OM Actualités Foot de l’Olympique de Marseille

Rejoignez notre communauté

pour profiter de vos avantages

Thème d'affichage
Interview

De Zerbi : "Rowe, Koné et Brassier, ça m'embête..."

Par la rédaction du Phocéen

Publié le 13/12/2024 à 13:55

De Zerbi : "Rowe, Koné et Brassier, ça m'embête..."De Zerbi : "Rowe, Koné et Brassier, ça m'embête..."

En conférence de presse avant la réception, Roberto De Zerbi a évoqué le cas de plusieurs joueurs, dont Elye Wahi, Lilian Brassier et Ismael Koné.

Quand on interroge les anciens éducateurs et formateurs d'Elye Wahi, ils expliquent que sa saison un peu mitigée à Lens, qui présentait quelques points communs avec votre style de jeu, par le fait que, dans ses catégories de jeunes, il n’a pas eu l’occasion d’être formé physiquement, ayant souvent sauté des catégories. De même, il n’a pas appris tactiquement à presser, ce qui a entraîné certaines difficultés. Dans sa carrière, notamment à Montpellier chez les pros, il a souvent évolué dans des équipes à bloc bas, misant beaucoup sur sa vitesse et sa capacité à exploiter la profondeur. Je voulais savoir si, au contact de Franck Haise et du vôtre, il a réussi à gommer ces lacunes, ou si c’est encore ce qui freine son adaptation à votre équipe ?

Roberto De Zerbi : "C’est une bonne question. Tout d’abord, oui, il a actuellement un problème physique, et je ne sais pas s’il sera disponible demain. Pour répondre, je dirais qu’il y a une part de vérité dans ce que vous évoquez. Ce n’est pas uniquement une question de connaissances tactiques ou footballistiques, même si, c’est vrai, il y a peut-être eu des manques à ce niveau dans le passé. C’est aussi une question d’adaptation à un environnement particulier, un club différent de tous les autres. L’idylle avec ce club est également différente de tout ce qu’il a connu auparavant. Mais je juge les joueurs en fonction de leurs qualités, aussi bien sur le plan sportif qu’humain. Elye est vraiment un bon garçon, un très bon joueur avec un potentiel énorme. Une partie de mon travail est de l’aider à s’améliorer. Je crois moins à un collectif imposé qu’aux individualités qui construisent un collectif. Donc, si Elye parvient à progresser et si je peux l’y aider, alors le collectif en tirera naturellement des bénéfices."

Vous établissez vos compositions d’équipe en fonction de ce que vous observez au quotidien à l’entraînement. Depuis votre arrivée il y a cinq mois, comment jugez-vous l’implication de vos joueurs à l’entraînement ? Et quand je parle d’implication, je fais référence au sérieux, à la rigueur et à la discipline. Êtes-vous satisfait ou, au contraire, estimez-vous parfois qu’il faut en demander davantage ? Constatez-vous des différences entre les jeunes joueurs et ceux plus expérimentés, qui ont peut-être davantage de recul ?

Roberto De Zerbi : "Le sérieux des joueurs, du premier jour jusqu’à hier, a toujours été à 100%. Mais il faut évaluer un autre aspect : l’habitude d’être constamment poussé à donner le maximum avec la bonne mentalité, en considérant que chaque entraînement est un match. C’est une habitude à prendre. Un joueur peut tout donner à l’entraînement, mais le véritable palier à franchir, c’est lorsque l’entraînement est perçu comme un match. Si on réussit à inculquer cette mentalité, on est alors réellement prêts à affronter les matchs. À chaque fois que tu enfiles ton maillot et tes crampons, c’est comme si tu jouais un match, que ce soit une opposition le mardi, une séance de finitions ou une rencontre contre le PSG. Il faut être prêt, peu importe l’heure ou le jour : 3h du matin, 10h, 17h, le lundi, Noël ou au mois d’août. C’est une question d’habitude. Quand on regarde des joueurs comme Højbjerg, Rabiot ou Maupay, par exemple, ils ont un avantage à ce niveau par rapport à des jeunes comme Jonathan Rowe ou Elye Wahi. Cela s’explique par l’âge et l’expérience. L’expérience est une valeur ajoutée. On ne la considère pas toujours comme essentielle au début, mais quand on l’acquiert, on comprend qu’elle permet de mieux anticiper et d’appréhender plus rapidement ce qui se passe sur le terrain."

Je voulais vous poser une question sur Adrien Rabiot et son but marqué l’autre jour contre Saint-Étienne. Est-ce que vous considérez que vous avez besoin d’un Rabiot buteur ? On se souvient qu’Allegri, en Italie, lui demandait de marquer 10 ou 12 buts par saison. On sait que votre milieu de terrain n’est pas particulièrement prolifique devant le but. Par exemple, Rongier marque traditionnellement peu de buts, et Højbjerg, avec son positionnement et son rôle, n’en marquera probablement pas énormément non plus. Même Harit, historiquement, n’est pas un grand buteur. Attendez-vous que Rabiot marque 8 ou 10 buts cette saison, ou qu’il apporte quelque chose de plus dans ce domaine ?

