"Je vois bien Bielsa rester si on lui en donne les moyens"

Les ouvrages sur Gourvennec, Fournier, Galtier et Laurent Blanc vont peut-être suivre. Toujours est-il que ce jeudi 7 mai sort en librairie, "El Loco Unchained", une biographie de Marcelo Bielsa, qui raconte, par les anecdotes, la carrière du technicien, de ses débuts sur le banc de Newell's Old Boys jusqu'à l'OM. Ou il y a de grandes chances de le voir rempiler pour une saison selon Thomas Goubin, l'auteur de l'ouvrage.

Thomas, pourquoi un livre sur Marcelo Bielsa ?

Thomas Goubin : "J'ai commencé à m'intéresser à Bielsa en détail lorsqu'il était à Bilbao. Sa première saison était assez extraordinaire. Le fait est que j'étais alors à Guadalajara, où Bielsa avait travaillé 3-4 ans, donc je suis allé interviewer des joueurs, des entraîneurs qui l'ont connu là-bas. Bien évidemment le fait qu'il soit arrivé à Marseille, qu'il ait suscité cet enthousiasme en France, le fait qu'il paraît hermétique, qu'il intrigue, m'a fait dire qu'il fallait présenter ses différentes facettes. Celle de l'entraîneur plus que de l'homme. Je suis parti en Argentine dans cette optique".

Pour toi, sa saison marseillaise n'est pas surprenante si l'on se fie à son passé ?

T.G : "C'est dans la continuité mais en même temps, le football, c'est un sport aléatoire, qui se joue sur des détails. Si l'OM ne perd pas contre le PSG, on n'entendrait peut-être pas toutes les critiques sur Bielsa qu'on entend aujourd'hui. La première partie de saison, on a vu le Bielsa formateur, celui qui maximise le potentiel de tous ses joueurs, qui les fait énormément travailler. Dans la seconde on a vu le Bielsa qui, face à la difficulté, s'entête".

Après avoir longtemps persévéré avec Thauvin justement, il vient de l'écarter. Y a-t-il eu un joueur avec lequel il a eu une telle relation par le passé ?

T.G : "Je ne connais pas vraiment de cas similaire. Mais, pour le cas Thauvin, on peut imaginer, supputer, car Bielsa ne livre pas facilement le fond de sa pensée. Bielsa, quand il arrive dans un club, il fait un diagnostic ultra-profond, de ses équipes, de chacun de ses éléments. Après études, il a dû penser que Thauvin, c'était le joueur idoine pour rentrer dans son schéma, sur le côté droit. A partir de là, Bielsa a insisté, malgré les critiques. Concernant sa récente mise à l'écart, ce que disent souvent ses anciens joueurs, c'est qu'il peut accepter que l'on soit mauvais, mais si on rompt son code moral, là il peut être sans pitié".

Tout le monde se demande s'il va rester à l'OM l'an prochain. Tu as un avis ?

T.G : "Je le vois rester. Malgré la fin de saison, malgré les critiques reçues. Parce que j'ai l'impression qu'à l'OM, il dispose d'éléments qui lui plaisent comme de belles installations et un centre de formation qu'il commence à bien connaître. Il connaît bien les ressources de l'équipe et l'OM, en termes d'infrastructure, c'est solide, il ne retrouvera pas ça forcément dans d'autres clubs. Surtout je pense qu'il a envie de finir le travail. Mais avec Bielsa en général, ce qui conditionne sa reconduction c'est qu'on lui donne les moyens. Et là, clairement, c'est l'enveloppe de transfert. S'il reste, il va chercher à modeler son groupe à son image. Sa décision va être conditionnée par les ambitions du club. S'il ne s'est pas engagé sur deux ans, c'était pour voir réellement s'il y avait un potentiel pour donner suite à sa première année. Ca avait été le cas à Bilbao où il avait signé pour un an et il avait fini par renouveler". 

Une enveloppe transfert, pour recruter en Ligue 1 ou plutôt en Amérique du Sud ?

T.G : "Il y a de grandes chances qu'il recrute ses hommes. Quand il est arrivé à l'Atlas, il a pris trois ou quatre joueurs de Newell's. Après, c'est un homme qui connaît le football. Il connaissait Litmanen quand Litmanen jouait en Finlande. On était au milieu des années 90, il n'y avait pas les moyens d'aujourd'hui pour avoir des vidéos. Pour dire que c'est un homme qui a un oeil sur toute la planète. Après, vu sa nationalité, il va plus facilement connaître des joueurs argentins. Mais il va avant tout chercher des joueurs avec lesquels il a déjà travaillé. Ca ne serait pas étonnant de le voir sur des joueurs qu'il a entraînés à Bilbao. Et au Mexique par exemple, il a encore de belles antennes".