Jordan Ayew a arrêté de se plaindre

Cet été, Jordan Ayew était arrivé les épaules larges. "Cette saison, c'est sûr, je veux être titulaire, je ne veux pas être remplaçant". Du coup, fin août, il a été à deux doigts de partir, en direction de Nice. Il est finalement resté, et son temps de jeu n'a pas spécialement augmenté (596 minutes). Pourtant, le bonhomme semble avoir changé. D'état d'esprit surtout. Finies les envies de départ, il accepte sa situation et dit travailler sur lui, sur son caractère jugé parfois difficile.

"Je ne me plains pas, le plus important, c'est d'être à la disposition du collectif". À croire que le discours d'Élie Baup a convaincu celui que Didier Deschamps n'a jamais trop su comment aborder. "C'est un garçon passionné, tranche le coach à la casquette. Sportivement, il est sur la bonne voie, c'est un joueur qui a vraiment un avenir, même s'il a encore beaucoup à travailler". Détendu et parfois même souriant, promis, Jordan se livre comme pour montrer qu'il a enfin fait sa mue.

Jordan, comment ça va ?

Jordan Ayew : "J'ai fait deux bonnes semaines d'entraînement vu que je ne suis pas allé en sélection, donc ça va très bien."

Cela ne t'a pas trop embêté de ne pas être sélectionné ?

J.A. : "Non pas du tout. J'étais même content, car j'étais un peu fatigué alors ça m'a permis de récupérer."

Vous avez suivi le match du Ghana ?

J.A. : "Non, c'était en Afrique donc ce n'était pas télévisé (sourires)."

La qualification a dû te faire plaisir quand même ?

J.A. : "Oui, je suis content pour le pays et pour mon frère. Ils ont les qualités pour aller gagner cette CAN."

"Ils" ont les qualités, cela veut dire que tu ne comptes pas être dans le groupe pour la CAN ?

J.A. : "Non, ce n'est pas ça (il souffle). Pour le moment je suis à Marseille et je suis content d'y être. En janvier, on verra ce qui va se passer."

Mais tu as envie d'y participer à cette CAN ?

J.A. : "Oui, comme tout joueur, j'ai envie d'y participer. Mais l'Afrique, c'est compliqué..."

Tu te dis que si tu n'y vas pas, tu auras peut-être plus de temps de jeu à l'OM ?

J.A. : "Non, mais si je n'y vais pas, je serais très content de rester à Marseille, car en plus cette année il y a un gros coup à jouer."

Avec l'enchainement de matchs à venir, tu vas avoir plus de chances de débuter certaines rencontres ?

J.A. : "J'espère bien. Si j'ai l'occasion de débuter, je serai très content, mais si je rentre que 20 minutes, je serais très content aussi. Je ne me pose plus de questions maintenant, le plus important c'est d'être à la disposition du coach et du collectif."

Tu te dis que si tu débutais plus régulièrement, tu aurais un autre jeu ?

J.A. : "Ça, c'est sûr. Mais c'est le coach qui voit. Comme je vous l'ai dit, je suis très content de ma situation personnelle en ce moment. Je ne me plains pas. Le plus important, c'est de se donner à fond sur le peu de minutes que j'ai."

Tu es satisfait de ton temps de jeu ?

J.A. : "Je ne vais pas dire que je suis satisfait, mais je ne vais pas me plaindre. C'est à moi de prouver. Il faut que je sois patient, même si ce n'est pas ma première qualité.  Mon entourage me canalise bien. Pour le moment, ça se passe bien, j'essaye de continuer sur cette lancée."

Cela te vient d'où cette impatience ?

J.A. : "Parce que je suis un compétiteur. Je n'aime pas être sur le banc, mais j'ai conscience d'être à l'OM, c'est un grand club, il y a la concurrence. J'accepte."

Quand on est jeune, on ne se dit pas que c'est une folie de pouvoir s'imposer à l'OM ?

J.A. : "Non. Moi cela fait un moment que je suis dans le groupe pro. Je ne vais pas rester pendant cinq-six ans à jouer que des bouts de matchs. Je suis ambitieux."

Cela veut dire que tu pourrais partir au mercato d'hiver si tu ne jouais pas assez ?

J.A. : "Non au contraire. Je ne partirais pas d'ici. J'ai envie de réussir ici et je ferai tout pour réussir ici."

Tu as cette réputation d'être égoïste même envers tes coéquipiers ?

J.A. : "C'est une fausse image. À l'intérieur du groupe, ils savent comme je suis. De nature, je ne suis pas souriant. Je ne peux rien y faire. J'essaye de travailler sur ce domaine-là. Ce n'est pas évident. On ne peut pas forcer certaines choses."

Tu revois tes matchs ?

J.A. : "Pas spécialement. C'est surtout Franck Passi qui me corrige beaucoup. Il m'appelle souvent dans son bureau pour m'expliquer deux-trois trucs qui n'ont pas été bons. On essaie de progresser comme ça."

Il te dit de lâcher le ballon plus vite ?

J.A. : "On me dit souvent ça... (il souffle). Je suis un attaquant. Moi je ne trouve pas que je porte trop le ballon, mais peut-être vous de l'extérieur vous le remarquez."

Quel est ton poste de prédilection ?

J.A. : "En jeunes, j'ai souvent joué sur le côté droit. Le poste que je préfère c'est en pointe, mais en sélection par exemple, je joue parfois sur le côté ou en neuf et demi, ça ne me dérange pas. Je prends du plaisir à tous les postes."

R.C.