Bielsa, l'OM, l'avenir : Amoros se confie
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 25/03/2016 à 07:00
Avril 2014. L'OM joue à Montpellier, mais ce qui se passe sur le terrain passe totalement au second plan. Il faut dire que l'ensemble des caméras et des regards est braqué sur la tribune de la Mosson où se sont discrètement installées deux légendes du football mondial. En effet, Marcelo Bielsa et Manuel Amoros devisent tranquillement en observant le onze olympien sur la pelouse. Ce n'est un secret pour personne, l'Argentin est très fortement pressenti pour prendre l'OM en main la saison suivante, et l'ancien latéral olympien, hispanophone, a été chargé par le club de guider El Loco pour ses premiers pas en France et à Marseille. Une période qui n'a jamais vraiment été évoquée par le discret Manuel Amoros, dont le nom est revenu récemment dans l'actualité olympienne suite à sa rupture avec l'actuelle direction du club.
Pour Le Phocéen, l'ancien meilleur latéral du monde revient sur ses deux semaines avec Bielsa, mais aussi sur ses envies de revenir au centre du jeu. Interview :
- Manu, comment t'es-tu retrouvé "guide" de Marcelo Bielsa ?
"C'est le président Labrune qui m'a contacté en me disant qu'un nouvel entraîneur arrivait à l'OM, et qu'il souhaitait que je l'accompagne en tant qu'ancien joueur du club, mais aussi parlant espagnol. Je devais rester avec lui une dizaine de jours pour lui présenter la ville, le club, le stade et tout ce qui tourne autour de l'OM".
- Comment s'est passé le premier contact avec lui ?
"On s'est retrouvés le matin à l'hôtel. On a déjeuné ensemble et on a parlé toute la journée. On s'est promenés en ville pour lui montrer les endroits les plus connus. Il a été très sympa et m'a posé beaucoup de questions sur le club, les joueurs, les supporters et la mentalité des gens d'ici. J'ai essayé d'être le plus précis possible".
- Avait-il déjà pris sa décision de signer à l'OM ?
"Non, il n'était pas encore décidé. Je pense que ces dix jours ont fait la différence, avec l'engouement qu'il a perçu autour du club, cette ferveur, et il a adoré ça. Il a retrouvé ici ce qu'il aimait en Argentine et il était convaincu à la fin qu'il serait l'entraîneur de l'OM. Il en avait vraiment envie".
- Vous avez vu d'autres matches durant cette période ?
"Oui, on était au Vélodrome pour le match suivant face à Ajaccio, puis on est allé voir un Monaco-Nantes".
- Il te parlait déjà des joueurs ?
"Complètement. Lorsqu'il est arrivé, il avait déjà un dossier très important avec toutes les fiches des joueurs de l'OM, mais aussi des gens qui travaillaient au club. C'était même surprenant, car il me posait des questions sur tout le monde. On a aussi parlé de recrutement, des joueurs qui avaient le caractère pour jouer avec lui. Il voulait vraiment tout savoir. Il m'a parlé par exemple d'Alessandrini, qui était à Rennes, et d'autres, sur lesquels il me demandait mon avis. J'ai joué le jeu à fond, car j'avais envie de le voir entraîner l'OM".
- Il avait déjà repéré les Payet, Gignac, Ayew, et tous ceux qui allaient former son équipe ?
"Oui, évidemment. Avant de venir, il avait déjà vu tous les matches de la saison, et il avait déjà un aperçu très précis de ce qu'il allait pouvoir faire avec cet effectif. Il connaissait les atouts et les manques de l'équipe".
- Vous avez parlé d'autre chose que de l'OM ?
"Il m'a parlé de moi (rires). On a longuement parlé de ma carrière de footballeur, car il me connaissait parfaitement !".
- On parlait d'ailleurs de toi pour intégrer son staff...
"Non, c'était une fausse rumeur. J'avais la mission de l'accompagner pendant son premier séjour, et ça s'arrêtait là. Mais on est resté en contact, on se voyait régulièrement à la Commanderie ou à La Ciotat, où il logeait. On s'appréciait beaucoup, avec son adjoint Diego Reyes aussi".
- Tu étais donc au courant de ses problèmes avec la direction ?
"Oui, on en parlait souvent. Bielsa fait confiance aux gens, mais si cette confiance se brise, il se braque et devient très difficile à gérer. Si le courant passait au début avec le président, il y a eu ce couac en septembre et c'est devenu très compliqué, car il ne faut pas le prendre pour un con. Il m'en parlait, et je sentais le coup venir, qu'il avait envie de partir. Son comportement a pu surprendre, mais moi je n'ai pas été étonné. Il s'est senti lâché et il était déçu par le président".
- En ce qui te concerne, depuis l'affaire de ton éviction de la table des anciens au stade, ton nom revient souvent et les supporters t'ont même fait une banderole. Est-ce que ça te donne envie de revenir un jour ?
"Déjà, je trouve dommage que l'on ne se serve pas des anciens qui aiment le club. On a une expérience et un vécu dans cet environnement qui n'est pas facile. Les gens attendent que les joueurs donnent tout, mouillent le maillot, et rivalisent avec le PSG, en tout cas sur les confrontations directes. On pourrait les aider, on en parle souvent entre nous, en intégrant le club sous une forme ou sous une autre. Batshuayi parlait récemment de Jean-Pierre Papin pour entraîner les attaquants, il y a aussi Jean-Philippe Durand qui est à la cellule de recrutement et qui fait très bien son travail. Mais on a l'impression qu'il n'est pas écouté. Il voit beaucoup de joueurs tout au long de l'année, et c'est dommage que l'on ne s'appuie pas sur lui".
- Dernière chose : des nouvelles de Marcelo ?
"Non. C'est quelqu'un qui ne se retourne pas sur le passé. Il avance !".