Gattuso durcit son discours : "j'ai déjà perdu trop de temps !"
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 08/02/2024 à 17:08
Gennaro Gattuso revient sur les réunions qui se sont déroulées cette semaine, en interne, et avec les groupes de supporters. Il a aussi parler d'agressivité et du cas Jonathan Clauss.
Cette semaine, deux réunions importantes ont eu lieu. Qu'en retirez-vous ?
Gennaro Gattuso : "Avec mon staff, c'est quelque chose qu'on fait très souvent, entre nous, aussi avec l'équipe. C'est vrai que ça a été une semaine particulière, mais effectivement on a organisé cette rencontre avec les supporters, qui était à mon sens très importante, dans un esprit de paix. L'amour qui existe de la part des supporters envers cette équipe, envers ce club. L'autre rencontre s'est faite dans un esprit d'éducation avec Pablo, Stéphane, moi-même et aussi l'équipe. C'est vrai qu'on le dit depuis beaucoup de temps qu'effectivement ce qu'on est en train de faire n'est pas suffisant. Il faut faire plus et ça se voit effectivement que nos résultats ne sont pas satisfaisants en ce moment. Pablo il a encore une fois parlé de ce concept, mais je pense que toutes ces rencontres là ont été très positives cette semaine."
Après la défaite contre Lyon, c'est surtout l'état d'esprit, le manque d'agressivité qui ont notamment été pointés du doigt...
G.G. : "C'est une bonne question, après il faut comprendre quel type d'agressivité, qu'est-ce que ça veut dire, parce que même les supporters cette semaine ont parlé d'agressivité, je pense que dans le football moderne il faut comprendre ce que ça veut dire l'agressivité. Ce n'est pas parce qu'on a terminé le match contre Lyon sans carton jaune que ça veut dire que l'équipe n'a pas fait assez de faute. Pendant 35 minutes, c'est vrai qu'on a eu le ballon dans les 30 derniers mètres, en deuxième mi-temps, mais c'est un manque de continuité. On n'a pas vraiment fait le dernier geste. Donc ce n'est pas que un manque d'agressivité. Après, c'est vrai que moi, j'ai bâti toute ma carrière là-dessus. J'étais un joueur plutôt agressif. Quelqu'un cette semaine a parlé du fait qu'il s'attendait à un Simeone. Moi, j'ai toujours essayé de rester moi-même en tant qu'entraîneur. Je suis quelqu'un qui veut commander le jeu. Je veux vraiment construire de par la possession. Je n'ai jamais aimé vraiment organiser mon équipe en fonction de l'adversaire. C'est vrai que j'ai un caractère fort mais parfois il faut aussi que je comprenne le public que j'ai devant moi parce qu'après il faut savoir aussi s'y prendre en fonction du public. Ce n'est pas un problème sur le plan individuel et ce n'est pas un individu qui n'est pas performant, c'est vraiment toute l'équipe donc oui il faut être un peu plus agressif mais il faut aussi faire attention à ne pas déborder dans ce sens là parce que si on est trop agressif et après on risque de finir à neuf ou à dix joueurs et si ce n'est pas naturel si on essaie vraiment de forcer cette agressivité.
"Un Ndiaye, un Sarr, ce ne sont pas un Gigot"
Il faut aussi prendre en considération les différentes qualités des joueurs. C'est facile pour vous de dire ou d'écrire qu'il faut plus d'agressivité mais c'est vrai que un Ndiaye ou un Sarr ce ne sont pas un Gigot par exemple. Pour certains joueurs c'est un peu plus compliqué. Certains joueurs ont cette agressivité déjà en eux, mais il faut aussi faire attention aux qualités de ses joueurs. Un Gigot, un Rongier, c'est une qualité qu'ils possèdent déjà, donc ce n'est pas la peine de le leur dire à chaque fois parce que c'est vraiment une qualité qu'ils maîtrisent déjà. Pour d'autres joueurs ce n'est pas le cas, donc il faut être plus agressif en tant qu'équipe, c'est une qualité effectivement qu'on peut entraîner sur le terrain mais en faisant les bons gestes au bon moment, de bien courir, de fermer, de bien préparer le match mais à chaque fois, il faut vraiment prendre en compte les différentes qualités des uns des autres, parce qu'après c'est une question de méthodologie, il faut aussi travailler sur l'aspect mental."
