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Interview

Bielsa, les arbitres et le climat délétère

Par la rédaction du Phocéen

Publié le 16/04/2015 à 07:00

Bielsa, les arbitres et le climat délétèreBielsa, les arbitres et le climat délétère

Au coup de sifflet final du dernier OM-Lyon, l'atmosphère était électrique au Vélodrome. L'équipe phocéenne s'estimait lésée d'un but d'Ocampos inscrit à la 80e minute que l'arbitre n'a pas voulu accorder. S'en est suivi dix minutes sous haute tension, où Jérémy Morel s'est fait expulser, avant que Dimitri Payet ne crie sa frustration avec des termes grossiers dans le couloir le ramenant aux vestiaires. Une rage lourde de conséquences, car la Ligue décidera de le suspendre de deux rencontres pour cette attitude. Quelques minutes plus tard, la posture de Marcelo Bielsa, qui refusait d'expliquer la contre-performance en évoquant l'arbitrage, était saluée. Mais même aux yeux des plus grands fans de l'Argentin dans les virages, sa sagesse ne pèse plus grand-chose face aux erreurs d'arbitrage qui se sont ajoutées face à Paris et à Bordeaux.

Bielsa pas d'accord avec Payet...

Ce sentiment d'injustice, Marcelo Bielsa le comprend. Mais interrogé ce mercredi sur le sujet, il en a profité pour donner à nouveau sa vision des choses. Une vision qui ne va pas dans le sens de ses joueurs ni de sa direction. Il a d'abord expliqué qu'il n'avait pas donné de nouvelles directives à ses joueurs qui pourraient éviter des suspensions en ayant plus de réserves face aux caméras. "Ce n'est pas un ordre ou une consigne que je devrais donner moi, mais plutôt l'attitude normale que doit avoir un joueur professionnel, envoie Bielsa. Durant la formation, ce que l'on enseigne aux joueurs est d'assumer les décisions de l'arbitre et non le contraire. Un être humain peut oublier la consigne et se rebeller s'il trouve ça injuste. Mais la consigne est claire. Parfois on arrive à la respecter, parfois non". Aux yeux de son entraîneur, Dimitri Payet n'est donc pas une victime. D'ailleurs, si Bielsa a donné son onze alors que la décision du CNOSF pourrait permettre au meneur de jeu d'être disponible pour le déplacement à Nantes, ce n'est pas peut-être pas innocent. Michy Batshuayi sait d'ores et déjà qu'il va devoir suppléer le Réunionnais pour deux matchs. Ce qui avait déjà été le cas, avec succès, pour la réception de Lille fin décembre.

...ni avec Labrune

Dans la foulée, l'Argentin a tenu à préciser que la problématique n'était pas la même pour les joueurs et pour l'état-major : "Ceux qui dirigent le club ont des obligations différentes que ceux qui jouent le football. Ils ont des réalités administratives qui leur permettent et les obligent à agir de manière différente. Ce n'est pas moi qui vais les interpréter ou les juger, car c'est loin de mon domaine de compétence. Celui qui mène un projet veut le défendre du mieux possible, c'est normal". Il n'empêche, quand on gratte un peu, le technicien reconnaît que de voir la communication du club braquée ces derniers jours uniquement sur l'arbitrage n'est pas trop de son goût. Il s'en désolidarise assez vite : "Je ne décide pas de ce dont on parle. Les demandes conditionnent l'arbitre, pour que lors de la prochaine action, il compense. Et ça, je suis encore moins d'accord avec ça. Car pour améliorer le foot, on ne peut pas imaginer qu'une erreur s'améliore avec une autre erreur. C'est l'objectif de la pression qu'on met sur l'arbitre. Pour moi, j'aspire à ce que l'arbitre n'ait aucune incidence sur le jeu. Bien sûr, je n'ignore pas où je suis et je sais que parfois, il faut réclamer pour obtenir. C'est une position qui est la plus courante, mais qui rend plus délétère le climat dans lequel nous travaillons".

Pour conclure, Bielsa enfonce le marteau en une phrase : "Ne justifions pas notre défaite en disant que l'arbitre s'est trompé. Moi, en tout cas, je ne dirai jamais cela". Quelques minutes avant lui, Romain Alessandrini avait déjà dégoupillé la pique de Dimitri Payet "on ne veut pas que l'OM soit champion" : "C'est souvent des réactions à chaud. On est des compétiteurs, on veut gagner tous les matchs. Après, en réfléchissant, on ne pense pas au complot, on n'est pas non plus paranos". Le meilleur moyen de préparer le match de Nantes, c'est donc de tourner le dos à toutes ces polémiques qui ne rajoutent aucun point au classement. "En espérant qu'il n'y ait pas d'incidents là-bas", comme le glisse dans un sourire l'offensif marseillais.