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Interview

Gasset : "Pour le sacrifice, Mbemba est l'homme idéal"

Par la rédaction du Phocéen

Publié le 26/02/2024 à 12:00

Gasset : "Pour le sacrifice, Mbemba est l'homme idéal"Gasset : "Pour le sacrifice, Mbemba est l'homme idéal"

La réaction de Jean-Louis Gasset après OM-Montpellier (4-1).

Bonsoir, vous disiez que tout pourrait changer en cinq jours. Est-ce que cela a dépassé vos attentes ? Et en outre, est-ce bien de perdre 1 à 0 au Vélodrome pour tout bouleverser ?

Jean-Louis Gasset : "Je signe pour tous les matchs si nous sommes menés et que nous marquons 3 ou 4 buts, mais bon. En 5 jours, nous avons retrouvé de la confiance. Voilà, c'était la priorité. Sur le premier match, nous avons montré de l'état d'esprit, mais ce n'était pas très agréable à regarder parce que techniquement, c'était compliqué. Aujourd'hui, nous avons conservé cet état d'esprit et nous avons ajouté un peu de technique, de maîtrise du jeu. Comme ça, ça le fait."

Jean-Louis, cette semaine, nous redécouvrons des joueurs comme Ismaila Sarr, et ce soir, Iliman Ndiaye. Qu'est-il arrivé en une semaine ? Qu'est-ce que vous leur avez dit ?

J.L.G. : "Que ce sont des joueurs avec du potentiel. Pendant les jours, il fallait d'abord parler avec les cadres pour les remonter, et ensuite parler avec les jeunes joueurs, des joueurs d'avenir, mais ici, c'est dur. Et s'ils avaient été choisis, leur faire comprendre qu'ils allaient y arriver. Mais il y avait une période un peu de doute, mais qu'ils allaient y arriver. Moi, je les connaissais, puisque j'ai travaillé un peu en Afrique, donc je connaissais bien le Sénégal, toutes les équipes. Et quand je les voyais jouer, je me disais, 'wow, il y a du potentiel'. Mais pour s'exprimer à Marseille, au Vélodrome, devant 60 000, ça ne vient pas comme ça. Il faut un petit déclic, un petit laps de temps, et c'est ce que je leur ai dit. J'étais persuadé... persuadé on ne peut pas dire, parce qu'on ne sait pas comment va vous répondre un gamin que vous mettez titulaire, mais j'avais envie de le tenter maintenant parce que le match de jeudi nous avait quand même desinhibés je trouve. J'ai senti des gens qui avaient une chape de plomb un peu moins lourde sur les épaules, donc il fallait faire des choix sur des joueurs. Jeudi c'était avec un attaquant costaud parce qu'on allait jouer long, parce que je ne voulais pas qu'on sorte le ballon de derrière pour ne pas perdre confiance. Aujourd'hui, il fallait plus jouer, donc il fallait plus soit des gens sur les côtés qui vont vite, soit des gens dans l'axe qui techniquement sont forts. Et ils ont répondu."

En deux matchs, on a vu des joueurs transfigurés autant sur le plan mental que même parfois sur le plan physique, avec des efforts qu'ils ne faisaient pas forcément sur certains matchs. Sept buts marqués en deux matchs, donc est-ce qu'on peut dire déjà qu'il y a une patte Gasset sur cette équipe ?

J.L.G. : "On verra, on verra plus tard. Si aujourd'hui on avait pas fait ce qu'il fallait, ça aurait été un feu de paille. On est fin février, il reste des matchs, on n'a pas le droit de se relâcher. Quand on a des qualités comme ça, il faut que le cran soit bien ancré. Donc il n'y a pas de patte. Sur la durée, il y a la patte de certains, pas sur trois jours."

Justement, vous avez quand même beaucoup insisté sur la simplicité depuis votre arrivée, mais on n'a pas l'impression que vous ayez choisi le chemin le plus simple ce soir avec ce système hybride, évolutif, asymétrique, notamment illustré par le positionnement de Mbemba. Est-ce que vous pouvez nous expliquer un peu quel était le but ?

J.L.G. : "Le but c'est qu'on n'a pas de spécialiste. Si Jonathan Clauss est suspendu, on n'a personne qui peut jouer latéral droit ou couloir droit. Donc il fallait trouver quelqu'un qui allait jouer à la ligne, mais qui allait beaucoup moins défendre que Jonathan. Donc il fallait quelqu'un de très intelligent et quelqu'un qui allait se sacrifier pour jouer dans le dos de Sarr. On a trouvé l'homme idéal, parce dans le sacrifice, je peux vous dire qu'il y a un client".

Avez-vous une explication cohérente de l'entame de match de l'équipe ?

