Courbis : "Garcia ne doit pas avoir trop d'amis à Marseille"
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 07/11/2019 à 01:00
L'ancien entraîneur de l'OM Rolland Courbis évoque Rudi Garcia et le choc à venir entre Marseille et Lyon au Vélodrome.
Dimanche, Rudi Garcia va revenir à Marseille. Publiquement, le nouvel entraîneur de Lyon sera focalisé sur son équipe. En vrai, il aura forcément envie de prendre sa revanche sur une équipe qu'il n'a pas su maîtriser la saison dernière. Forcément ? Pour en avoir le coeur net, autant poser la question à Rolland Courbis. Qui est revenu gagner au Vélodrome en tant que coach visiteur avec Ajaccio, Montpellier et Rennes après son aventure phocéenne.
Rolland, dans quel état d'esprit sera Rudi Garcia dimanche contre l'OM ?
Rolland Courbis : "C'est difficile de tout mettre dans le même sac. Ça dépend de ce que tu as laissé, chacun réagit différemment. Mais évidemment qu'il sera motivé pour gagner, comme à tous les matchs d'ailleurs. Là ça fera doublement plaisir, parce que tu pourras un peu chambrer les bonnes relations que tu as gardées sur place, mais c'est propre au football ça. Je n'ai pas attendu d'être coach pour le vivre ça, cela m'était déjà arrivé quand j'étais joueur. Et c'est normal, c'est sain. D'ailleurs, j'ai toujours trouvé ridicule l'attitude du joueur qui ne veut pas célébrer de but contre son ancien club. C'est hypocrite, mais aussi un peu bête. Tu penses que le club en face, s'il peut t'en mettre cinq, il ne va pas le faire ? Moi, les fois où j'ai pu gagner au Vélodrome, j'ai pu taquiner mes potes qui sont toujours viscéralement attachés à ce club et je ne m'en suis pas privé. Peut-être que Rudi Garcia en a moins que moi dans le coin. Ce qui serait compréhensible. Moi quand je suis parti, j'ai laissé un effectif avec des Luccin, des Dalmat, des joueurs qui ont pu être vendus un bon prix pour que les entraîneurs d'après puissent faire leur recrutement. Rudi Garcia on sait ce qu'il a laissé...".
En même temps, il peut compter sur coach Courbis à la radio... Sur RMC, dès sa prise de fonction, vous lui avez conseillé un 4-4-2 avec deux milieux offensifs excentrés. Et ils enchaînent désormais les victoires dans ce système.
R.C : "C'est vrai... C'est quand même fou de le voir jouer à deux attaquants, comme ça, de suite avec Lyon, alors qu'à Marseille, il n'a jamais vraiment aligné Mitroglou et Germain par exemple pour sa deuxième saison".
Dans l'autre sens, il avait pensé en premier à Kamara en 6, et cela risque de se retourner contre lui...
R.C : "Alors ça, je vais me mouiller, mais si on insiste avec Kamara en milieu défensif, on va dans le mur. Dépannage OK, mais pas plus. Là, il n'était pas bien, il s'est manqué contre Paris, à Monaco je ne l'ai pas trouvé saignant, c'est super qu'il puisse retrouver de la confiance sur un match de championnat contre Lille. Mais sur le long terme, c'est non. Ses gestes, ses attitudes, ce n'est pas fait pour ce poste. Ce n'est pas les mêmes efforts. Je ne veux pas lui porter l'oeil, mais il augmente même son risque de blessure. Mais après, et c'est juste pour savoir, dans le règlement, il y a une obligation de jouer avec un milieu défensif ? On perd sur tapis vert sinon ? Parce que jouer en 5-2-3, c'est possible aussi. Avec Kamara aux côtés d'Alvaro et Caleta-Car, et le duo Sanson-Rongier devant. Ce sont les mêmes joueurs. Mais ça permettra de faire de Caleta-Car un joueur moins moyen, mais aussi à faire jouer Amavi et Sarr un peu plus haut, sur leurs qualités. Au passage, Bouna Sarr milieu offensif, ce serait bien d'arrêter. Vous vous rendez compte que Bouna Sarr joue ailier dans un club qui a vu jouer Magnusson et Waddle à ce poste ?"
Revenons à ce OM-Lyon. Est-ce que Garcia va être tenté d'appeler des gens qu'il connaît encore au club, pour avoir des informations sur la composition ? Est-ce une pratique courante quand on joue contre son ancien club ?
R.C : "C'est tout ce qu'il ne faut pas faire. Tu appelles, tu raccroches, et c'est de suite dit, répété de partout. Tout Marseille va être au courant et tu passes pour un inquiet. Le signal à envoyer, c'est "allez-y, moi j'ai ma tactique je suis confiant". Par contre, je me servais de ma connaissance du public, du contexte, pour préparer les matchs. Quand je venais avec Ajaccio, Montpellier, je savais pertinemment que ce n'était pas le match de l'année pour l'OM et j'en jouais. Garcia, lui, il va sûrement se servir de toute l'animosité qu'il va y avoir autour de lui et de son équipe pour galvaniser ses joueurs. Mais il faut être honnête, pour le coup, ceux qui ont le plus à perdre, ce sont les Marseillais. Espérons qu'ils n'abordent pas ce match comme les derniers gros matchs qu'ils ont joué..."