Gattuso exprime son respect pour l'OM et le Vélodrome, et détaille son approche de coaching et ses ambitions pour le club.
Qu'est ce que vous connaissez de l'OM avant de venir et du Vélodrome ?
Gennaro Gattuso : "Je pense que c'est une question simple que vous m'avez posée. En ce qui concerne le Vélodrome, je pense que c'est l'un des rares stades en Europe qui peut être comparé aux stades d'Amérique du Sud. C'est vraiment une ambiance incroyable. Moi, j'y ai joué une fois, j'ai eu un petit accrochage à la canne, j'ai cru que j'allais presque perdre mon genou. C'est vraiment une atmosphère qui te donne la chair de poule, ça tremble. Je pense que c'est vraiment une valeur ajoutée pour le club, pour qu'on essaie, tant eux avec nous que nous avec eux, de se tirer vers le haut, de se pousser au maximum. Et après, en ce qui concerne le club, pardon, je me rappelle quand j'étais petit, Bernard Tapie qui était président, ça a toujours été un club avec une grande histoire de grands joueurs, Papin, Deschamps, il y a toujours eu une très grande rivalité et de grands matchs.
C'est aussi un club avec des supporters incroyables. Quand j'avais parlé un petit peu avec le président, le président aimait bien parler, appeler, s'informer, discuter. On avait déjà un petit peu échangé. Voilà, et je sais que l'OM a vraiment une belle histoire. Vous l'avez dit, et je sais que pour venir dans ce genre de club, il faut avoir les épaules larges, parce qu'il y a beaucoup de pression. Il y a vraiment une ambiance folle. Mais moi, c'est quelque chose qui me plaît. J'avais entraîné à Naples, j'ai eu une expérience à Naples et je pense que les villes se ressemblent un petit peu.
Donc voilà, après évidemment qu'il y a eu quelques petits accrocs, quelques petits problèmes en ce moment, mais je pense que, voilà, j'espère qu'on réussira à offrir de belles performances aux supporters."
Que pensez-vous du contexte actuel avec la pression des supporters ? Il faut être passé par Palerme ou Naples pour accepter de venir ici ?
Gennaro Gattuso : "Alors, je pense que moi aussi, par le passé, j'ai vécu aussi des situations de contestation. Je sais ce que c'est, je sais que quand les choses vont mal, parfois, on a un peu de pensées négatives. Moi, j'ai parlé tout de suite avec le président de ça, de la façon dont on pouvait résoudre les problèmes. Je lui ai fait une petite blague, ce que je lui ai dit au téléphone. Je lui ai dit, s'il faut prendre une giffle, voilà, je prends une giffle et il faudra se taire. Donc ça, c'est un peu l'idée quoi, mais je sais, voilà, je suis conscient de la situation, je sais que c'est une situation difficile, mais comment faire pour en sortir ? Avec le travail ! Travailler avec nous seulement, et c'est vraiment, voilà, de garder l'espoir pour réussir à aller de l'avant et gagner match après match. C'est comme ça que les choses pourront aller de l'avant. Je sais que c'est dur, voilà, comme toute place, comme toute ambiance chaude comme je vous ai dit, je l'ai déjà vécu, mais il ne faut pas se concentrer sur les contestations, il faut vraiment essayer d'aller de l'avant, de se concentrer sur le futur et de donner le maximum.
On n'a qu'une seule vie, donc si j'en avais eu deux ou trois, peut-être que j'aurais pu dire non à l'OM, mais je pense que pour les gens qui aiment ce sport, qui aiment ce travail, c'est un club qui n'est pas refusable, donc vraiment c'était une occasion que je ne pouvais pas perdre, puisque je le répète, je n'ai qu'une seule vie comme vous tous, et donc c'était une occasion qui pouvait ne pas se répéter."
Vous êtes quel genre de coach sur le bord du terrain ?
