Jérôme Alonzo fait partie des 41 joueurs à avoir porté le maillot marseillais (1995-1997) et le maillot parisien (2001-2008) au cours de sa carrière. À quatre jours d'un des Classiques les plus attendus de l'histoire, l'ancien gardien de but nous livre son sentiment sur la rencontre à venir. Entretien avec celui qui est désormais consultant pour France Télévisions.
Jérôme, comment sens-tu ce Classique de dimanche ?
Jérôme Alonzo : "Je le sens un peu tendu. C'est ce que l'on attendait depuis longtemps : un Classico avec les deux clubs qui jouent le titre. Ça va être tendu, c'est bien pour Marseille qu'il y ait eu cette petite trêve internationale, car l'OM a un jeu qui est basé sur beaucoup de débauche physique cette année, le fait d'avoir pu travailler sereinement pendant dix jours pleins peut être un avantage pour Marseille. Mais Paris est très solide derrière avec Marquinhos à droite et Maxwell à gauche, il a trouvé une ligne de quatre très cohérente derrière. Ça peut être une espèce d'attaque-défense, plutôt à l'avantage des Marseillais, mais je vois Paris tenir donc ça pourrait accoucher d'un match nul."
On va avoir droit à une ambiance des grands matchs...
J.A. : "Oui. En plus dans le nouveau Vélodrome qui est sublime et qui résonne bien plus que l'autre, tu vas avoir une ambiance absolument incroyable. Mais les joueurs de Paris sont rompus à ça. Tu prends les onze qui seront alignés, tu as quasiment onze internationaux qui ont connu des grands matchs, des Clasicos en Espagne, des derbys en Italie. Pour les médias et le peuple marseillais, ça va être un moment forcément à part. Quand tu es joueur, quand il y a le Van Halen qui résonne au début, t'as deux minutes de frisson où vraiment tu te dis : 'putain, mais je suis où ?', et après le match commence. Ça reste un immense souvenir pour les gens qui y assistent plus que pour toi, paradoxalement. L'émotion est là quand tu es conscient du truc, ce qui est le cas quand tu rentres sur le terrain. Après, en match, c'est comme un artiste qui fait un concert, tu n'es plus conscient, comme un artiste quand il monte sur scène."
Tu as quand même des très gros souvenirs de ces matchs-là ?
J.A. : "J'en ai joué six, quatre au Vélodrome où j'en ai gagné trois. Forcément, ce sont des souvenirs parce qu'on avait fait des vrais bons matchs, et j'ai aussi joué des St Étienne-Lyon. J'ai eu la chance de jouer ce qui se fait de mieux en France. Un Classico, au Parc ou au Vélodrome, ce sont des moments inoubliables, mais j'aurais du mal à retracer un match en entier. Je ne peux pas oublier mon premier, où j'arrête quatre pénaltys. Un d'André Luis en cours de match et trois aux tirs au but (ndlr : Coupe de France au Parc des Princes en février 2002)."
Quel est ton regard sur la saison du gardien marseillais Steve Mandanda ?
J.A. : "C'est Steve Mandanda. C'est le papa, quoi ! Depuis des années maintenant, un vrai capitaine, une attitude irréprochable, 19 fois sur 20 excellent. Évidemment, toujours numéro un bis de l'Équipe de France et encore loin devant les plus jeunes que lui. C'est un type que j'aime beaucoup humainement, qui a des vraies valeurs, qui toujours gardé son cap. Je suis complètement fan de ce garçon et il fait une très grosse saison. Je suis très content pour lui."
À Marseille, le grand débat aujourd'hui c'est Gignac ou Batshuayi, pour ce match qui choisirais-tu ?
J.A. : "Pour ce match, au mental je mets André-Pierre. D'une part parce que si je peux mettre un Marseillais dans un Classico à Marseille, je mets un Marseillais. Ce n'est pas rationnel, c'est au niveau de l'humain. Mais par contre, je pense qu'il peut fatiguer la charnière pendant une heure et derrière tu fais rentrer Alessandrini et Batshuayi, ça peut leur faire mal."