Extrait de l'émission "Au coeur de la Commanderie" avec les meilleurs moments de la conférence de presse du milieu marseillais Edouard Cissé, que vous pouvez retrouver sur Le Phocéen TV en cliquant ici. |
Après la victoire à Sochaux samedi, Édouard Cissé revient sur cette rencontre, il évoque également les prochaines échéances de l'OM, avec Saint-Étienne et Manchester United au Vélodrome, il parle de Gignac également. Interview.
"On fera mieux à l'avenir"
Édouard, la victoire à Sochaux a-t-elle été importante ? Y-a-t-il eu un déclic ?
Édouard Cissé : "Je ne sais pas si c'était le déclic, mais c'est vrai que même si l'on était bien sur le plan comptable, on avait quelques regrets sur le contenu des matchs. Sur celui de Sochaux, même si tout n'était pas parfait, l'état d'esprit était bien, on a pressé et récupéré le ballon plus haut et on a eu peut-être plus d'espace aussi. On a eu les trois points et je pense, avec la manière, même si on peut toujours faire mieux et que l'on fera mieux à l'avenir. En tout cas, c'est très intéressant."
Est-ce que vous avez une préférence dans le fait de jouer à deux devant la défense ou vous préférez être seul ?
E.C. : "J'en ai parlé avec Kaboré ce matin. Cela dépend de plein de choses, parfois, jouer tout seul, c'est intéressant, mais cela dépend de la qualité de l'adversaire, il n'est pas toujours évident de couvrir toute la largeur. En plus, si l'on va chercher l'adversaire plus haut, on peut plus les gêner."
Est-ce que le fait d'avoir retrouvé le podium ce week-end vous donne l'impression d'être rentré dans une nouvelle phase du championnat ?
E.C. : "On est troisième, c'est ce que l'on voulait, on veut être toujours bien classé jusqu'au mois d'avril. En étant sur le podium, on n'est pas trop exposé donc cela me convient."
C'est mieux que d'être premier ?
E.C. : "Aussi tôt dans l'année, oui, c'est difficile d'être devant, je préfère être caché. Être leader aussi tôt, c'est difficile, c'est comme dans une course quand tu es leader dès le début, soit tu as les possibilités et la force mentale et physique pour aller jusqu'au bout, et il y a très peu d'équipes qui peuvent le faire, soit on est comme on est, toujours bien placé, et à la fin, tu peux placer un sprint protégé."
Lille est leader, c'est une équipe qui n'a pas forcément l'expérience, vous les voyez tenir aussi longtemps?
E.C. : "Lille fait un bon début de saison, mais le plus dur, c'est toujours la fin. Pour le moment, ils font leur championnat, ils sont en pleine réussite, on verra où ils seront en avril et au mois de mai."
Est-ce intéressant d'être aussi près des leaders sans avoir encore développé un jeu de grande qualité ?
E.C. : "C'est surtout encourageant. Avant ce match de Sochaux, on était critiqué, mais en interne, on se disait que même en n'étant pas à 100%, on était bien. Cela te rassure et te permet de te dire que lorsque l'on sera lancé et à plein régime, cela laisse entrevoir de belles choses."
"L'important, c'est le bilan comptable"
Vous avez compris les critiques de vos supporters?
E.C. : "Oui, après le match d'Arles, on n’a pas fait un bon match et ils en ont témoigné. On n’a pas été bons, ce n'était pas un match plaisant à jouer non plus. On a pris trois points, ils nous ont sifflés, voilà, basta, maintenant ça va aller."
Même avant le match, il y a eu des banderoles...
E.C. : "Avant le match, je n'ai pas vu, j'ai juste vu pendant le match et à la mi-temps. C'est un public exigent, ils veulent la manière. Nous, ce que l'on apporte avant tout, c'est les points. Cela a un côté pragmatique, mais l'important, c'est le bilan comptable, et en mai, peut-être qu'ils seront contents."
N'êtes-vous pas dans un moment de la saison un peu paradoxal ?
E.C. : "Oui, c'est paradoxal, mais je préfère être dans cette situation avec ce bilan comptable. Je pense que c'est typiquement français de chercher le bébête. Il y a une équipe comme le Barça qui joue très bien et qui gagne, mais ce n'est pas si facile pour nous de prendre trois points et de jouer comme eux."
Après Sochaux, beaucoup disent que vous avez le frein à main à domicile...
