Au cœur de la préparation avec Manouvrier
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 09/09/2012 à 12:01
Christophe Manouvrier fait le point sur la préparation, l'enchaînement des matchs, la méthode Baup, les jeunes joueurs, les recrues... Interview.
Revenu sur le devant de la scène depuis le départ de Didier Deschamps, le préparateur physique de l'OM, Christophe Manouvrier, fait le point sur la préparation, l'enchaînement des matchs, la méthode Baup, les jeunes joueurs, les recrues... Interview.
Christophe, quels ont été les objectifs de la préparation cette saison ?
Christophe Manouvrier : "L'objectif était simple, on a repris le 2 juillet et le premier match était le 2 août en Europa League. On a fait huit matchs en trente-et-un jours. On ne s'est pas préparé que pour le mois d'août. Mais par rapport au laps de temps imparti, on a fait des choix de préparation. Avec le docteur Baudot, on a remis en place notre cellule, afin d'individualiser le travail de chaque joueur, en fonction de l'état de forme. Ça se passe super bien avec le coach, car il y a un échange. Le joueur est au centre de la cellule. Il y a les kinés, les docteurs, les préparateurs physiques et les coachs. Le but est de rendre performant le joueur, en fonction de ses caractéristiques de départ. On a encore du travail, car on s'est préparé en quatre semaines, ce n'est pas suffisant. Avec nos GPS, cela nous a permis de gérer la charge de travail sur les matchs amicaux, sur les jeux... Cela a été un travail de concert."
C'est différent par rapport à une préparation pour la Champion's League ?
C.M. : "Oui, c'est différent. Avec la Champion's League, on partait sur six semaines, plus une d'affutage. Ce n'est pas du tout la même chose. Mais on a réussi à ce que cela se passe bien au mois d'août, même s'il y a encore du travail. Là, les internationaux sont partis, ils vont travailler à travers leurs matchs. Avec ceux qui sont restés, on fait récupérer et on met les compléments athlétiques qu'on n’a pas eu le temps de placer par rapport aux choix. Cela construit une condition physique, ce n'est pas du jour au lendemain. Il faut du temps."
Ne risque-t-on pas de payer cette préparation au mois de novembre ?
C.M. : "On va tout faire pour ne pas la payer au mois de novembre. Parce qu'on a des joueurs sérieux, qui s'investissent, qui ont compris le projet athlétique et celui du coach. On travaille de concert. Notre régulation se fait au jour le jour, on adapte la charge de travail selon les critères des joueurs. On veut avoir une zone de performance pour chaque joueur, afin qu'ils répondent au match de championnat et en coupe."
Jouer le jeudi puis le dimanche les semaines d'Europa League, c'est un problème pour vous ?
C.M : "Jeudi puis dimanche, c'est possible. Mais si c'est toutes les semaines sur toutes les semaines, ça peut être compliqué. C'est là où le travail de récupération est super important. Il y a aussi la donne psychologique, c'est comme une machine à laver où il faut enchaîner les matchs. Chaque joueur encaisse ça différemment, à nous d'être vigilant. Le coach décide ensuite s'il fait tourner ou pas, nous, on s'adapte. On donne au coach tous les éléments pour décider."
Le fait que Baup ne fasse pas beaucoup tourner, cela vous pose un problème ?
C.M. : "C'est une gestion individuelle, avec aussi les joueurs qui n'ont pas joué. Quand le coach fait appel à un joueur qui n'a pas beaucoup joué, s'il n'est pas prêt, ce n'est pas bon. Je m'adapte à ce que le coach fait. Je suis à son service pour préparer les joueurs. On est au sein d'une cellule au service de l'entraîneur. On lui donne les infos, et c'est lui seul qui décide. En fonction de la quantité de l'effectif, on peut être amené à baisser parfois la charge athlétique au profil du travail tactique du coach."
Le style de jeu de Baup est exigeant physiquement ?
C.M. : "Il demande à chaque joueur de donner le meilleur de lui-même. Dans n'importe quel système, ce sont les joueurs de couloirs qui donnent le plus. Que ce soit un défenseur central ou un latéral, il va demander de se dépouiller et de tout mettre. L'état d'esprit, c'est 'on ne triche pas, on donne tout ce que l'on a, et si on n'est pas bien, on demande à sortir'. Après, il y a des systèmes qui sont plus ou moins couteux, c'est clair. Mais ça, on le sait, et la récupération derrière, on va la calibrer sur ce que le joueur a donné."
Les jeunes sont prêts à franchir ce palier qui les sépare des joueurs plus expérimentés ?
C.M. : "Le club veut une passerelle entre la formation et le groupe pro. Les jeunes qui sont montés étaient prêts pour commencer le stage. Ça s’est très bien passé pour eux. Après, de là à dire qu'ils sont prêts à être avec les pros... Il y a aussi la donne psychologique et footballistique. Leur permettre d'être bien physiquement avec les pros, c'est déjà une grande partie. S'ils ne sont pas prêts, ils prennent trop cher et ils explosent. Avec cette trêve, cela nous permet de revoir ceux qui nous avaient quittés après Crans-Montana. Le jeune est reparti avec le centre de formation, mais on garde toujours un oeil sur lui avec les préparateurs du centre, pour avoir une trame commune. On les a vus cette semaine, les gamins tiennent la route. C'est encourageant."
Dans quel état avez-vous récupéré Joey Barton ?
C.M. : "Très bien. Il a eu dix semaines de vacances. Il sait d'où il part, on a le temps. On le prépare progressivement. Il s'est préparé dans son coin, il n'est pas arrivé sans avoir rien fait. Il a été sérieux. Il pourra faire un bout de match contre Fenerbahçe, mais il ne sera pas opérationnel pour faire 90 minutes. Les préparateurs doivent donner un maximum de choix pour le coach. On adaptera sa préparation en fonction de sa suspension. Il a une très bonne mentalité, on n'a pas besoin de le pousser, au contraire. C'est un gros bosseur."
Dans quel état physique sont les autres recrues ?
C.M. : "Lucas Mendes est arrivé avec un petit pépin physique, on adapte la charge de travail. Il était en pleine compétition au Brésil, il n'a pas de retard. Concernant Abdallah, j'ai eu son préparateur à Sedan, on a échangé, il y aura des compléments à faire. Il était court physiquement sur le premier match, mais il faut aussi se mettre à sa place, il arrive au Vélodrome, il est titulaire d'entrée, il y a tout le côté émotionnel qui va avec. Qu'il ne tienne pas une heure et demie, cela ne m'étonne pas !"
Vous avez été écarté de l'équipe première pendant deux saisons, le haut niveau vous a manqué ?
C.M. : "Oui, ça manque effectivement, mais en même temps, je me suis lancé dans autre chose, notamment dans la formation, où il y avait des choses à mettre en place. Je suis très bien ici, le projet m'intéresse, surtout avec la structure avec le docteur Baudot. Je suis venu à Marseille par rapport à cette cellule. Vouloir intégrer les jeunes avec les pros, c'est super intéressant. Il y a un projet athlétique à monter. Le haut niveau manque, oui. J'ai eu la chance de travailler avec le Cameroun, même si c'est de manière échelonné dans le temps, ça permet de revoir le haut niveau. Il y a eu des moments difficiles, oui, mais j'étais toujours en contact avec le Doc Baudot, José Anigo, etc. La formation à Marseille, ce n'est pas non plus une punition. C'est autre chose, on a plus de temps pour former les gamins."
S.F.