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Interview

Dugarry : "J'imagine le pire pour l'OM"

Par la rédaction du Phocéen

Publié le 08/04/2016 à 07:00

Dugarry : "J'imagine le pire pour l'OM"Dugarry : "J'imagine le pire pour l'OM"

Attaquant de l'OM entre 1997 et 1999, aux côtés des Pirès, Ravanelli et Maurice, Christophe Dugarry n'a jamais laissé les supporters indifférents. Tant au niveau de ses commentaires, parfois jugés un peu trop "pro-bordelais", que par ses interventions sans langue de bois dans le Canal Football Club, il s'est révélé comme l'un des consultants incontournables dans un univers de robinets d'eau tiède, qu'on l'apprécie ou pas.

Bien au fait de la situation de l'OM, il ne se prive jamais de la commenter avec ses mots bien trempés, comme lorsqu'il affirme que "MLD devrait donner le club", plutôt que de l'emmener dans le mur. Cette situation dramatique, Christophe Dugarry a justement accepté de la commenter pour Le Phocéen, à deux jours d'un OM-Bordeaux de tous les dangers. Interview :

- Christophe, comment vis-tu la situation actuelle à l'OM ?

"Je vois les choses sombrement. On sent un ras-le-bol, il y a trop de bricolage. Des joueurs en fin de contrat vont encore partir gratuitement, ce qui est inadmissible, et cela fait plusieurs années que ça dure. Le "projet Dortmund" partait d'un bon sentiment, sauf qu'il fallait s'y tenir et mettre les bonnes personnes en place. Mais c'est un effet d'annonce, dans un club où on n'a pas le temps de travailler. Je me pose beaucoup de questions sur ce club, avec un budget de 169 millions d'euros, selon les documents de Bernard Caïazzo (125 selon les chiffres officiels). Je me demande comment c'est possible ! Comment peut-on faire une équipe pareille avec ça ? C'est surréaliste ! Malheureusement, j'imagine le pire pour l'OM, même s'ils vont certainement se sauver. Mais que va-t-il se passer la saison prochaine ? Je suis inquiet".

"MLD doit donner le club..."

- Toi aussi aussi, tu souhaites la vente du club ?

"La famille Louis-Dreyfus a fait le tour de la question. C'est bien d'avoir voulu faire face et il faut les remercier, mais il faut accepter de laisser la place pour partir sur un autre projet. Si MLD n'est pas capable d'assurer à l'OM un avenir serein avec des moyens, elle doit donner le club, ou vendre, même si je ne sais pas combien il vaut vraiment. En tout cas, je pense qu'il lui sera impossible de faire une affaire financière".

"Les réunions avec les supporters ne servent à rien"

- Les joueurs ont rencontré les groupes de supporters hier. Tu as connu ça à ton époque...

"Oui. Ce sont des moments qui ne servent à rien et qui mettent le stress à tout le monde. Les supporters sont persuadés qu'ils vont être écoutés, alors qu'il ne faut pas imaginer une seule seconde que les joueurs sont ravis de se retrouver dans cette situation. C'est plus un truc pour acheter la paix sociale au stade. On accepte pour éviter que les supporters ne mettent le feu, mais ce sont des moments très désagréables. Tu as face à toi des gars dont c'est la passion par-dessus tout, c'est leur vie, ils ont des mots très forts, voire insultants ou menaçants. Maintenant, il est vrai que Marseille est dans une situation tellement terrible que l'on essaie d'acheter la paix sociale de la meilleure des façons pour permettre à ce match de se jouer dans une certaine sérénité. Mais ce n'est pas une situation qui me plait et qui plait aux joueurs en général. On est bien quand chacun est à sa place, que les supporters supportent, que les joueurs jouent et que les dirigeants dirigent. Bon, si cela permet de remobiliser tout le monde, ok, mais vu la jeunesse de l'équipe, cela me paraît plus angoissant que stimulant".

"Les Parisiens m'accusent d'être pro-Marseillais"

- Tu ne seras pas aux commentaires dimanche, alors qu'on t'a souvent accusé d'être partisan dans ces matches. Comment l'as-tu vécu ?

"Cela m'est complètement égal. Lorsque j'ai commenté OM-PSG cette année, les Parisiens m'ont accusé d'être pro-Marseillais. Je n'en ai rien à foutre, ils ont droit de penser ce qu'ils veulent. Je pense être le plus juste possible et dire les choses avec mes convictions. Que ça plaise ou non, je suis là pour dire ce que je pense et chacun peut dire ce qu'il veut, ça m'est égal. Quand les équipes jouent bien, je le dis, et quand elles jouent mal, mon rôle est de le dire. Peu importe si j'ai porté le maillot ou si j'ai des copains dans l'équipe ou sur le banc. Le jour où je perds cette honnêteté intellectuelle, j'arrêterai".