Batlles : "J'ai quitté l'OM trop tôt"
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 24/02/2016 à 07:00
Laurent Batlles a joué une saison et demie à l'Olympique de Marseille. Arrivé sur la pointe des pieds, il est reparti sans faire vraiment plus de bruit. Pourtant, à l'image d'un Mickaël Pagis, ce personnage hors norme dans le football français a laissé un beau souvenir dans le coeur des supporters olympiens. Très heureux d'être de retour au Vélodrome, celui qui est devenu cette saison l'adjoint de Christophe Galtier à Saint-Etienne, où il a fini sa carrière de joueur en 2012, a accepté avec plaisir de revenir sur sa belle histoire avec le maillot blanc : "J'ai vécu de très grands moments ici donc c'est avec beaucoup de nostalgie que je revenais. Ça se passait très bien ici, j'étais très content de jouer dans ce club".
En janvier 2004, José Anigo prend l'équipe première de l'OM en lieu et place d'Alain Perrin. Il cherche à remodeler l'effectif en urgence. Il s'en va notamment expliquer à Daniel Van Buyten qu'il doit partir, car le club a l'opportunité de recruter à sa place David Sommeil... En fin de mercato, il pioche du côté de Bastia Demetrius Ferreira et Laurent Batlles. Le milieu offensif a une réputation d'esthète en Ligue 1. Formé à Toulouse, il est allé à Bordeaux après le titre de 1999 pour claquer de jolis buts, notamment à Florence en Ligue des champions. Un an à Rennes, un an à Bastia et il débarque donc à l'OM, sans avoir l'assurance d'être titulaire. Dans le nouveau schéma envisagé par l'ancien entraîneur d'Endoume, avec une défense à cinq et un seul attaquant, Drogba, Batlles est en balance avec Camel Meriem et Steve Marlet pour occuper une des deux places de milieux offensifs de soutien. Ce qui lui permet de prendre part à plus de 20 matchs, entre championnat et épopée en Coupe UEFA, où l'OM atteindra la finale contre Valence. "Il y a eu beaucoup de choses, notamment l'épopée avec un super groupe et un super public. On a vécu de grands moments, notamment Newcastle qui était quelque chose d'énorme" se rappelle-t-il aujourd'hui des étoiles dans les yeux. C'est lui qui joue astucieusement un coup franc en seconde période pour offrir un doublé à Drogba et mettre son équipe à l'abri.
La saison suivante, Drogba s'en va. Mais le club fait dans le recrutement de quantité dans le secteur offensif (Luyindula, Bamogo, Br.Cheyrou, Fiorèse) alors qu'il faut également faire avec l'éclosion d'un meneur de jeu maison, un certain Samir Nasri. Au final, l'homme fort de cette saison, un des rares rayons de soleil, c'est encore Laurent Batlles, huit buts en championnat, dont quelques perles contre ses anciens clubs. Des frappes de loin contre Bordeaux et Toulouse, un ciseau contre Rennes alors que Steve Marlet en tente un juste devant lui. "Le plus beau, c'est peut-être celui de Toulouse parce que c'était chez moi. Maintenant, marquer à la 94e contre Bordeaux d'une belle frappe, c'était important pour lancer la saison et montrer que j'étais là" départage-t-il aujourd'hui. C'est grâce à sa réalisation au Stadium qu'il gagnera le trophée du plus beau but de l'année aux trophées UNFP. Mais c'est avec ce but au Vélodrome contre les Girondins qu'il mettra le Vélodrome en feu en ouverture du championnat. À l'issue de la rencontre, des supporters du virage nord lui crient même "On n'a peut-être plus Drogba, mais il nous reste Zidane". "C'était très gentil. C'est vrai que j'ai souvent été comparé à lui, mais ça a été le plus grand joueur du monde et je n'ai jamais eu la prétention d'être à son niveau" répond aujourd'hui, presque toujours gêné.
Batlles quittera l'OM sur une nouvelle soirée de folie au Vélodrome. Le fameux 5-1 contre La Corogne qui offre la coupe intertoto et une danse avec Robert Louis-Dreyfus en tongs sur la pelouse. Dans cette partie un peu folle. Batlles rentre en cours de match. Immédiatement, un de ses centres fait mouche et permet à Mamadou Niang de marquer le troisième but. Partie prenante de cet exploit, il quitte pourtant le club quelques jours plus tard, alors que le mercato allait fermer ses portes, faisant retomber quelques supporters de leur nuage. "J'ai fait une erreur de partir trop vite. Ça se passait moyennement bien avec le nouvel entraîneur, mais il fallait peut-être qu'on apprenne à se connaître, ce que l'on n'a pas fait. Ni moi ni lui. Si j'ai fait une erreur dans ma carrière, c'est d'avoir quitté l'OM trop tôt explique-t-il aujourd'hui, en faisant référence à Jean Fernandez. Quand il est arrivé, il y a eu une incompréhension avec des joueurs qui arrivaient ou qui revenaient et qui jouaient. Moi je pensais avoir fait mes preuves avec une saison honorable l'année d'avant, je n'ai pas aimé le fait d'être mis de côté sans vraiment avoir été consulté. C'est de l'orgueil mal placé, malheureusement".
L'histoire de Laurent Batlles à l'OM s'arrête donc à 18 mois. 65 matchs joués pour 43 titularisations. Mais surtout 12 buts. Des buts qui comptent, il a par exemple marqué à trois reprises contre le PSG. D'autres, plus marquants, comme celui contre Bordeaux donc. Il n'avait peut-être pas le niveau de Zidane, mais Batlles n'a jamais triché et il a toujours cherché à jouer. Il n'a donc pas à rougir s'il a désormais une place plus importante dans le coeur des supporters marseillais que celle de l'actuel entraîneur du Real Madrid.