Amoros : "Villas-Boas ne se cache pas derrière des excuses"

En trois victoires d'affilée, l'OM s'est invité dans la course au podium et a réveillé la passion de ses supporters. Tout cela grâce à un mercato laborieux mais réussi et à un coach très inspiré. Une embellie qui n'a pas échappé au légendaire Manu Amoros, ancien défenseur de l'OM de la grande époque. Pour Le Phocéen, il livre ses impressions après cinq journées. Interview :

Manu, on imagine que le début de saison de l'OM te réjouit, toi qui a très mal vécu la saison dernière ?

Manu Amoros : "Ce fut quand même compliqué face à Reims et à Nantes, où on ne voyait aucun collectif, que ce soit sur le plan technique ou physique. Mais, ce qui est intéressant, c'est qu'on s'aperçoit que les joueurs commencent à assimiler le discours et les entraînements de Villas-Boas et qu'ils sont en train d'atteindre un bon niveau. Mais, on sait que tout reste fragile et qu'il va falloir confirmer, car le football, est une remise en question permanente".

Bien sûr, mais trois victoires d'affilée face à des équipes comme Nice, Saint-Etienne et Monaco, ce n'est pas rien ?

MA : "C'est certain. Cela permet aux joueurs d'emmagasiner de la confiance et à l'entraîneur de persister dans ce qu'il a entrepris. Le match à Monaco a été révélateur, car ils n'ont pas baissé les bras à 0-2 et ont montré beaucoup de caractère et d'envie. Mais, je répète qu'il ne faut surtout pas s'endormir là-dessus, ce n'est que le cinquième match".

Justement, que penses-tu des débuts d'André Villas-Boas ?

MA : "J'aime, parce qu'il est franc dans son discours. Contrairement à beaucoup d'autres, il ne se cache pas derrière des excuses ou de la langue de bois dès que quelque chose ne va pas. Il dit la vérité aux journalistes et à ses joueurs. Ça change par rapport à Rudi Garcia la saison dernière qui ne répondait pas aux questions qu'on se posait. AVB, lui, n'hésite pas et ça fonctionne bien. Il a une part de responsabilité lorsqu'il perd, mais aussi quand l'équipe gagne, et c'est le cas en ce moment".

Que penses-tu du mercato ?

MA : "Déjà, Alvaro Gonzalez apporte énormément derrière par son agressivité et sa mentalité. Il va surtout faire du bien à Kamara dans son approche du haut niveau pour devenir un très bon défenseur. Quant à Benedetto, c'est une belle surprise. Pourvu que ça dure !".

Il est en train de conquérir les supporters et les observateurs...

MA : "Normal, c'est un chasseur de buts. C'est ce qu'on demande à un avant-centre et lui le fait très bien. Il a des ballons et il les exploite au maximum. J'espère qu'on pourra compter sur lui à tous les matches, parce que s'il se blesse, qui mettre à sa place ? Ceci dit, j'ai beaucoup aimé le match de Germain à droite à Monaco, mais ça ne correspond pas à ses caractéristiques".

Et l'arrivée de Valentin Rongier ?

MA : "C'est un joueur très intéressant, à l'image des autres qui sont arrivés lors de ce mercato. Malheureusement, son recrutement a été trop tardif et on ne peut plus prendre de joker en cas de pépin, comme avec Thauvin. Mais, pour en revenir à ses qualités, je pense qu'il peut apporter beaucoup au milieu, même si j'estime qu'il a le même profil que Sanson et Lopez. Villas-Boas va devoir faire des choix difficiles pour l'intégrer".

Villas-Boas vise clairement le podium. C'est réaliste pour toi ?

MA : "Déjà, il affiche une vraie ambition, en dépit du manque d'argent et d'un effectif limité. Des entraîneurs qui assument comme lui, il n'y en a pas beaucoup. Il ne viendra pas se plaindre si ça ne réussit pas, et c'est très bien. Mais, j'y crois aussi, car on voit que tout le monde peut battre tout le monde et, surtout, que l'OM ne joue pas de coupe d'Europe contrairement aux concurrents".