Ces réunions peuvent-elles créer un déclic chez vos joueurs ?
G.G. : "On n'avait pas besoin d'une réunion pour avoir un déclic. J'ai parlé ces derniers temps d'exigence, j'ai dit qu'il faut faire plus et après je prends la question de votre collègue qui a parlé d'agressivité, effectivement maintenant tout le monde doit en faire plus, moi aussi avec mon staff, avec les gens que j'ai autour de moi. Depuis le début de la saison, on sait que c'est compliqué. On dispute un championnat où il y a des joueurs qui pèsent 100 kg, qui courent à 1000 km par heure. Ce n'est pas suffisant ce qu'on fait pour l'instant. On ne peut pas nous dire qu'on perd des matchs à cause d'un manque de chance, de la malchance. Je pense que déjà deux semaines après mon arrivée, je le rappelais à mes joueurs, je faisais le même discours. Je parlais d'exigence. Après, je vais anticiper votre question sur Jonathan Clauss parce que je sais que vous allez me poser une question sur Jonathan Clauss. Les matchs ne se gagnent pas le dimanche. Les matchs se gagnent pendant la semaine, de par l'entraînement, avec une mentalité, avec la volonté, avec des leaders qui existent dans le groupe. C'est vrai que Jonathan Clauss est un leader, c'est vrai que c'est un joueur important, mais il y en a d'autres aussi. Donc je pense que c'est vrai qu'en ce moment, on n'est pas forcément cohérent dans notre travail au quotidien. Il faut être exigeant avec soi-même, il faut être exigeant avec son partenaire, et c'est à partir de là qu'on pourrait avoir effectivement un déclic, c'est à partir de là qu'on pourrait nous éloigner de cette période difficile. Mais ce n'est pas en réfléchissant sur le plan individuel. On n'a pas des joueurs qui pèsent 100 kilos, mais on a des joueurs avec d'autres qualités. On a nos forces, nos faiblesses, mais il faut vraiment s'appuyer sur la tête. Il faut créer une mentalité gagnante avec une mentalité très très forte. C'est vrai qu'on s'est disputé entre nous, on a eu des discussions, mais Jonathan Clauss, c'est un joueur international qui joue en sélection et quand on voit ses prestations à l'entraînement on comprend pourquoi. Donc voilà, encore une fois, c'est seulement de par cette qualité collective qu'on peut s'éloigner de cette période difficile.
"J'ai déjà perdu trop de temps, j'ai fait trop de calculs"
Il faut toujours raconter la vérité. Pendant ma carrière en tant qu'entraîneur, que ce soit à Naples, à Milan, j'ai toujours essayé de résoudre ce problème, de construire une mentalité. Et plus d'une fois, s'il y avait un joueur qui ne s'entraînait pas à 100%, je ne l'emmenais même pas sur le banc. C'était un joueur qui était exclu du feuille de match. Après, je me suis dit, quand je suis arrivé ici à Marseille, qu'il fallait que je sois un peu plus tranquille, même si je crois beaucoup dans l'entraînement, même si pour moi l'entraînement c'est vraiment quelque chose de sacré, je me suis dit non, il faut faire attention à l'ambiance parce que c'est très très chaud là-bas à Marseille et si jamais j'exclus quelqu'un, que je ne l'amène pas sur le banc, après tout le monde va me poser la question sur pourquoi vous n'avez pas amené ce joueur et après c'est la vérité qui va sortir, donc je me suis dit qu'il fallait que je fasse attention et là c'est mon erreur, mais je pense que ça fait partie de notre chemin, c'est là où je dois faire des progrès parce qu'effectivement j'ai déjà perdu trop de temps. J'ai fait trop de calculs et le discours que je suis en train de faire à vous les journalistes, les joueurs, ils le savent parce qu'une fois ça va, mais après à partir de la deuxième, troisième fois, il faut vraiment envoyer un signal et je pense que c'est très important que je reste fidèle à moi-même par rapport à l'importance de l'entraînement à partir de maintenant."