DD : "Je préfère regarder devant moi"
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 26/04/2011 à 13:48
Didier, comment avez-vous vécu le match de samedi ?
Didier Deschamps : "J'étais un peu inquiet. On a eu quatre ou cinq grosses occasions, plus le poteau, et quand on ne marque pas... On sentait la prolongation. Heureusement, on l'a évité en marquant sur coup de pied arrêté. Si c'est Taiwo qui marque du droit pour qu'on gagne la Coupe de la Ligue, il ne pouvait rien nous arriver (sourires) !"
Sur cette finale, c'est l'expérience qui a fait la différence ?
D.D. : "Oui, ça fait partie. Les finales, ça ne se joue pas, ça se gagne. C'est une question de mental aussi. C'était un match fermé. Il y avait beaucoup de duels, de contacts. C'était plus libéré en deuxième mi-temps. Sans enlever ces qualités-là à Montpellier, on avait fait plus de choses pour gagner ce match. C'est bien que mes joueurs aient été récompensés."
Et le championnat, ça va se jouer sur quoi ?
D.D. : "Pareil, confiance, détermination... Il va y avoir des matchs difficiles, avec des équipes qui se battent en bas pour se sauver, d'autres en haut pour jouer la Ligue des Champions. Cela va être dur jusqu'au bout."
On a l'impression que le scénario est le même que l'an dernier ?
D.D. : "L'an dernier, la finale de la Coupe de la Ligue était un mois avant. Cela avait donné énormément de confiance au groupe. La grande différence c'est qu'on a un match très important quatre jours après. Il nous reste sept rencontres, peu importe le calendrier des uns et des autres, on a vu que c'était difficile pour tout le monde. On va se battre, on est dans la lutte avec d'autres équipes, à nous de faire mieux que les autres."
Cette finale gagnée a quand même un impact très positif ?
D.D. : "C'est une très bonne chose pour la confiance. Ça va donner encore plus de détermination à tous les joueurs. Pour certains, c'est leur 4e titre, pour d'autres c'est le premier. Tout ce qu'on peut prendre, il faut le prendre. C'est bien qu'ils aient pu avoir cette récompense-là."
Trouvez-vous normal que personne ne se soit arrêté à l'aéroport où une trentaine de supporters vous attendaient ?
D.D. : "Je ne savais pas à quoi m'attendre. S'il y allait en avoir 30, 100 ou 2. Il y a un protocole mis en place. On avait prévu de ne pas faire de manifestation en dehors, par rapport à la proximité du match de mercredi. Je ne vais pas dire si c'est normal ou pas. Je ne me suis pas occupé de ça."
L'affaire Taiwo gâche-t-elle un peu la victoire ?
D.D. : "Ça ne gâche rien du tout. C'est surtout les conséquences après. Il n'était pas dans son salon, là, c'était au stade, il n'a pas à le faire. Je ne suis pas complètement fou non plus, il sait qu'il a fait une grosse erreur, voilà."
Pour la réception de Nice mercredi, vous allez affronter un adversaire extrêmement diminué par les absences ?
D.D. : "Il y aura quand même 11 Niçois sur la pelouse et 7 sur le banc. Ils ont eu une grosse déception en ne se qualifiant pas pour la finale de la Coupe de France. C'est une équipe qui joue pour se maintenir. Peut être qu'il manquera plusieurs joueurs, mais on aura une équipe de Nice qui viendra pour prendre des points. Je me rappelle que là-bas à l'aller, c'est un match qu'on peut jouer 10 fois, on le gagne au moins 8 fois, mais on avait trouvé le moyen de le perdre à la 90e minute. Le risque est toujours là. Mais ma première préoccupation, ce n'est pas l'adversaire, c'est faire en sorte que tout le monde récupère bien, qu'on ait de la fraicheur dans la tête par rapport à tout ce qui nous attend."
Peut-il y avoir de la déconcentration chez vos joueurs après l'euphorie de la victoire ?
D.D. : "Non, il y a un peu de fatigue par rapport à l'adrénaline de la finale et la nuit courte entre samedi et dimanche, mais non, on ne va pas prendre par-dessus la jambe le match de Nice. J'espère qu'ils mettront de la conviction et de la détermination, ce que j'attends à chaque de fois. Je suis convaincu qu'on aura une belle ambiance. On en aura besoin, car on aura des moments difficiles. L'ambiance peut être très importante pour mes joueurs et pour l'adversaire. J'ai vu que certains supporters s'étaient autocritiqués après le match contre Toulouse. C'est bien. Plus ça pousse et ça encourage, mieux c'est. Ça peut aussi impressionner l'adversaire. Mercredi, ça sera bien plein. Sentir cette ferveur, ça ne peut être que positif."
Surtout que si vous gagnez, vous passez leader...
D.D. : "Ah oui, c'est possible ! Ça serait que ponctuel, car il reste beaucoup de matchs derrière. Mais je ne vais pas me priver de ça, et mes joueurs non plus, si on a le bonheur de gagner mercredi. Ça changera certainement quelque chose chez vous dans vos commentaires, et tout ce qui va avec. C'est sûr qu'il vaut mieux être devant, car quand tu es derrière, tu n'as pas le droit à l'erreur."
Dans le jeu, tout n'est pas rose, certains ratent des passes faciles...
D.D. : "Tu vises quelqu'un en particulier... Quand tu as joué au foot, tu sais que c'est aussi une question de sensation et de confiance. Oui, on a un déchet trop important par moments, sur des choses qui peuvent paraitre simples, mais les choses simples ne sont pas les choses faciles. On a trop tendance à le penser. Or, dans le foot, faire un contrôle, c'est simple, mais ce n'est pas facile."
La victoire vous a fait gravir un échelon dans votre envie de rester ou partir l'année prochaine ?
D.D. : "Non. J'ai dit que je n'en parlais plus. Je ne vais pas en reparler aujourd'hui. Je suis juste fier pour les joueurs, le club, les supporters, mon staff. On savoure le fait d'avoir atteint un objectif, on se bat pour ça au quotidien. C'est une grande joie, mais on a encore quelque chose à aller chercher."
Personnellement, ça vous fait plaisir quand vous vous retournez pour regarder votre palmarès ?
D.D. : "On m'a fait retourner ! Ce sont des moments de joie que je partage avec ma famille, que je ne vois pas souvent. Mais je ne suis pas quelqu'un qui regarde le rétro, je préfère regarder devant moi."
R.C.