J.L.G. : "Le premier match oui, le second match non. C'est une faute technique, comme ça arrive souvent, il y en a eu plusieurs avec cette pelouse qui glissait et le ballon qui faisait des rebonds un peu bizarres à des moments, c'est le destin. Au bout de 4 minutes, vous dites ça y est on est mené 1 à 0. L'autre fois c'était un penalty au bout de 15 ou 20 minutes. Mais bon le match il dure maintenant 95 minutes, donc c'est là la force, mais c'est aussi grâce au public, parce que dans le contexte on aurait pu avoir des sifflets, et là je pense que tout le travail au niveau psychologique aurait été très léger. Mais les gens, on aurait dit qu'il y avait une osmose en disant, bon c'est rien, c'est pas grave, on va remonter. Et ils l'ont senti. Ils l'ont senti. Comme moi je l'ai senti. Je l'ai senti. J'ai senti de la tolérance. Et parce que les joueurs, dans l'état d'esprit et dans l'investissement, étaient au taquet. Après, on joue bien, on ne joue pas bien, on manque la passe, ok. Mais dans l'investissement, là j'ai été très dur avec eux de dire là on a pas le droit. On a pas le droit. Dans l'envie, tu joues à l'Olympique de Marseille, tu joues au Vélodrome devant 60 000, il faut que tu te débrouilles. C'est une obligation et c'est le minimum syndical. Parce qu'on est quand même des joueurs de foot. Donc après on essaye de monter le curseur pour la technique, pour le beau jeu, pour les buts, pour les débordements, tout ce qu'ils savent faire. Ils savent le faire. Mais quand vous avez les pieds rétrécis, tout vous paraît difficile."

Après deux matches, deux victoires, vous avez quelques petites certitudes ?

J.L.G. : "Tout dépend de l'effectif. Là, Jonathan Clauss était suspendu. Un coup ça sera un autre... Avec le petit Bamo (Meité), j'ai 4 centraux. C'est bien. C'est bien le petit il a répondu présent contre le Shakhtar Donetsk en jouant sur son mauvais pied. Mais à droite, il n'y en a qu'un donc il me faut inventer. On récupère Veretout, on récupère Pape Gueye. Et on voit certains espoirs, moi je les appelle, les gens de talent, qui sont en train de passer le cap. Ça c'est très bon, mais c'est l'effectif qui fera l'équipe."

Jean-Louis, vous avez récupéré une équipe malade il y a une semaine. Vous la jugez comment, là ?

J.L.G. : "Convalescente on dira, mais il ne faut pas se relâcher, le mot que j'ai dit dans la vestiaire c'est humilité. On va pas plus loin que le match de Clermont. Il faudra monter encore d'un cran. J'ai vu Clermont cet après-midi à Nice. Je peux vous dire que dans la vie, personne ne vous donne rien. Les gens qui sont en bas à la bagarre, les journées s'amenuisent et ils vont mourir sur le terrain. Toujours pareil, à égalité d'état d'esprit, de motivation, d'envie et monter encore le curseur au niveau technique".

Je voulais savoir un peu ce qu'il en était du changement de l'organisation. Visiblement, vous avez démarré avec Kondogbia à la récupération et Jordan Veretout et Amine Harit devant et finalement l'équipe s'est organisée différemment après l'ouverture du score. Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qu'il s'est passé, si vous vous êtes adapté à Montpellier, si c'était les joueurs ?

J.L.G. : "Vous avez vu quoi comme changement ?"

Jordan Veretout vient de nous dire qu'ils avaient démarré comme ça, j'ai vu à la perte du ballon une organisation en 4-4-2 avec Sarr à droite et Harit à gauche.

J.L.G. : "En seconde mi-temps oui, pas en première".

Vous pouvez nous dire un peu le pourquoi du comment ?

J.L.G. : "Oui. Montpellier a changé, ils jouaient avec deux pointes et à un moment quand ils ont rentré à Adams, il a mis Tamari à droite et Nordin à gauche. Donc à partir du moment où on avait le score, il fallait qu'on passe à 4. Si on n'avait pas eu le score, on serait resté à 3 et on aurait joué un contre un. Mais à partir du moment où vous menez, ce n'est pas la peine de prendre des risques inconsidérés. Montpellier est une équipe de transition et il fallait que nous on les prenne à leur propre jeu. Mais c'est vrai qu'on a fini avec deux lignes de 4 et 2 joueurs superposés."

Quand on voit le match de Ndiaye, quand on a vu celui de Moumbagna l'autre soir, il va y avoir des choix...

J.L.G. : "Tout dépendra de l'histoire du match. Comment on voit le match, comment on le prépare, un plan A, un plan B. Ce sont des bons soucis. En trois jours, on a vu un attaquant de fixation et aujourd'hui on a vu pratiquement un numéro 10 qui peut organiser le jeu. C'est bien. Il y a de la qualité."

