Ex-OM : l'intelligente reconversion de Kassim Abdallah
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 09/05/2020 à 19:44
L'ancien latéral droit de l'OM tient une boulangerie et une boucherie dans les quartiers Nord de Marseille.
"J'ai mis entre parenthèses le foot depuis un an. Ca se passait bien avec l'Athletico Marseille mais avec la rétrogradation administrative en Nationale 3 c'était compliqué. Alors comme j'avais des activités à côté, j'ai un peu laissé tomber le foot". Invité du Talk Show en début de semaine, que vous pouvez retrouver en vidéo, Kassim Abdallah, est revenu sur sa situation particulière. A 33 ans, il est toujours appelé en sélection avec les Comores bien qu'il soit sans club. S'il est en contact avec des clubs de la région, le latéral droit a également pensé à l'après avec l'ouverture d'une boucherie et une boulangerie dans les quartiers Nord. Une initiative pleine d'humilité, qui incarne à la perfection l'expression "ne pas oublier d'où l'on vient". "A travers ça, j'ai l'occasion de créer des emplois, de voir beaucoup de monde, ceux avec qui j'ai grandi. Ca permet de voir la vie autrement. Deux boucheries en plus vont ouvrir. Généralement, les footballeurs investissent dans l'immobilier. C'est bien huilé, tu ne te casses pas trop la tête. Moi j'avais envie de faire autre chose, de ne pas regarder l'argent tomber, je voulais être en contact avec les gens. Ca change un peu" explique celui qui est passé 18 mois par l'OM.
La parfaite doublure de Fanni
Son histoire avec le club phocéen démarre à la fin du mois d'août 2012. Le club vient de vendre César Azpilicueta à Chelsea et, alors que Rod Fanni passe titulaire incontestable à droite, le club lui cherche une doublure intéressante. C'est le cas de l'enfant des quartiers nord de Marseille, considéré alors comme le deuxième meilleur latéral de la saison qui vient de s'écouler en Ligue 2 avec Sedan, juste derrière le Troyen et futur champion du monde Djibril Sidibé. Il signe pour 500 000 euros et conquit rapidement le public avec des prestations encourageantes (comme à domicile contre le PSG de Zlatan Ibrahimovic, 2-2) mais aussi avec son langage typiquement marseillais ("Nkoulou derrière, c'est la sécurité. La sécurité sociale même"). Sur la saison, si Rod Fanni réalise une formidable saison, sa meilleure à l'OM, étant sûrement à ce moment-là le meilleur latéral droit de Ligue 1, Abdallah n'est pas en reste. Il fait 25 matchs sur l'exercice et assure notamment quand il faut enchaîner deux victoires au Vél en mai contre Bastia puis Toulouse pour sécuriser la deuxième place au classement.
Quand Labrune a forcé son départ
La deuxième saison est plus délicate. L'OM recrute de nombreux joueurs, et Abdallah ne sent plus la confiance de ses dirigeants. En toute fin de mercato, il est même question de recruter un nouvel arrière droit, Anthony Reveillère, en qualité de joker. Dans le même temps, comme toute l'équipe, Abdallah plonge et n'aligne plus son niveau de la saison d'avant. Problématique alors que l'opposition n'est plus la même avec la Ligue des champions, où Abdallah se retrouve livré à lui-même, notamment lors de la double-confrontation contre Naples. Il fait tout de même 17 matchs, avant d'être échangé en toute fin de mercato contre Brice Dja Djédjé à Evian Thonon-Gaillard. "Je suis fier de mon passage à l'OM. Le seul regret que j'ai, avec le recul, c'est que j'aurais dû prendre mon mal en patience. Labrune a fait une fixation sur moi, il ne me voulait plus. La fameuse journée où je pars, je parle le matin avec José Anigo, l'entraîneur. Il m'assure que les meilleurs joueront, il n'y aura pas de statut entre moi et Rod Fanni. Mais l'après-midi, mon agent reçoit un appel de Labrune qui voulait m'échanger avec Dja Djédjé. C'était le président de l'OM mais il ne m'a jamais dit les choses franchement. Quand j'avais des opportunités l'été d'avant, il me disait "reste, on t'aime trop..." Et au final il voulait me transférer. Mais j'aurais dû affronter mon destin à ce moment-là et dire que je reste même s'ils recrutaient quelqu'un. Ceux qui ont réussi à Marseille, si tu regardes bien, la plupart, ils ont pris leur temps. Mais j'étais jeune, j'avais envie de jouer, j'étais frustré de voir le président forcer" commente-t-il aujourd'hui.
La maison du Pain
Quelques mois plus tard, Marcelo Bielsa débarquait à l'OM et faisait, le temps d'une saison, de Brice Dja Djédjé un tout autre footballeur. Aurait-il pu faire la même chose avec Abdallah ? On ne saura jamais. Mais le latéral droit aura tout de même poursuivi sa carrière, avec la sélection comorienne et le maintien historique d'Evian face à Sochaux en 2014 notamment. Jusqu'à "La Maison du Pain", 57 boulevard Jourdan, dans le 14e arrondissement de Marseille, histoire de boucler la boucle.