Fair-play financier : ce qui change pour l'OM
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 05/04/2020 à 01:00
L'OM va-t-il parvenir à passer entre les gouttes du FPF en cette période de crise ?
Mercredi dernier, on apprenait que l'UEFA comptait bien assouplir la surveillance du fair-play financier sur les clubs européens. Une bonne nouvelle pour l'OM, déjà sous le coup de sanctions et d'un accord de règlement très contraignant. Si, comme l'UEFA l'a expliqué sur son site, les contrôles devaient être suspendus pour la saison à venir à cause de la crise financière due à l'épidémie de Covid-19, le club olympien aurait donc l'assurance de pouvoir disputer la Champions League la saison prochaine et enregistrer ainsi les revenus qui vont avec. Une vraie bonne nouvelle, même si l'OM est loin d'être tiré d'affaire. L'occasion pour Le Phocéen de faire le point avec l'économiste du sport Jean-François Brocard, chercheur au CDES (Centre de droit et d'économie du sport de l'Université de Limoges). Interview :
L'OM est-il tiré provisoirement d'affaire avec l'arrêt du FPF pour la saison à venir ?
Jean-François Brocard : "Déjà, il faudrait savoir dans quelles conditions ils comptent suspendre leurs contrôles sur les clubs, ce qui n'est pas très clair pour le moment. Il faut quand même garder à l'esprit que la règle d'or de l'ICFC reste l'équilibre entre les dépenses et les recettes. Compte tenu de la situation de crise actuelle, les clubs n'ayant plus de revenus, il est normal que l'UEFA en tienne compte. Déjà, en temps normal, une marge de 30 M€ est autorisée. Mais là, il est quasiment impossible pour beaucoup de clubs de s'y tenir. L'arrêt des contrôles est donc une bouffée d'oxygène provisoire, effectivement"
Le fait pour l'OM d'être déjà pris dans les filets et d'être sous le coup d'un accord de règlement change-t-il tout de même la donne ?
JF.B : "Le prévisionnel de l'OM était déjà dans le rouge, et celui à venir le sera de fait encore plus avec la crise actuelle. D'où l'importance de trouver des accords sur les salaires des joueurs durant cette période. Du coup, sa situation reste très précaire, même si cet assouplissement du fair-play financier va lui permettre de ne pas être encore plus sanctionné. Il faut maintenant savoir si Frank McCourt est prêt à remettre de l'argent dans le circuit pour que l'OM reste compétitif dans les mois à venir. C'est finalement ça le plus inquiétant"
La solution reste, plus que jamais, de vendre des joueurs cet été ?
JF.B : "Oui, parce qu'il s'agit du seul moyen de générer du financement par l'activité, ce qui correspond aux règles du fair-play financier. L'OM doit non seulement réaliser de bonnes ventes avec ses meilleurs éléments, mais aussi trouver des solutions pour sa masse salariale avec les gros revenus de type Kevin Strootman. C'est une solution à court terme, mais c'est la seule"
Il y a aussi l'assurance de disputer la Champions League, qui est une source de gros revenus ?
JF.B : "Oui, car si l'OM ne devait pas la jouer, ce serait une catastrophe. Après, s'ils la jouent, ce sera un vrai coup de main, mais pas une condition suffisante pour repartir comme si de rien n'était. De plus, ils devront obligatoirement renforcer leur effectif pour la disputer, ce qui génère beaucoup de dépenses. Sans compter certains salaires qui vont monter automatiquement, compte tenu des clauses prévues à cet effet dans les contrats des joueurs. C'est une augmentation des charges mécanique. La Champions League n'est donc pas forcément la baguette magique qui va résoudre les problèmes financiers de l'OM"
L'OM peut aussi compter sur l'augmentation drastique des droits TV à partir de la saison prochaine...
JF.B : "Aussi, mais il faut savoir que beaucoup de clubs ont déjà tapé dans cette manne en anticipant. Je ne sais pas si c'est le cas de l'OM, mais là encore, les agents ont déjà prévu le coup en prévoyant des augmentations pour leurs joueurs dans l'optique de cette nouvelle ressource. De manière générale, les droits TV augmentent régulièrement depuis les années 90, et ont-ils sauvé des clubs sur le plan financier ? Non, car ils ont tous augmenté leurs charges en dépensant davantage en transferts de joueurs et en salaires"
Enfin, est-ce que les baisses de salaires des joueurs négociées actuellement peuvent avoir un effet positif ?
JF.B : "Ce serait vraiment une solution en cette période catastrophique. Jusqu'à présent, les syndicats de joueurs ne sont pas forcément très constructifs historiquement. Mais là, ils savent que beaucoup de clubs vont se retrouver en cessation de paiement s'ils ne font pas d'efforts, c'est très clair. Ils ne peuvent pas douter du fait qu'en cas de refus de leur part, les clubs risquent de ne plus pouvoir les payer du tout. Ils n'ont donc pas intérêt à jouer avec le feu, c'est la seule solution, parce que la cessation de paiement n'est vraiment pas loin".