt va-t-il devenir fou lui aussi ?
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 04/03/2017 à 07:00
Journaliste marseillais spécialisé dans les affaires et le grand banditisme, Jean-Michel Verne s'est aussi intéressé à l'OM avec plusieurs livres sur les coulisses du club phocéen. Son dernier ouvrage vient de sortir aux éditions Solar, "Enquête sur le club qui rend fou". 230 pages pour résumer le règne Louis-Dreyfus et expliquer comment le club a fonctionné ces vingt dernières années. Pas vraiment de révélations au menu donc, mais un guide utile pour ceux qui veulent assembler toutes les pièces du puzzle du club marseillais. La synthèse a le mérite de faire ressortir une théorie propre à l'Olympique de Marseille : ses patrons finissent tous tôt ou tard par perdre la raison. De quoi demander à l'auteur du livre si ce sera aussi le cas de la nouvelle direction.
Il y a-t-il une chance pour que Frank McCourt et Jacques-Henri Eyraud deviennent fous, comme leurs prédécesseurs ?
Jean-Michel Verne : "Personne n'est à l'abri du pouvoir et des dérives du pouvoir. En l'occurrence à Marseille, il faut comprendre que le président de l'OM, c'est l'homme le plus puissant de la ville, tout du moins tant qu'il est en place. Sa présence suscite des convoitises. Comme Christophe Bouchet, il peut se trouver à un moment en conflit avec le monde politique, qui le voit d'un mauvais oeil. On l'a vu également avec Bernard Tapie. Il était sur le point de prendre la Mairie. Il n'y aurait pas eu OM-VA, les affaires des comptes de l'OM, il aurait été maire, les deux doigts dans le nez. C'est évident, tout ça a de quoi rendre fou".
Quels obstacles peuvent se dresser sur leurs chemins ?
J-M.V : "Il est certain que ceux qui arrivent à l'OM n'ont pas forcément conscience de ce qui les attend. Moi ce qui m'a saisi il y a quelques jours, lors de ce dernier OM-PSG, cette raclée au Vélodrome, c'est le regard de Frank McCourt, qui avait l'air totalement perdu. Comme s'il réalisait toute l'ampleur de la tâche qu'il avait à accomplir, tout ce qu'il attendait. Là effectivement on peut comprendre que c'est difficile de gérer tout ça. On croit qu'on arrive dans un fauteuil, qu'on est tranquille, et en fait c'est un vrai parcours du combattant pour redonner à ce club sa gloire d'antan".
Sur les transferts par exemple, la nouvelle direction a clamé son intention de faire les choses dans les règles. Mais peut-il encore y avoir des surprises ?
J-M.V : "Tout à fait je crois qu'on peut avoir des surprises dans quelques années. Certes il y a des déclarations d'intention, Jacques-Henri Eyraud notamment qui a dit qu'un certain nombre d'agents étaient mis sur liste noire, qu'il voulait clarifier les choses, que tout allait être propre. Mais il faut savoir que ce milieu, ces gens un peu douteux qui tournent autour de l'OM, ils vont revenir, et ils reviennent déjà frapper à la porte. Si l'agent sulfureux est mis à l'écart, il peut aussi envoyer un leurre, qui lui va intervenir au milieu d'un transfert. Par ailleurs, on a ces fonds d'investissement, qui ne sont pas d'une grande transparence, je pense notamment à Doyen Sports, donc je ne sais pas très bien comment Jacques-Henri Eyraud et Frank McCourt vont faire pour ne pas, des fois, mettre le pied à côté et commettre des erreurs".
Y a-t-il tout de même un motif d'espoir ?
J-M.V : "Ce qui me semble plus positif, c'est la politique de rapprochement avec les autres clubs de Marseille et du département. Ce retour vers le football amateur, qui est le réservoir, qui va produire les élites de demain. Donc là, il y a quelque chose qui, sur le papier, est très intéressant, qui est de promouvoir la formation des joueurs. On a un réservoir énorme sur la région, et c'est vrai que l'OM peut être le robinet qui permet à ce réservoir de s'écouler. S'ils arrivent avec Zubizarreta à mettre ça sur pied, à reformer le centre de formation, on peut penser à des lendemains qui chantent. Quand pour composer son équipe on prend des joueurs formés au club, il y a moins d'intermédiaires et d'histoires d'argent dilapidé qu'avec des joueurs que l'on recrute un peu partout. Si l'on reste sur le terrain des recrutements de joueurs à prix forts, j'ai peur que Frank McCourt n'ait pas les reins suffisamment solides pour s'imposer dans la course avec les Qataris à Paris et les Russes à Monaco. Il y a un gros décalage entre ces deux clubs et le reste du football français. On est bien placé pour le savoir, on vient de le voir sur le terrain, c'est un autre univers".