E.C. : "Peut-être, ce qui est sûr, c'est que les équipes, quand elles arrivent au Vélodrome, elles font le blocus derrière, ce n'est pas évident, on a moins d'espaces. On a la possession du ballon, mais c'est aussi sympa de procéder par contre de temps en temps et d'avoir de l'espace, parce qu'on a les attaquants pour, donc ce n'est pas évident d'avoir toujours en face de nous une équipe défensive. On l'a vu contre Monaco, on était à l'extérieur, mais on a joué contre un bloc, c'était difficile de les déplacer."
"Faire peur offensivement"
Le fait que Gignac plante, est-ce que cela enlève de la pression au groupe ? Est-ce que vous avez moins de scrupules à jouer sur lui ?
E.C. : "Ce n'est pas parce qu'avant il ne marquait pas autant, qu'on ne lui donnait jamais le ballon. Cela lui permet d'être soulagé et en confiance. Il fait son job, il marque des buts. C'est surtout pour lui que cela change quelque chose."
Le fait qu'il soit à gauche, cela change au niveau des connexions ?
E.C. : "Non, lui ou un autre, cela aurait été pareil. Son adaptation s'est bien passée, puisque depuis qu'il joue à gauche, il marque. Puis il s'y plait, il a besoin de courir énormément. Il récupère pas mal de courses de l'adversaire et se replace beaucoup. Il a peut-être besoin de ça pour enlever de la pression et se défouler."
Au niveau de la qualité de ses buts samedi, est-ce que cela donne au groupe un peu plus de certitudes pour la suite ?
E.C. : "Oui, s’il marque des buts c'est sûr, en plus, sur le deuxième but, le passeur, c'est Loïc Rémy. On se dit que l'on n’était pas trop mal jusqu'à ce match avec une petite défaillance du secteur offensif, donc si eux arrivent à se mettre dans le rythme et à leur niveau, je suis encore plus confiant."
Dans le même temps, défensivement, vous avez retrouvé un peu l'assise que vous aviez l'année dernière?
E.C. : "Oui, mais les défenseurs ne peuvent pas marquer un but. On avait une assise, donc c'est bien, mais ce qui est intéressant, c'est de faire peur offensivement. On se rend compte que les équipes adverses, tant qu'elles ne se prennent pas un but, elles sont sereines. Quand elles prennent un but, elles ont tendance à tout lâcher."
À Sochaux vous nous aviez parlé de Loïc, vous sentez qu'il a besoin de soutien ?
E.C. : "Oui, parce que sur le deuxième but, c'est Loïc qui fait un super boulot. Il provoque, il rentre, il centre sans se prendre la tête. Il est remplaçant, il rentre, il est décisif. Je parle des deux, puisque ce sont les deux qui ont été un peu chahutés, ils doivent digérer leur transfert. Je suis très content qu'ils aient fait ce match-là. C'est parti et cela va continuer."
"Notre leitmotiv, depuis le début de saison, c'est avril"
Trouvez-vous, comme Guy Stéphan, qu'il y a une grosse différence entre ce que vous voyez à l'entrainement et sur le terrain ?
E.C. : "Objectivement, je ne sais pas."
Sur le système à deux milieux défensifs, vous en avez discuté entre vous ?
E.C. : "Nous n'avons pas eu le temps, puisqu'il y a eu la semaine internationale. Je pense que sur ce match, c'était la tactique le plus appropriée, cela ne veut pas dire que l'on ne rejouera pas avec ce système. Pour ma part, cela ne change pas foncièrement. Cela décharge un peu du titre défensif, parce que je couvre un peu moins la largeur."
Est-ce que le fait de dire que l'OM se calque un peu sur la saison dernière, ce n'est que du journalisme ou vous voyez aussi les choses comme ça ?
E.C. : "On est des diesels, il faut que l'on enchaine une série de victoires et l'on verra si l'on est capable de faire comme l'année dernière. Nous, notre leitmotiv, depuis le début de saison, c'est avril. Être bien positionné, après, ce sera un sprint. Peut-être qu'on l'a matérialisé trop tôt en début de saison, en se disant qu'on a le temps. On l'a vu l'an dernier et je pense que cela sera pareil, à part si Lille tient le coup, ce en quoi, personnellement, je doute."
Personnellement vous sentez-vous à 100% après vos nombreuses blessures?
E.C. : "Je me sens bien, après, ce sont les aléas."
"On est en L1 c'est comme ça"
Dans ce contexte, quelle place prend la double confrontation face à Manchester ?
