Jean-Louis Gasset a donné son avis sur Faris Moumbagna et sur d'autres cas individuels en conférence de presse cet après-midi.
On parle pas mal de Faris Moumbagna depuis ses deux buts contre Benfica et Toulouse coup sur coup. Mais il y a quand même une tendance à le caricaturer dans certains débats sur lui. Moi, je voulais vous demander en tant que coach qui avait connu pas mal de jeunes de son gabarit, de son talent quand vous étiez à Sainté, à Montpellier, à Bordeaux, un peu partout. À qui vous fait-il penser ? Quels sont les points à améliorer et qu'est-ce qu'il a déjà ? Vraiment, votre regard de coach sur Faris.
Jean-Louis Gasset : Quand je l'ai vu la première fois, de suite j'ai pensé à Brandao. De suite. J'ai dit à Gislain qui avait entraîné Brandao, j'ai dit que c'était Brandao. Même gabarit, gaucher, maintenant c'est un jeune joueur. Il faut le faire travailler techniquement, il faut le faire travailler dans les déplacements parce que c'est un garçon qui va vite et on ne s'en rend pas toujours compte parce qu'il se positionne très mal pour les transitions. Il faudrait avoir du temps pour travailler avec lui mais malheureusement on joue tous les 3-4 jours et je trouve que pour l'avoir fait rentrer un certain nombre de fois, je ne sais pas s'il y a des statistiques là-dessus, mais il est souvent efficace en entrant en jeu. D'accord, je l'avais fait démarrer à Benfica pour soulager Aubameyang. Mais là, sur les deux derniers matchs, c'est vrai qu'il a marqué le but qui a renversé le stade. Et là, à Toulouse, il nous... Il égalise sur un geste magnifique. et ils nous laissent... on prend un point à l'extérieur, c'est vrai que c'est insuffisant quand on est Marseille, mais on est un petit peu soulagé.
On a beaucoup parlé de son physique. Est-ce que, par exemple, demain, bon, a priori s'il n'y a pas de surprise, on retrouve en face une charnière Todibo-Dante qui est réputée pour être physique. Est-ce que cela vous oblige de fait à titulariser Moumbagna qui peut imposer un défi physique ?
J.L.G : Non, pas nécessairement. On va faire de notre mieux demain. Demain, on va faire de notre mieux, on va mettre l'équipe la plus fraîche. À Toulouse, on a fait tourner, on était à 72 heures après des prolongations, après une grande libération parce que l'adrénaline était là jeudi soir quand on a rempli ce contrat, croyez-moi, il y avait longtemps qu'il ne s'était rien passé que je n'imaginais pas. Donc, il y avait une décompression. J'avais dit au groupe, un groupe c'est des gens qui prennent le relais et à Toulouse je ne l'ai pas senti comme ça. Donc dès demain, il faut retrouver cet état d'esprit, cette agressivité et cette efficacité qui fait que dans notre entre on est dur à jouer.
Amir Murillo était là juste avant vous. Est-ce que c'était le joueur qui vous a manqué quand vous avez pris vos fonctions puisqu'il a été blessé ? Qu'est-ce que vous pouvez nous dire sur le joueur qu'il est et ce qu'il peut vous apporter puisque vraisemblablement demain il sera titulaire contre Nice ?
J.L.G : C'est une belle découverte. L'homme et le joueur, car il a subi une blessure et une rechute qui l'ont amené à l'opération. J'ai connu des gens qui ont été dans ce cas et qui ont mis beaucoup de temps à revenir car ils appréhendaient. Il a une mentalité courageuse. Il est venu immédiatement avec nous, il n'y a pas eu de match en CFA ou quoi que ce soit. Quand j'ai eu besoin de lui, je l'ai pris pour faire respirer un peu le groupe à Benfica et pour le match retour contre Benfica quand Chancel s'est blessé, et j'ai vu à ce moment-là qu'il avait cette appréhension car l'intervention qu'il a subie est peu commune, et croyez-moi, il fait partie de ces personnes sur lesquelles on peut compter. Il est malléable tactiquement, il peut jouer latéral droit, il peut jouer dans une défense à trois, il peut jouer latéral gauche, il peut jouer dans le couloir. C'est le genre de joueur que j'apprécie, mais l'homme est également très attentif, et Marseille a réalisé une très belle recrue.
C'est parfois un peu délicat de cibler un joueur et désagréable, mais ça fait aussi partie peut-être du métier des deux côtés, d'ailleurs. Est-ce que vous êtes déçu de Joaquín Correa, parce que c'est un peu une énigme quand même ? On connaît son passé de footballeur qui a été un grand joueur. On voit qu'il a des qualités notamment techniques. Il a donné l'impression dimanche parfois de ne pas faire tous les efforts, c'est mon sentiment. Est-ce que vous comprenez le niveau qu'il affiche en ce moment, en tout cas quand vous lui donnez sa chance ?
J.L.G : Quand j'ai dit que j'attendais plus, ce n'est pas d'un joueur. D'accord ? Vous ciblez un joueur, je n'aime pas cibler un joueur. Comment ressortir un joueur de l'effectif ? On a un groupe. J'avais senti que quand il a tiré le penalty, qu'il a marqué le premier penalty, j'ai dit que c'était l'heure. Je vous avais dit un jour qu'il débuterait, c'est l'heure. Et il me semblait que cette conviction qu'il a émise pour marquer ce but qui nous amenait sur la voie, qui allait nous qualifier, puisque Di María avait manqué le sien, je me suis dit que c'était le bon moment. Mais c'est difficile aussi quand on n'a pas joué depuis longtemps. Mais je ne veux pas cibler juste un joueur, il y en a d'autres qui étaient dans le même cas qui auraient dû prendre le relais et ils m'ont laissé sur ma fin.
Par rapport à Pau Lopez, il y a un enchaînement quand même assez important de matchs qui arrive. Est-ce que vous pourriez être tenté de le laisser souffler un petit peu, se reposer contre Nice, éventuellement Lens, ou ce n'est pas d'actualité ? Et ce n'est pas pour pointer du doigt.
J.L.G : Ce n'est pas d'actualité. Parce que si vous m'aviez posé la question jeudi soir à minuit et demi, j'aurais dit qu'il était un héros, parce qu'il avait arrêté LE penalty. Donc ce n'est pas parce qu'il y a eu une erreur sur un but, ça arrive, ça arrive, ce n'est que ceux qui ne font rien qui ne font pas d'erreur. Non, non, ce n'est pas d'actualité.
Jean-Louis, tout à l'heure vous parliez des cadres et vous avez cité Léo Balerdi. Est-ce que vous pouvez nous dire quel joueur vous avez découvert et comment vous jugez sa progression jusqu'où vous le voyez aller ?
J.L.G : Il a tout. Il a tout ce qu'il faut. Il faut qu'il progresse sur des petits détails. On travaille avec lui. Avec lui, je suis dans les détails, quand je parle avec lui c'est au millimètre, sur un positionnement, sur l'état d'esprit, dans le don de soi. Il a tout ce qu'il faut pour devenir un très grand défenseur.