Ceux qui connaissaient Bielsa nous avaient assuré, au printemps dernier, qu'il ne ferait pas plus de deux ans à l'OM. Deux ans, c'est le maximum pour lui dans un club, il est plus à l'aise avec une sélection, nous disait-on. Son expérience à Bilbao le confirmait, et on se disait que c'était déjà pas mal, et qu'avec un peu de chance, il se prendrait au jeu de la passion olympienne.
Malheureusement, jour après jour, les rumeurs en provenance de la Commanderie semblent indiquer le contraire, et qu'une deuxième année avec Bielsa relève carrément du fantasme. Et cela ne date pas d'hier. Au lendemain de sa conférence de presse incendiaire de septembre, l'Argentin semblait déjà plus proche du départ que de la prolongation. Pis, en Argentine, les suiveurs de l'ancien sélectionneur étaient prêts à parier gros sur un départ anticipé. Pourtant, les résultats aidant, on s'est mis à espérer. Bielsa et l'OM étaient au top du hit-parade des tubes de l'été, et même de l'automne. Sa méthode et son jeu faisaient rêver même les plus sceptiques, et l'on parlait de révolution dans notre frileuse Ligue 1. Mais depuis deux mois, les joueurs ne répondent plus, et le rêve s'étiole. Les deux matchs perdus contre le Paris SG et Lyon, que l'OM n'aurait jamais dû perdre, ont, semble-t-il, déréglé la machine, et un enchaînement de désillusions a suivi. Si l'on s'accrochait aux résultats, au jeu et à l'ambiance pour persuader Bielsa de poursuivre l'aventure, les prises semblent de plus en plus rares.
Hier lundi, RMC citait un proche de l'Argentin. Pour lui, aucun doute, il s'en ira à la fin de la saison, à cause des promesses non tenues. La radio s'appuie également sur le fait que Bielsa a rapidement arrêté de chercher une maison pour finalement rester vivre à l'hôtel, comme un travailleur de passage. De notre côté, nous avons joint dans la soirée Veronica Brunati, correspondante de Marca à Buenos Aires, l'une des journalistes les mieux informées sur les faits et gestes du Loco. Elle, aussi, voit Bielsa s'éclipser en fin de saison : "Je reste sur ma position, il ne restera pas. Marcelo ne s'entend pas avec son président depuis le début, et les choses ne se sont pas arrangées. Il n'a pas digéré les promesses non tenues et il n'a pas l'effectif qu'il pensait avoir. Personne ne le voit rester ici, même si le personnage est tellement mystérieux qu'il ne faut jamais être définitif avec lui".
Alors, quid de son avenir ? Lui que les rumeurs envoient en Arabie Saoudite, au Japon, voire à l'Inter de Milan qui l'aurait contacté : "Honnêtement, je ne le vois pas aller en Arabie Saoudite, assure Brunati. Pas assez professionnel pour lui. Le Japon, c'est différent, mais il aime les clubs ou les sélections passionnées, mythiques, c'est d'ailleurs pour ça qu'il a dit oui à Marseille. En revanche, concernant l'Inter, cela peut être sérieux. Ce n'est pas la première fois qu'il est approché par ce club, et il faut savoir que Javier Zanetti est aujourd'hui dirigeant là-bas. Il est l'un des plus grands disciples de Bielsa et il est resté très proche de lui. Il sait comment s'y prendre avec lui, ce ne serait pas étonnant."
Pas vraiment rassurant pour ceux qui espèrent encore voir El Loco à la tête de l'équipe la saison prochaine. Peut-être un peu plus pour Vincent Labrune qui, d'après un proche cité dans La Provence de lundi, "n'en peut plus de l'Argentin". Propos contredits par l'intéressé le lendemain sur RMC. De toute façon, seul Bielsa détient la réponse, et l'on ne peut même pas jurer qu'il a déjà tranché. C'est ce que conclut Veronica Brunati : "Je ne miserais pas grand-chose là dessus. Il est trop imprévisible". Reste donc à attendre, et à espérer que les joueurs soient capables de prendre leurs responsabilités. L'avenir est aussi en partie entre leurs pieds.
> En vidéo, l'équipe du Talk Show évoque l'avenir de Bielsa.