Eric Roy : "Sampaoli est un entraîneur entraînant"

En choisissant Jorge Sampaoli pour prendre la suite d'André Villas-Boas à l'OM, Pablo Longoria semble avoir tapé juste dans le diagnostic. En effet, après avoir vu une équipe qui se morfondait lors des derniers mois sous la responsabilité du Portugais, on s'aperçoit aujourd'hui que les Olympiens donnent une nouvelle image, celle d'une équipe capable d'inverser le cours des rencontres en allant chercher des résultats dans les toutes dernières minutes. C'est ce que constate pour Le Phocéen l'ancien milieu olympien Eric Roy, aujourd'hui consultant pour RMC Sport et France Télévision. Pour l'ancien directeur sportif de Watford, l'Argentin a réussi à débloquer les cerveaux, en attendant d'imprimer une véritable patte sur le jeu.

Quels sont pour toi les principaux changements apportés par l'arrivée de Sampaoli ?

Eric Roy : "D'un point de vue tactique, c'est difficile à quantifier car on voit bien qu'il teste plusieurs schémas d'un bout à l'autre des matches. Je pense qu'il faut attendre encore pour voir ce que cela donnera la saison prochaine avec un groupe qu'il aura constitué. En revanche, la chose évidente que je ressens en regardant ses matches, c'est l'énergie qu'il transmet à son équipe".

C'est en rapport avec les fins de matchs de l'OM ?

ER : "Bien sûr, puisqu'ils marquent souvent dans les dernières minutes, mais c'est une impression plus globale. On parle de son football total, mais pour l'instant, on voit que ça court plus par rapport à avant. En fait, c'est idiot à dire, mais il y a des entraîneurs qui sont plus entraînants que d'autres, tout simplement, et Sampaoli fait partie de cette catégorie des entraîneurs entraînants. D'autres sont beaucoup plus calmes et agissent sur d'autres ressorts tout en étant performants. Il y a aussi le cas de Bielsa, qui est très entraînant mais aussi usant pour les organismes et les cerveaux des joueurs. C'est pour ça qu'il faut voir sur la durée, mais il est clair que Sampaoli parvient à communiquer son envie de gagner aux joueurs".

Ce que ne parvenait plus à faire Villas-Boas ?

ER : "Je ne dirais pas ça, parce que j'estime qu'il a aussi fait beaucoup de bonnes choses. Mais, le changement avec une personnalité comme l'Argentin a permis de remettre la dynamique en route".

Et comme toujours, on peut en vouloir aux joueurs qui n'ont peut-être pas joué le jeu, non ?

ER : "Oui, et c'est souvent comme ça puisque ce sont les mêmes joueurs. En fait, et c'est vieux comme le football, l'arrivée d'un nouveau coach provoque une dynamique dans le sens où les joueurs vont vouloir se mettre dans ses petits papiers. Il arrive sans a priori et tout le monde a envie de sauter dans le bon wagon, en tout cas ceux qui comptent rester la saison prochaine. Ils veulent faire partie du nouveau projet, et c'est là qu'on se rend compte que la responsabilité des mauvais résultats réside largement sur leurs épaules aussi. On ne va pas nous faire croire qu'un coach est capable de transformer radicalement ses joueurs en une semaine, ce sont les mentalités et la motivation qui changent. Les comportements individuels sont très impactants sur la performance collective d'une équipe. Mais un coach doit transmettre à ses joueurs ce qu'il est et ce qu'il veut. Sampaoli est un mec passionné, démonstratif, survolté, et pour l'instant il parvient à transmettre ça à son équipe. C'est ce que je retiens en priorité".