Gennaro Gattuso : "Au niveau de mon caractère, je pense que c'est vrai que si on regarde un peu ma carrière, il y a peu de gens qui, dans le fond, parlaient forcément très bien de moi, qui faisaient beaucoup d'éloges parce qu'ils ont encore l'idée du "gatouzeau" joueur, qui est vrai, c'est vrai, j'étais un joueur agressif, mais je suis agressif quand je suis sur le terrain. Après, quand on est en dehors du terrain, j'écoute beaucoup mes joueurs, je pense que j'ai vraiment très peu de soucis avec des joueurs, je suis quelqu'un qui dit les choses en face, je ne suis pas un prince avec le bâton qui va toujours être derrière vous, donc moi j'essaie toujours de parler avec les joueurs, d'être transparent. Je pense que si c'est quelque chose que les joueurs apprécient quand ils voient que ce qu'on leur dit c'est vrai, je dis ce que je pense, mais je pense qu'être honnête, au final, ça plaît. On a vu, j'ai fait six mois à Valence, j'étais à Naples, à Milan, on a toujours... là, c'est Milan, on a toujours fait un bon jeu. Donc, au niveau de mon caractère, je pense que la chose sur laquelle je dois encore m'améliorer, c'est mon rapport avec les dirigeants. C'est vrai que c'est quelque chose sur lequel parfois j'ai un peu du mal au niveau du caractère, mais jamais avec les joueurs.
Qu'est ce qui vous a séduit dans le projet de l'OM et comment c'est passé votre recontre avec les joueurs ?
Gennaro Gattuso : "Effectivement, nous avons trois matchs en dix jours donc ça va être légèrement compliqué, mais je vous assure qu’après cela, je m’efforcerai réellement d’apprendre le français, tout comme je l’ai fait en Espagne ou en Angleterre. C’est ma première promesse : je vais vraiment essayer de m’améliorer dans cet aspect de la langue.
Quant à ma décision, elle a été simple pour moi. Nous avons eu des discussions, le président et moi, durant cinq heures sur deux jours, car il avait d’autres engagements. Donc, cela s’est déroulé en deux appels distincts, mais la décision a été assez immédiate, un choix sûr. J’avais des convictions concernant ce club. C’est le seul club français à avoir remporté la Ligue des champions. C’est un club traversant des moments difficiles, sinon, je pense que je n’aurais pas été sollicité.
J’ai eu des discussions avec le président et nous sommes parvenus à un accord, tout le monde s’est montré très disponible pour moi, ce que j’ai grandement apprécié. Je remercie également les joueurs pour leur disponibilité ces deux derniers jours, je sais que la situation n’est pas facile pour eux. C’est un choix réfléchi, je sais que j'arrive dans un contexte intense, mais cela ne m’effraie pas. Il est impératif de remporter des matchs, c’est ce qui génère de l’enthousiasme, et je suis pleinement déterminé à travailler dur. Je n’avais pas peur en tant que joueur, et je crois que mon expérience d'entraîneur montre également que les environnements intenses, comme celui-ci, ne me font pas peur."
Qu'allez vous apporter à l'OM ?
Gennaro Gattuso : "Je crois qu’il existe une grande différence entre le "Gattuso joueurs" et le "Gattuso entraîneurs".
Franchement, si j’avais un Gattuso dans mon équipe, je ne suis pas sûr qu’il jouerait.
Mais, blague à part, ma perception du jeu a vraiment changé maintenant.
J’aime orienter le jeu depuis le bas, depuis le bas du terrain, vraiment contrôler le jeu, et avoir une supériorité numérique avec le ballon.
Je sais bien que j’ai beaucoup d’ambitions, les débuts ne seront pas simples, mais je désire avoir une équipe solide,
une équipe qui a le désir de travailler, de s’entraîner, qui donne tout sur le terrain. Quand nous entrons en jeu, nous avons vraiment besoin de cela pour nos supporters. Vous l’avez même souligné dans les journaux, en écrivant sur moi hier. Je veux vraiment instiller cette mentalité : même en cas d'échec, nous devons toujours avoir le désir de renverser la situation, sans se retourner contre les coéquipiers."