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Interview

Guy Roux vole au secours de Bielsa

Par la rédaction du Phocéen

Publié le 19/04/2015 à 07:00

Guy Roux vole au secours de BielsaGuy Roux vole au secours de Bielsa

Après la défaite contre le PSG, le revers à Nantes tombe à pic pour les détracteurs de Marcelo Bielsa, cet entraîneur qui s'entête tellement avec son marquage individuel qu'il en devient même prévisible pour Michel Der Zakarian. Mais pourquoi persévérer avec une stratégie délaissée par quasiment toutes les autres formations européennes ? Pour le savoir, autant poser la question à celui qui incarnait le marquage individuel dans l'Héxagone avant l'arrivée de l'Argentin : Guy Roux. L'ancien entraîneur de l'AJ Auxerre a forcément un avis éclairé sur le sujet, lui qui était allé assister en toute discrétion à un entraînement de l'OM l'automne dernier. 

Guy, pourquoi jouer en individuelle, tout simplement ? 

Guy Roux : "Premièrement, Bielsa ne fait pas un marquage individuel aussi strict et intégriste que celui que je faisais. Parce que de temps en temps il reste un peu dans la zone. Moi j'ai fait du marquage individuel jusqu'en l'an 2000. Et avec ça je me suis qualifié pour 80 coupes d'Europe (sic), je suis allé en quart de finale de la Ligue des champions... Rehhagel, l'entraîneur allemand, a été champion d'Europe avec la Grèce avec un marquage individuel intégral et des tirs de corner avec des grands mecs devant les buts. Il avait deux atouts, et avec ça, il a été champion d'Europe, il a éliminé la France en quart de finale 1-0. Donc c'est possible et c'est très rentable. Le problème, si ce n'est pas resté, parce qu'en 1980 c'était quasi-générale, c'est à cause de la réticence des joueurs. Parce que c'est beaucoup plus exigeant de la part des joueurs que la zone, beaucoup plus responsabilisant que la zone où c'est toujours le copain qui est fautif. Là on sait qui c'est à chaque fois. Alors, petit à petit..."

Lorsque vous revenez à Auxerre, en 2001, vous adoptez la zone... 

G.R : "J'ai fait un break d'une année en 2000. J'avais regardé la NBA avec le décalage horaire lors de la coupe des confédérations. C'était l'année où il avait le droit de passer de l'individuelle à la zone et inversement. J'avais rêvé de faire ça dans mon équipe mais en football c'est impossible. Pour trois raisons : au lieu de 5 joueurs, il y en a dix, le terrain est immensément plus grand, et troisièmement et c'est essentiel, on n'a pas la maîtrise du ballon comme on peut l'avoir avec les mains. Mais je suis persuadé qu'on peut faire de l'individuelle aujourd'hui, mais avec des gaillards qui ont un moral d'acier".

Contre le PSG, Bielsa a fait monter ses latéraux sur les milieux de terrains du PSG, Verratti et Matuidi. Vous auriez pu le faire ? 

G.R : "Tout dépend de ce que vous avez en face. Il peut le régler à son idée. Pour moi l'essentiel, c'était la neutralisation du 10 adverse. Mais je peux vous dire que quand vous avez une équipe qui fait de l'individuelle en face de vous, et qui la fait avec intensité et conscience, les adversaires ne sont pas contents. Raï, je le faisais marquer par Taribo West, quand je l'ai rencontré après dans un dîner, il m'a dit : "Monsieur Roux, si je n'avais pas été un professionnel exemplaire, les matchs d'Auxerre, j'aurais eu une angine"".

Est-ce que vous pensez qu'avec les footballeurs d'aujourd'hui, c'est plus difficile de pratiquer l'individuelle ?

G.R : "Il y a un sport moins exigeant que le football : la pêche à la ligne. Attention, ça gagne moins aussi... Vous comprenez, être exigeant, avec des gens qui travaillent deux heures par jour... Et qui maintenant s'arrangent pour ne travailler que cinq jours par semaine. Puis qui font deux matchs de foot - c'est à dire un jeu, par semaine tout en ayant les plus gros salaires du pays... L’exigence, ça serait de les faire venir à quatre pattes de chez eux, ou sur les mains. Mais pas en Ferrari. Je vais vous faire une comparaison que je fais souvent. A Marseille, vous avez le meilleur club de France de Water-polo. Il faudrait que les footballeurs aillent voir une journée d'entraînement des nageurs de Marseille. C'est trois heures le matin, trois heures le soir. Et il n'y a pas de télé au fond du bassin. Pourtant, ils font ça sept jours sur sept. L'exigence, c'est un facteur humain à dimension variable. Donc pour répondre sur Bielsa, je ne pense pas que ce soit grâce à sa méthode de jeu qu'ils ont tout gagné dans la manche aller, et ce n'est pas à cause d'elle qu'ils perdent tout maintenant".