E.C. : "On est content de disputer ce match, c'était un objectif de début de saison. On tombe contre Manchester qui est un prétendant au titre final, donc ce sera un match très compliqué, mais je pense qu'il faut prendre ces deux matchs avec beaucoup de plaisir, et emmagasiner de l'expérience qui sera utile pour le championnat."
Il y a Saint-Étienne avant, ce qui ne sera pas un petit match...
E.C. : "Cela va être un gros match, surtout qu'ils ont pris un revers le week-end dernier, donc ce sera une équipe embêtante à jouer. Ce sera un match dur avant un match excitant, mais la priorité ce sera le championnat."
Est-ce qu'ils peuvent vous offrir des espaces comme Sochaux ?
E.C. : "J'espère. C'est toujours difficile, les équipes, tu les vois une semaine avant, elles jouent, puis, elles arrivent au Vélodrome, elles sont sur la défensive et jouent en contre. C'est un peu plus embêtant, il faut déplacer un bloc de neuf joueurs."
Ils ont ouvert le jeu contre Lyon et ils en ont pris quatre...
E.C. : "Oui, donc cela ne va pas les inciter à ouvrir. Cela ne donne pas des matchs très plaisants à regarder, on gagne souvent par la petite marche."
C'est pire cette saison par rapport à l'année dernière?
E.C. : "On est attendus. Mais tu le sens dans le jeu quand tu joues contre des équipes qui jouent et qui ouvrent le jeu, tu as plus d'espace, plus de liberté. Là, on repart souvent de dernière, tu joues contre des équipes qui te laissent le ballon. Cela ralentit tout, tu ne peux pas faire de jeu direct, il est difficile de jouer en contre parce qu'ils sont tous derrière. Mais c'est une tactique comme une autre, c'est le Catenaccio, donc tu n'es pas à l'abri de prendre un contre. Au final, c'est un jeu d'échec, cela ne bouge pas. À jouer, on préfère toujours quand cela va dans les deux sens, comme dans les matchs anglais. On est en L1 c'est comme ça."
Les joueurs cadres et expérimentés comme vous doivent-ils faire attention au jeune cette semaine, pour ne pas passer à côté de St-Etienne en pensant à ce qui va suivre ?
E.C. : "Ils ont l'habitude déjà, on a vu dans les six premiers mois que la priorité reste le championnat. Cela fait pas mal de temps qu'on sait que l'on va jouer contre Manchester, mais pour avoir la chance de jouer ces matchs-là, cela passe par le championnat. Ils sont matures et ils ont pris de l'expérience ces derniers mois. Ils savent que le meilleur moyen de faire un bon match contre Manchester, c'est de bien jouer contre St-Etienne."
"Gignac et Rooney, c'est un peu le même style"
Gignac va nous faire une Rooney ?
E.C. : "J'espère pour lui et pour nous, mais je pense que cela lui fera du bien de se confronter à Rooney. Quelque part, sans mettre de pression, c'est un peu le même style de jeu, ils se dépensent énormément, ce sont des battants et puis ils jouent souvent en première intention. Je pense qu'il faut qu'il le prenne de manière sympa, se jauger sans se mettre trop de pression."
Est-ce qu'il est plus détendu, changé ?
E.C. : "Il a toujours été cool depuis le début de saison, mais je pense qu'en marquant des buts, il se sent plus légitime. On n'a jamais douté de ses qualités, mais c'est vrai qu'en étant attaquant le fait de ne pas marquer te rend plus timide."
C'est dur pour un attaquant de supporter les millions qu'il a dans son dos?
E.C. : "J'aimerai pouvoir vous le dire, c'est souvent les attaquants qui coutent cher. C'est difficile, il y a une pression, les attaquants sont rémunérés de la sorte, mais dans le football moderne, s’il n'y a pas d'espaces, ce qui fait la différence, c'est les trente derniers mètres, et donc ce sont les attaquants, donc ce n'est pas évident."
Psychologiquement, comment on arrive à faire abstraction des 16 ou 18 millions que le club a mis sur soi ?
E.C. : "Les joueurs, ils font abstraction très rapidement, mais ce sont les journalistes et les médias qui disent 'il a couté tant'. Mais le joueur n'arrive pas en se disant j'ai couté 18 millions. Quand un attaquant ne plante pas, on va toujours parler de ce qu'il a couté. Là, à Chelsea, on va parler de Fernando Torres, il a raté deux occasions et voilà. C'est le lot quotidien des attaquants, c'est comme nous les milieux, on ne parle pas de nous ! C'est le football."
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