La mission des 100 jours a bien débuté avec deux victoires. C'était un peu l'urgence quand vous êtes arrivé. Vous avez demandé beaucoup de simplicité, beaucoup de choses plutôt simples. Là vous allez avoir une semaine pour préparer votre prochain match. Est-ce qu'à partir de ce moment-là vous allez rentrer dans une autre réflexion, une autre stratégie de travail ?

J.L.G. : "Déjà on va donner un lundi de repos et on se retrouvera mardi à midi pour que les joueurs profitent de leur famille, c'est le plus important. On a fait des mises au vert, on a fait des discussions, des réunions, donc à un moment donné il faut leur lâcher un peu la grappe et là ils méritent d'avoir deux jours de repos et mardi après-midi on reprendra dans une séance, dans une semaine normale, avec tout ce qu'on a vu avec des joueurs frais, ce soir il a fallu faire des changements au bout d'une heure de jeu parce que on a des joueurs à risque. Alors la question, c'était toujours on les renvoie ou on les renvoie pas. Je cite Kondogbia, je cite Merlin... Surtout pour ne pas arriver à la blessure. Veretout reprenait, il a joué 70-75 minutes. On a besoin de tout le monde quand on joue des semaines pratiquement à trois matchs et on a des joueurs qui ne sont pas qualifiés pour la coupe d'Europe. Il faut bien y penser à ça, parce que la coupe d'Europe elle est importante. Faire le premier pas pour remonter un petit peu en championnat pour la confiance tout ça c'est bien, mais en Coupe d'Europe il y a des joueurs qui ne sont pas qualifiés, là c'est un casse-tête, donc avoir plusieurs solutions, c'est très bon".

Concernant cette fameuse mission des 100 jours, ça donne un truc un peu dramatique...

J.L.G. : "Ça vous a plu ces 100 jours, hein ?"

Justement, est-ce que c'est quelque chose que vous avez transmis à vos joueurs, on est là pour 100 jours, on est là, on va tout donner. Est-ce que vous les sentez réceptifs à cette idée d'être en mission un peu commando, ces 100 jours c'est la dernière chance de sauver la saison, maintenant donnez tout et puis on verra après ?

J.L.G. : "Ils étaient au fond du seau. Donc il fallait bien qu'ils s'accrochent à quelque chose. J'ai un peu d'expérience pour pouvoir leur parler. J'ai toujours des anecdotes où c'est arrivé. Tant qu'il y a de la vie, c'est la vérité. Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. Mais il faut faire ce qu'il faut, ça ne va pas tomber du ciel et personne ne va rien vous donner. Au contraire. Donc il fallait leur faire comprendre ça, que c'était à eux de réagir. Moi, j'étais venu pour les aider. Le fait d'avoir 100 jours, comme vous dites, oui je ne suis pas dans la durée, je ne suis pas carriériste, je ne suis pas... Non, Marseille m'a téléphoné pour donner un coup de main, j'y vais. J'explique aux joueurs la bonne solution. Mais il fallait trouver la formule qui leur allait bien à l'instant. Il ne fallait pas compliquer les choses. On part tranquille, un et un, deux. Très simple, très simple. Partez simple et on va monter. On ne peut pas aller plus bas, vous êtes au fond. Et là, il fallait qu'ils s'accrochent à quelque chose. Petit à petit, on a fait que deux escaliers. Il en reste combien ? Un championnat c'est 11, et un coupe d'Europe c'est... J'ai dit X l'autre fois, je vais dire Y."

Jean-Louis, on va parler d'effet Gasset et c'est mérité, bravo...

J.L.G. : "Non".

Non, on va parler, on va le dire ça. Mais est-ce que vous êtes d'accord avec votre expérience, que parfois ça joue à pas grand chose, on a l'impression qu'avec Gennaro, les poteaux ils auraient été sortants ou rentrants, le penalty, la VAR n'a jamais appelé l'arbitre. Est-ce qu'il y a quand même aussi ce petit truc aussi qui vient avec vous ?

J.L.G. : "Dans la vie de tous les jours, vous avez des moments où tout va bien. Vous vous levez le matin... et puis tout d'un coup, il y a une espèce de bouleversement, il pleut, vous avez oublié de fermer la fenêtre de la voiture... Que des petits détails, mais je rigole pas. Non mais je ne plaisante pas. Et petit à petit, tout... Et après, hop, le ciel bleu revient, mais c'est la période de la vie, je ne vous parle pas de choses graves. D'accord ? Il y a des choses très graves, beaucoup plus graves que le football, qui vous arrivent, le lundi, le mercredi... Et bien le football c'est pareil. Il faut arriver à trouver ce petit coup de clé qui fait qu'on bascule dans le ciel bleu."