De Zerbi : "Rabiot, on aurait besoin d’en avoir deux, trois, quatre, voire cinq comme lui ! J’ai même demandé s’il n’avait pas un frère qui lui ressemble, mais il m’a dit que ses frères ne jouent pas au football, malheureusement. Cela dit, on cherche à augmenter le nombre de buts marqués par tout le monde, y compris les attaquants. Par exemple, Greenwood, qui a déjà inscrit 10 buts, doit se fixer un objectif de 20 à 25 buts. Cela vaut aussi pour Merlin, Ulisses Garcia, Luis Henrique et Højbjerg. Avec leur bagage technique, ils ont la possibilité de marquer davantage. Bien sûr, certains joueurs ont plus de propension à marquer, comme Rabiot, en raison de leurs caractéristiques. D’autres, en revanche, sont moins orientés vers le but, ce qui dépend aussi de leur rôle et de leurs qualités individuelles."

Une question sur Valentin Rongier. On a beaucoup évoqué récemment le fait qu’il apporte, comme vous le dites, de l’équilibre ou même une forme de géométrie à l’équipe. Est-ce qu’il doit aussi être un exemple mentalement pour certains joueurs qui jouent moins, notamment les jeunes, puisqu’il a dit lui-même qu’il avait "fermé sa bouche", qu’il était resté concentré et avait travaillé ? Est-ce qu’en ce sens, c’est un modèle pour le vestiaire ?

Roberto De Zerbi : "Hier, justement, je l’ai pris comme exemple lors de la réunion avec les joueurs. J’anticipe d’ailleurs les questions qui pourraient venir après, notamment sur des joueurs comme Brassier, Koné ou Rowe. Brassier, par exemple, c’est moi qui l’ai voulu ici. Je les ai soutenus, et ça m’embête qu’ils n’aient pas de temps de jeu. Mais le football, c’est ça : personne ne joue parce qu’il est "fils de quelqu’un" ou par favoritisme. C’est le terrain qui décide. Rongier a mérité sa place, et c’est pour cela qu’il joue. Il est une pièce essentielle de notre équipe, et il s’est battu pour cela. J’espère que d’autres, comme Wahi, Koné, Brassier ou d’autres jeunes, auront aussi leur moment, à force de travail et de persévérance. Sur le système de jeu, que ce soit en 4-3-3, avec trois attaquants ou un playmaker, cela ne change pas mon idée principale du football. Mon idée reste la même, peu importe le système. Mais évidemment, je veux voir un bon rendement, et j’adapte en fonction des performances et des besoins."

L’autre question concerne les très jeunes joueurs. On évoquait Jonathan Rowe, Wahi, Brassier, etc., mais cette semaine, Medhi Benatia a donné une interview au magazine La Provence où il expliquait qu’il demandait aux très jeunes de se lâcher davantage, de prouver leur valeur. Selon lui, il n’y a pas encore de "crack", mais il estime qu’ils doivent prouver à l’instant T. Pensez-vous qu’ils sont encore loin de frapper sérieusement à la porte de l’équipe première ?

Roberto De Zerbi : "Je ne sais pas s’ils sont encore loin ou pas, mais le niveau est élevé, très élevé. Je veux continuer à les intégrer, peut-être dès janvier. Moi, je n’ai pas peur de faire jouer les jeunes. Par exemple, lors du match contre Saint-Étienne, Brassier ou Cornelius auraient pu entrer à ce poste, ou bien Méité à la place de Murillo, avec Murillo décalé à celle de Merlin. J’ai décidé de faire entrer celui qui me semblait la meilleure solution à ce moment-là. Je n’offre rien à personne : tout est une question de mérite. Mais cela ne veut pas dire que je ne m’intéresse pas aux jeunes. Au contraire, je les observe constamment et j’attache beaucoup d’importance à leur progression."

Coach, une petite question sur Amine Harit, qui a été expulsé contre Paris avant de souffrir d’une blessure persistante au mollet. On l’a vu la semaine dernière rejoindre le groupe, mais vous ne l’avez pas pris pour le déplacement à Saint-Étienne. Où en est-il physiquement ? Et comment l’intégrez-vous dans le cœur du jeu, compte tenu des changements tactiques que vous avez effectués ces dernières semaines ?

Roberto De Zerbi : "C’est vrai qu’Amine a été sur le banc pendant un certain temps, donc il faut respecter son rythme sur le plan physique. Mais il a réalisé une bonne semaine d’entraînement, et il sera disponible demain. Nous avons joué avec Mason Greenwood et Rabiot en milieux offensifs, mais nous pouvons aussi repositionner Greenwood à droite pour faire jouer Harit. On peut également mettre Luis Henrique à gauche. Il y a encore beaucoup de possibilités tactiques à exploiter. Évidemment, c’est mieux qu’au début de la saison. Harit a été décisif lors de plusieurs matchs, et son retour en forme est une très bonne nouvelle pour l’équipe."